Magazine Le Mensuel

Nº 2875 du vendredi 14 décembre 2012

Confidences Liban

Confidences Liban

Le Hezbollah et ses alliés contre Charbel
Conformément à la loi, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a envoyé à la présidence du Conseil le décret de convocation du corps électoral aux législatives prévues pour le 9 juin 2013. Contestant la démarche, les ministres du Hezbollah, du PSNS et du mouvement Amal estiment qu’elle renforce les chances du maintien de la loi électorale de 1960 qu’ils rejettent. Le ministre Charbel a répliqué qu’il ne faisait qu’appliquer la loi, «si vous êtes contre, prenez la décision qui vous semble la plus adaptée en Conseil des ministres». Les corps électoraux doivent être convoqués six mois avant la tenue des élections selon le délai constitutionnel. Il est impératif de respecter ce délai pour donner le temps de démissionner aux fonctionnaires désireux de se porter candidats et de préparer tout l’aspect logistique de cette consultation populaire. Face à cette controverse, le Premier ministre Najib Mikati a décidé de consulter le Comité des législateurs au ministère de la Justice, avant de signer le décret.

 

 

Otages et chantage
Dans l’affaire des pèlerins chiites enlevés en Syrie, un des ulémas de Tripoli affirme que ces derniers n’ont plus aucun rôle à jouer après avoir négocié et réussi la libération de deux des onze personnes arrêtées. Il avance que le Hezb souhaite que la médiation avec les ravisseurs passe exclusivement via les Etats turc et libanais, spécifiquement via le ministère de l’Intérieur surtout après les efforts du ministre Charbel et du directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim. Des sources qui suivent de près ce dossier complexe indiquent que le chef des renseignements turcs et Abou Ibrahim -responsable des otages- sont en contact avec le ministre libanais de l’Intérieur. Elles rapportent aussi qu’Abou Ibrahim a dépêché un représentant à Beyrouth pour mener des négociations, surtout que le sort des pèlerins est aujourd’hui lié aux tiraillements politiques de toutes sortes, même au sein de l’opposition syrienne où certaines parties tentent d’exploiter ce dossier pour faire du chantage politique et financier.

 

Les réfugiés syriens recensés
Après la multiplication du nombre de déplacés syriens au Liban, évalués à plus de 150000 personnes, Beyrouth aurait requis l’aide des pays donateurs qui ont participé à un congrès au Grand sérail. Par ailleurs, les organes sécuritaires, notamment les renseignements, ont renforcé les patrouilles de surveillance particulièrement dans les régions à forte concentration syrienne, pour empêcher toute tentative de déstabilisation durant la période des fêtes, sachant qu’une bonne partie des auteurs de vols à l’arraché, de cambriolages et d’actes de brigandage sont des «réfugiés» qui prétendent avoir besoin d’aide. Les départements de la Sûreté générale ont parallèlement entamé une opération de dénombrement des déplacés en enregistrant leur lieu de résidence. Ils doivent aussi, selon les consignes données, contacter la Sûreté pour l’informer de tout changement d’adresse après avoir découvert que certains parmi eux sont impliqués dans des affaires sécuritaires à l’instar de la cellule appréhendée à Nabatiyé qui s’apprêtait à planter des explosifs lors de la procession d’Achoura.

 

 

Questionner Ali
Le président de l’Association des détenus libanais dans les geôles syriennes, Ali Abou Dihn, a exhorté le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, à convoquer l’ambassadeur syrien au Liban, Ali Abdel-Karim Ali, pour l’interroger et solliciter son appui pour les libérer, à l’instar de ce qui s’est passé avec les dépouilles des Libanais morts à Tall-kalakh. Abou Dihn frappe, par ailleurs, aux portes des ambassades occidentales pour demander de l’aide afin de libérer les détenus non condamnés au pénal, après les multiples promesses des responsables libanais qui sont restées lettre morte. Un ex-ministre révèle que ce dossier avait été abordé dans le cadre du premier sommet présidentiel libano-syrien en 2008, le président Sleiman ayant insisté sur la nécessité de clore ce dossier pour qu’il ne continue pas à être instrumentalisé contre Damas par certaines parties. Le président Assad avait certes approuvé la requête libanaise sans qu’aucune suite n’y soit donnée.

 

 

 

L’exode palestinien de Syrie
Inquiétude dans les milieux sécuritaires due à l’exode d’un grand nombre de Palestiniens du camp de Yarmouk en Syrie vers le Liban où une majorité d’entre eux s’est installée dans le camp de Aïn el-Heloué à Saïda et celui de Bourj Brajné. Cette population, ayant refusé de participer aux combats, a fui la Syrie après le bombardement de Yarmouk par les forces du régime. Le chef du bureau politique du mouvement Hamas, Khaled Machaal, a quitté Damas pour Le Caire via Doha, parce qu’il n’a pas voulu s’impliquer dans les violences aux côtés du régime. Les départements de la Sûreté générale ont commencé à recenser ces Palestiniens afin de les amener à regagner la Syrie dès la cessation des combats. Il faut les maintenir sous étroite surveillance afin qu’ils ne soient pas recrutés pour exécuter des actions de déstabilisation d’ordre communautaire ou confessionnel, a réclamé un responsable.

