Magazine Le Mensuel

Nº 2868 du vendredi 26 octobre 2012

Événement

Découverte par des amateurs. PH1, la planète aux quatre soleils

Une équipe d’astronomes amateurs ont découvert le premier système stellaire jamais observé. Baptisée PH1, cette planète, située à près de 5000 années-lumière de la Terre, voit son ciel illuminé par quatre soleils. Une première.

C’est en utilisant le site Planethunters.org que deux astronomes amateurs américains, Kian Jek et Robert Gagliano, ont découvert le système stellaire. Un site lancé en 2010 et destiné à encourager les astronomes amateurs à identifier des exoplanètes, c’est-à-dire des planètes situées en dehors de notre système solaire, au moyen de données collectées par le télescope spatial américain Kepler, lui-même lancé en 2009.
Située à quelque 5000 années-lumière de la Terre (pour mémoire une année-lumière équivaut à 9461 milliards de kilomètres, ndlr), la planète, baptisée PH1, dispose donc d’un système stellaire, se trouve en orbite autour de deux soleils. Deux étoiles tournent également autour de ces derniers.
C’est la première fois qu’un tel système stellaire, à quatre soleils, est mis au jour. Jusqu’à présent, les astronomes avaient eu connaissance de six planètes en orbite autour de deux soleils, mais sans autre étoile distante dans leur système solaire.
La découverte de PH1 a été ensuite validée par une équipe d’astronomes américains et britanniques qui ont pu observer et mesurer le phénomène avec le télescope Keck, situé sur le mont Mauna Kea à Hawaï.
«La découverte de tels systèmes stellaires nous force à repenser comment ces planètes peuvent se former et évoluer dans un tel environnement», souligne, dans un communiqué, Meg Schwamb, chercheur de la prestigieuse université de Yale et principal auteur de la recherche.
Selon les premières données disponibles, PH1 serait une planète gazeuse géante de la même taille que Neptune. Elle représenterait environ six fois la taille de la Terre. Les deux premières étoiles, autour desquelles elle gravite en 138 jours, seraient d’une masse respectivement de 1,5 et 0,41 fois celle du soleil que nous connaissons.
Quant aux deux autres étoiles, elles évoluent autour de ce système planétaire à une distance d’environ 1000 fois que celle qui sépare la Terre du soleil.
Selon Schwamb, qui cosigne une publication sur PH1 avec les deux astronomes amateurs, la température de cette nouvelle planète oscillerait entre 251 et 340°C. « Même s’il est possible que des lunes rocheuses orbitent autour de cette planète, il ferait trop chaud à leur surface pour qu’on y trouve de l’eau liquide », expliquent-ils encore. Il serait donc a priori impossible de trouver la trace d’une présence «humaine ou animale» sur PH1.
En attendant, ce système stellaire inédit devrait relancer l’intérêt des astrophysiciens qui n’auront sans doute de cesse de percer l’énigme de sa création.

Jenny Saleh
 

Pour consulter l’article sur PH1 (anglais): http://arxiv.org/abs/1210.3612

55 Cancri-e, la planète qui fait rêver les femmes
Derrière ce nom quelque peu rébarbatif, se cache une planète deux fois plus grande que la Terre et composée, en grande partie, de diamants. Un rêve pour toutes les femmes, mais aussi pour les joailliers! Mais un rêve a priori inaccessible…
Découverte par une équipe franco-américaine d’astronomes, cette planète très chaude serait, selon les chercheurs, recouverte de graphite et de diamant, mais aussi de fer et de silicium. 55 Cancri-e se situe à 40 années-lumière de la Terre dans la constellation du Cancer. Elle tourne tellement vite qu’elle fait le tour de son étoile en à peine 18 heures, là où la Terre met 365 jours à faire le tour du soleil. A la surface, les températures atteignent les 2148 degrés, rendant cette planète particulièrement inhospitalière.

 


 

Fournier vs Baumgartner
Qui tombera du plus haut?

Après la chute incroyable de 39 kilomètres réalisée par l’Autrichien Felix Baumgartner il y a une dizaine de jours, un parachutiste et retraité militaire français, Michel Fournier, ambitionne déjà de battre cet exploit. Explications.

