Magazine Le Mensuel

Nº 2870 du vendredi 9 novembre 2012

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Interdit de manifester à Bahreïn
Les autorités bahreïnies, qui sont confrontées depuis deux ans à une révolte populaire sans précédent, n’ont pas trouvé mieux pour résoudre ce problème que d’interdire purement et simplement toutes formes de manifestations. Le ministre de l’Intérieur, cheikh Rached Ben Abdallah Al Khalifa, a ordonné aux forces de l’ordre de disperser tout rassemblement de plus de vingt personnes car, selon lui, il en va de la stabilité et de la sécurité du royaume. Explication plutôt bizarre surtout lorsque l’on sait que ce même gouvernement bahreïni a soutenu la révolte populaire contre Mouammar Kadhafi et les révolutions des peuples syriens et yéménites. Mais il ne faut pas le rappeler au ministre!         

Christopher Ross, l’ancien diplomate américain chargé par les Nations unies depuis plus de dix ans du dossier du Sahara occidental, avait été déclaré personne non grata au Maroc. Mais à la surprise générale, le vétéran de la diplomatie onusienne a réussi à faire fléchir Rabat après avoir été reçu en personne par le roi Mohammad VI qui a ordonné à son gouvernement de faciliter la tâche de Ross. Résultat, pour la première fois depuis sa nomination, il a pu se rendre au cœur du Sahara où il s’est entretenu pendant plusieurs jours avec des délégations locales et des représentants du front Polisario. Avant de quitter la région, Ross a précisé: «Je n’ai jamais pris parti pour un camp contre l’autre. J’ai toujours été un médiateur impartial et je le resterai».          

Ahmad Zeki Abdine, le ministre égyptien du Développement durable, membre de la confrérie des Frères musulmans, n’apprécie pas d’être contredit. Dans une intervention téléphonique avec Rim Majed sur la chaîne satellite ON TV, qui appartient au milliardaire Copte Najib Sawiris, le ministre a perdu ses nerfs à cause d’une question posée par la journaliste et il lui a raccroché au nez. Stupéfaite, Majed a souligné que même sous le régime de Hosni Moubarak, les ministres n’avaient pas une telle attitude non courtoise envers les médias et les téléspectateurs.     

Un poète qatari emprisonné
Des organisations internationales ont révélé que les autorités de l’émirat du Qatar avaient emprisonné Mohammad el-Ajami, qui avait osé critiquer dans un de ses poèmes le Printemps arabe. Mieux connu sous le nom d’Ibn el-Dayb, il serait détenu depuis plus d’un an sans jugement pour avoir sévèrement critiqué l’attitude de l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani et celle de son Premier ministre et cousin, qui soutiennent les changements démocratiques dans le monde arabe, sans pour autant permettre aux opposants qataris de s’exprimer librement. Ajami, qui vit dans des conditions déplorables, n’a pas le droit de recevoir son avocat ni de s’entretenir avec les membres de sa famille. Mais ce n’est pas sur la chaîne al-Jazeera qu’on entendra parler de cette affaire encombrante.        

 

 

En pointillé
Le gouvernement soudanais s’est retrouvé tout seul sur la scène arabe et africaine après l’attaque israélienne contre l’usine d’armement d’al-Yarmouk, près de Khartoum. Le président Omar Hassan el-Bachir, accusé par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité au Darfour, n’est pas le bienvenu dans la grande majorité des capitales arabes. Son seul soutien est alors venu de Téhéran qui, en signe de solidarité, a envoyé deux frégates à Port-Soudan. Cependant, cette visite a créé un tollé dans le pays, les partis d’opposition ayant refusé ce qu’ils ont considéré être une ingérence iranienne dans les affaires internes du Soudan. Les monarchies du Golfe ont peu apprécié la présence de ces frégates à proximité de leurs eaux territoriales.         

 

 

Washington contre les Kurdes
Le président de la province autonome du Kurdistan, Massoud al-Barzani, en a marre des disputes continues avec le gouvernement central de Bagdad. C’est ce qui expliquerait sa décision d’organiser un référendum sur l’indépendance de la province. Mais ce n’est pas l’avis de l’Administration américaine qui a informé son ancien allié qu’une telle démarche serait suicidaire, le gouvernement turc n’acceptant dans aucun cas la création d’une entité kurde indépendante à sa frontière. Le vice-président américain, Joseph Biden, chargé par le président Barack Obama du dossier irakien, aurait même averti Barzani qu’au cas où il s’engagerait dans une telle aventure, il ne pourra pas compter sur le soutien militaire de Washington si Ankara ou Bagdad décidaient d’attaquer Irbil. Ce n’est décidément pas l’année de Barzani qui se trouve opposé non seulement au Premier ministre Nouri al-Maliki, mais en plus à son allié politique, le président Jalal Talabani.       

