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Nº 2863 du vendredi 21 septembre 2012

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Finul au Nord, armes aux rebelles, zone tampon… Flopée de non de Le Drian

Malgré l’insistance de certaines parties libanaises, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est prononcé jeudi 13 septembre contre l’idée de fournir des armes à l’opposition syrienne. Il a également jugé irréaliste la création d’une «no-fly zone» en Syrie ou encore l’envoi de la Finul à la frontière nord du Liban.

Avec l’effervescence provoquée par la visite de Benoît XVI, la première visite du nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, serait presque passée inaperçue. Pourtant, durant ce séjour éclair de 24 heures au Liban, dans le cadre d’une tournée moyen-orientale qui l’a aussi conduit en Jordanie, Jean-Yves Le Drian a tenu des déclarations sans ambiguïté. Une occasion pour la France de clarifier ses positions.
Ainsi, lors d’une conférence de presse organisée à Beyrouth, Jean-Yves Le Drian a exclu assez vivement la demande d’aide militaire à l’opposition syrienne, formulée avec insistance par certaines parties politiques libanaises. «Les choses sont très claires: sur la livraison d’armes, c’est non. La France ne fournit pas et ne fournira pas d’armes à l’opposition syrienne. Nous n’avons pas l’intention, ni aujourd’hui ni demain, de transférer des armes à l’opposition syrienne», a martelé le ministre. Voilà qui est dit. La demande des forces de l’Armée syrienne libre restera donc, pour l’heure, lettre morte.
Autre point d’achoppement qui nécessitait des clarifications, la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie, comme cela avait été fait en Libye sous le mandat de Nicolas Sarkozy. Là aussi, l’opposition syrienne s’est vu opposer une fin de non-recevoir après les déclarations floues du ministre fin août. Jusqu’à présent, Jean-Yves Le Drian avait laissé planer le doute quant à la position de la France, estimant qu’il fallait étudier la question.
Lors de son séjour beyrouthin, l’hypothèse d’une «no-fly zone» a été cette fois, clairement écartée. «Nous avons regardé au niveau français ce que cela signifiait, et d’autres aussi ont regardé. Une no-fly zone sur l’ensemble de la Syrie ou même sur une partie significative de la Syrie signifie la mobilisation de tellement de moyens que nous sommes dans une situation de guerre», a estimé le ministre de la Défense de François Hollande. Même rejet d’une zone tampon évoquée par la Syrie. «Ce n’est pas impossible, mais cela suppose un certain nombre de préalables qui, aujourd’hui, ne sont pas remplis», a-t-il jugé. Une allusion voilée au veto produit par la Russie et la Chine au Conseil de sécurité de l’Onu. Selon Le Drian, parmi les obstacles qui se posent à la création d’une telle zone, l’absence d’une autorité reconnue. «Il faudrait qu’il y ait un périmètre libéré homogène et suffisamment vaste. Il faudrait ensuite que sur ce périmètre, il y ait une autorité reconnue, autorité locale potentiellement embryon d’une autorité nationale. Il faudrait, troisièmement que cette autorité le demande. A qui? Peut-être à des voisins qui eux-mêmes demanderaient le soutien d’autres. Mais nous n’y sommes pas encore», a-t-il souligné. Parmi les raisons évoquées, le morcellement de l’opposition syrienne que Paris appelle à l’unification de tous ses vœux, afin de préparer l’après-Assad.
Durant sa visite éclair de 24 heures au Liban, où il a pu rencontrer Michel Sleiman, Najib Mikati, Nabih Berry, ainsi que son homologue à la Défense Fayez Ghosn, Jean-Yves Le Drian s’est également rendu au Sud-Liban, vendredi 14 septembre, pour une rencontre avec les militaires du contingent français de la Finul.
Au sujet de la Finul justement, Le Drian a exclu un possible élargissement du mandat de la Finul à la frontière nord du Liban avec la Syrie. «Le seul mandat de la Finul est celui qui lui est confié en vertu de la résolution 1701 au Conseil de sécurité». «Pour une extension de cette mission, une demande en ce sens du gouvernement libanais est nécessaire. Celle-ci devrait être ensuite évaluée par le Conseil de sécurité», a-t-il souligné. Le 14 mars, qui demandait l’envoi de la Finul au Nord, repart donc bredouille.

Jenny Saleh

 

Collaboration franco-libanaise
Au menu des discussions du ministre Le Drian, la livraison d’hélicoptères Gazelle à l’armée libanaise, mais surtout l’équipement de ces appareils. Pour l’heure en effet, ces hélicoptères ne sont pas équipés de matériel de combat, au grand dam du Liban. Devait aussi être discuté l’accroissement des stages de formation des militaires libanais.

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