Va-t-on assister à un duel de chute libre dans la stratosphère? C’est ce qui semble se profiler avec les déclarations de Michel Fournier qui annonce, depuis plusieurs jours déjà, dans la presse française, vouloir battre le record tout frais de chute libre, établi par Felix Baumgartner. Prétentieux? Pas forcément. Car Michel Fournier en a sous la semelle, si l’on peut dire. A 68 ans, ce parachutiste émérite et retraité de l’armée, n’en est pas à son coup d’essai, en matière de chute libre. Et à défaut de sauter lui-même, il a regardé la chute libre de l’Autrichien sponsorisée par Red Bull, avec une certaine amertume. Ce Felix Baumgartner, qui, dit-il dans le quotidien régional, La Provence, lui «a volé son rêve».
Car cela fait des années que Fournier ambitionne de réaliser ce grand saut. Depuis l’an 2000, il a multiplié les tentatives pour sauter depuis la stratosphère, trahi à la fois par un équipement défectueux et un manque de financement. «Cette fois, confie-t-il à La Provence, j’ai un ballon américain totalement sûr».
Au quotidien français 20 minutes, il explique, par ailleurs, que «le grand saut» est un projet européen initié dans les années 80, effectué «dans le cadre de la navette spatiale européenne Hermès et qui a pour but de développer le moyen de sauvetage des spationautes. J’ai fait partie des trois derniers candidats retenus pour ce saut à la fin des années 80». Le projet européen est par la suite abandonné.
Qu’à cela ne tienne, Fournier, en véritable passionné qu’il est, le reprend à son compte. Son objectif? Sauter à plus de 40000 mètres d’altitude avec un ballon plus gros que celui de Baumgartner. Rien de moins.
Bien sûr, on pourrait le targuer de jalousie, d’envie, mais non, le retraité est convaincu de son fait. Ce qu’il ressent, c’est plutôt de la frustration.
Qu’a-t-il pensé du saut incroyable de Baumgartner ? «Quand je l’ai vu, intérieurement, j’ai eu un gros nœud à l’estomac. C’est mon projet. Baumgartner a eu la chance de Red Bull», avoue-t-il. Admiratif mais un peu critique aussi. Selon lui, le saut était «un peu hollywoodien. Quand je l’ai vu tourner, je me suis posé des questions, j’ai eu peur pour lui».
Malgré tout, Fournier affirme ne pas avoir peur. Avec 8700 sauts en parachute au compteur et des entraînements en caisson, il estime être prêt. «Ce qu’il faut, c’est être suffisamment fort pour réagir. Souvent, les accidents de parachute ont lieu quand on a peur, qu’on panique et qu’on n’ouvre pas son parachute de secours. C’est pour cela que le yoga fait notamment partie de ma préparation. Au final, la préparation mentale est plus forte que la préparation physique», souligne-t-il dans 20 minutes. Il confie aussi être entouré d’une équipe scientifique et médicale, faire du sport quotidiennement et être même allé jusqu’en Russie, réaliser des entraînements en centrifugeuse à la Cité des étoiles.
Volontaire, Michel Fournier a d’ores et déjà prévu de sauter au printemps 2013 si le financement de son projet – il lui manque encore 250000 euros – est bouclé. Pas depuis la France où il n’a pas obtenu d’autorisation, mais dans l’ouest du Canada, depuis la base de North Battleford, dans le Saskatchewan. Il a tout prévu. «La montée vers une altitude supérieure à 40000 mètres, pour établir un nouveau record, devrait durer trois heures pour une durée totale de chute de 5 minutes et 25 secondes, en chute libre puis avec son parachute. Je serais équipé de la même manière que mon collègue autrichien, avec une combinaison pressurisée et qui permet de se prémunir des grands froids qui règnent à l’altitude de mon futur record. Le thermomètre descend aux environs de -120°C». Avec, toutefois, plus de capteurs que Baumgartner, afin de fournir toutes les données disponibles aux scientifiques.  
Réussira-t-il à mener à bout ce défi? Réponse en 2013. Mais en tout cas, dès aujourd’hui, il peut remercier Baumgartner pour la médiatisation que son saut a provoquée. Un brin espiègle – ou provocateur –, Fournier lance: «J’irai plus haut que lui et je lui ferai un petit coucou!». 

Jenny Lafond
 

Un staff de pros autour de lui
Farfelue l’idée de Michel Fournier? On pourrait aisément le penser, ou se dire en tout cas que son âge est un frein. Une idée que le passionné balaie d’un revers de main, tablant sur son expérience et sa bonne santé. «Je suis en pleine forme. L’âge ne peut rien contre la passion d’une vie». Mais aussi parce qu’il dispose d’un comité de soutien informel. Autour de lui, par exemple, Jean-François Clervoy, astronaute français de l’Agence spatiale européenne, le Dr Henri Marotte, ténor de la médecine aéronautique ou encore le journaliste spécialisé Michel Chevalet.

 

 

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