 

 

L’autre fille Rafsandjani
L’ancien président iranien, le réformateur Hachémi Rafsandjani, paie chèrement ses positions contre les ultraconservateurs. Son fils Mahdi, accusé de corruption, est jeté en prison et sa fille Faïza se trouve aussi derrière les barreaux à cause de ses critiques répétées contre le régime. Mais à la surprise générale, c’est une autre fille de l’ancien président, Fatima, âgée de 52 ans, qui est montée au créneau pour dénoncer la situation économique déplorable du pays. «Nous nous retrouvons dans une situation catastrophique, pire que celle dans laquelle nous nous trouvions en 1979. Voilà pourquoi je considère qu’il est nécessaire de tenir des élections présidentielles anticipées», a-t-elle dit. Ces positions n’ont pas plu aux ultraconservateurs qui menacent Fatima des pires gémonies.        

 

 

 

 

 

 

 

Al-Bachir mourant
Le président soudanais Omar Hassan Al-Bachir, qui a subi en secret au mois de juillet dernier une opération chirurgicale à Doha, souffrirait, selon plusieurs observateurs, d’un cancer grave à la gorge et son avenir sur la scène politique est plus que jamais remis en question. Cette opération, qui n’a pas été officiellement annoncée par le palais présidentiel, a forcé Bachir à ne plus parler en public. C’est ainsi que lors des meetings politiques, le président ne prend plus la parole. La succession, qui aurait dû être assurée par le vice-président Ali Othman Taha, semble compromise, ce dernier souffrant lui aussi d’une maladie grave. Le pouvoir détenu par les militaires depuis 1989 pourrait, en fin de compte, revenir à l’un des généraux de l’armée, car ces derniers veulent à tout prix conserver les importants privilèges dont ils bénéficient.  

Abbas «trahit»
Les propos du président palestinien Mahmoud Abbas ont choqué la classe politique. Il a annoncé     que les réfugiés ne rentreront jamais au pays. Le Hamas, le Jihad islamique et d’autres mouvements islamistes sont montés au créneau, l’accusant de trahison et d’abandon de la cause palestinienne, alors que le monde entier sait que, depuis Oslo, les quelque quatre millions de réfugiés palestiniens n’ont aucun espoir de retourner en Palestine. Du côté israélien, ces déclarations ont été accueillies avec stupéfaction, le Premier ministre Benyamin Netanyahou tentant à tout prix d’assurer qu’il n’a pas d’interlocuteur du côté palestinien. Seul le président israélien, Shimon Peres, a salué le courage d’Abou Mazen, alors que des officiels du mouvement Fath le critiquent tout bas. Il aurait, selon eux, «perdu la tête».

Erdogan et Gül: rien ne va plus
Les relations entre le président turc Abdallah Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan ont toujours été solides, puisque les deux hommes sont des alliés politiques depuis plus de 20 ans. Mais ce n’est apparemment plus le cas, depuis les accusations publiques échangées entre les deux leaders concernant les prérogatives de chacun. La raison de cette dispute: les ordres donnés par le Premier ministre à la police de réprimer avec sévérité la manifestation organisée par les partis d’opposition pour célébrer la fête de la République. Un jour de fierté nationale, supposé honorer le fondateur de la nation laïque Kamal Atatürk, mais qui n’a plus lieu d’être, selon Erdogan. Des dizaines de personnes ont été matraquées et blessées par les forces de sécurité, ce qui a poussé le président Gül à dénoncer cet usage excessif de la force. Réponse du berger à la bergère: «A ma connaissance, le président de la République n’a pas à se mêler de tels sujets qui font partie des prérogatives du Premier ministre». Tout est dit.     

21 milliards de dollars de déficit budgétaire pour l’année 2012 en Jordanie, selon le gouvernement. Par conséquent, les fonds internationaux s’inquiètent et exigent que le nouveau Premier ministre, Abdallah Ensour, adopte une politique d’austérité. C’est pourquoi le ministre des Finances, Sulaiman al-Hafez, a annoncé que son gouvernement envisageait la levée des subventions sur le pain et l’essence. Pire encore, Hafez veut imposer aux automobilistes des heures précises de circulation, et un nouveau programme d’approvisionnement en électricité qui prévoit près de deux heures de coupure par jour. Selon les responsables jordaniens, ces mesures doivent être prises avant les prochaines élections législatives prévues pour début 2013. L’opposition quant à elle a vivement protesté, assurant qu’au cas où le gouvernement ne fait pas marche arrière, des manifestations monstres auront lieu au centre d’Amman jusqu’à nouvel ordre.   

800 millions de dollars sont transférés chaque semaine d’Irak vers des banques en Suisse et aux Caraïbes. C’est du moins ce qu’assure le ministère des Finances, qui relève que ces énormes fuites sont la cause principale de la détérioration du niveau de vie des citoyens. Selon le gouvernement de Nouri el-Maliki, ces actions étaient tolérées par l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Sanan Chebib, qui aurait durant les dix dernières années réussi à amasser une fortune estimée à plus de dix milliards de dollars. Seul problème: des analystes notent que la majorité des responsables irakiens ont profité depuis l’invasion américaine en 2003 des dizaines de milliards générés par le secteur pétrolier. Ces mêmes analystes ajoutent que l’Alliance nationale chiite a été la première à bénéficier de ces transactions frauduleuses et non le gouverneur de la Banque centrale, qui a fait de son mieux pour mettre fin à ces pratiques. Mais en politique comme en affaires, la loi du plus fort est toujours la meilleure, ce qui explique le fait que Maliki est toujours à la tête du gouvernement, alors que Chebib pourrait se retrouver en prison.

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