 

 

 

Ansarallah et le Hezbollah divorcent
Le mouvement Ansarallah-Résistance islamique chapeauté par Jamal Sleiman, un proche du Hezbollah et des régimes syrien et iranien, a annoncé sa dissociation du Hezbollah sur le double plan militaire et politique, sans clarifier les raisons de cette surprenante démarche.
Sleiman, après avoir quitté le mouvement Fateh pour rejoindre l’axe syro-iranien, a installé ses quartiers généraux à Aïn el-Heloué. L’annonce de la rupture avec le Hezbollah a été faite alors que les informations faisaient état de l’imminence de la chute du régime à Damas augurant de grands changements dans la région. Mais, selon des milieux de Saïda, la séparation est le résultat d’un différend d’ordre financier, Sleiman ayant réclamé l’augmentation de son budget qui s’élevait à quelque 500000 dollars par mois. Cheikh Maher Hammoud a tenté de rabibocher les deux camps, en vain, mais les tentatives de conciliation se poursuivent à l’heure où certains craignent les conséquences de ce litige à l’intérieur du camp en particulier, et à Saïda, en général.

 

Le sommet spirituel cherche une date
Aucun accord conclu jusqu’à présent quant à la date du sommet spirituel périodique qui se tiendrait à la Maison druze. Les contacts s’intensifient afin de parvenir à une entente sur l’ordre du jour et le communiqué final, à l’ombre des développements régionaux, surtout en Syrie. Dans les milieux de la commission préparatoire, on rapporte que certains préfèrent que le sommet se tienne après les changements prévus en Syrie afin que les participants lancent un appel au calme et à la maîtrise de la situation sur le terrain, en accord avec la politique de distanciation adoptée par le gouvernement et en appui aux positions du président de la République qui a parrainé le communiqué de Baabda.

 

 

 

Un style qui fait débat
Débat dans les milieux politiques et sécuritaires sur la manière de procéder du ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, dans le règlement des incidents sécuritaires, à savoir les manifestations, le blocage des routes, les sit-in… Alors qu’une partie des observateurs estiment que cette tendance à la négociation discrédite l’autorité de l’Etat, l’autre partie pense que le traitement politique de ces protestations loin de toute violence a pour bénéfice de préserver la stabilité et cela, sans pour autant, faire de concessions.

 

 

Jihadistes yéménites au Liban?
Un rapport diplomatique met en garde le Liban contre l’infiltration sur son territoire d’éléments jihadistes extrémistes en provenance du Yémen. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qui s’était rendu le 20 octobre au Yémen, a scellé avec le président Ali Abed Rabbo Mansour Hadi un accord secret pour exporter quelque 3000 adeptes de Ben Laden du Yémen -dont des Saoudiens- vers le Liban et la Syrie via la Turquie. Le ministre turc a confirmé que le plan serait financé par l’Arabie. Le rapport met ainsi en exergue la raison de la signature d’un autre accord permettant aux citoyens yéménites d’entrer en Turquie sans visa. Les jihadistes yéménites constituent une source d’inquiétude pour les Etats-Unis, surtout que certains parmi eux sont impliqués dans l’armement d’un groupe d’al-Qaïda, mené par un Egyptien, qui a attaqué l’ambassade américaine à Benghazi et assassiné l’ambassadeur Chris Stevens en septembre dernier.
L’étonnant c’est que l’ambassadeur israélien à Washington, Michael Oren, a déclaré à Fox News que Tel-Aviv préférait les jihadistes au président Assad.

 

Le Hamas dans les camps
Tentative de prise d’assaut du siège du Front populaire de libération de la Palestine -commandement général- dans le camp de Aïn el-Heloué. Les gardes sur place ont cependant réussi à éloigner les attaquants masqués et armés de silencieux. D’après des sources locales, c’est le mouvement Hamas qui assure une couverture à ces éléments qui appartiendraient à l’ASL. Le Hamas tente aujourd’hui d’exploiter la conjoncture régionale et interne palestinienne pour s’imposer en tant que «représentant» des Palestiniens au Liban et estime que le commandement général présidé par Ahmad Jibril et les organisations proches de Damas, tout comme les représentants de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, sont incapables de l’empêcher d’atteindre ce but. Les sources n’écartent pas la possibilité que le Hamas ait réussi à attirer le groupe de Jamal Sleiman, appelé Ansarallah, en lui assurant un financement afin d’amener cet ex du Fateh à rompre 25 ans de relations traditionnelles avec le Hezbollah. On avait annoncé dans le camp de Aïn el-Heloué la mort d’un jeune du FPLP, de la famille Hajj, lors d’une attaque armée contre l’un des sièges de ce mouvement.

Des fleurs de Berry à Jisr
Des sources proches du président Nabih Berry tiennent à faire l’éloge du rôle positif du député tripolitain, Samir Jisr, qui a gardé le contact avec les deux camps présents sur la scène libanaise, contrairement à ses collègues qui ne ratent pas une occasion d’alimenter la politique du boycott. C’est lui qui a encouragé la sauvegarde de l’esprit du dialogue sur certains dossiers – celui de la loi électorale par exemple- via le président Nabih Berry. Les sources révèlent aussi que des députés et ex-parlementaires -qualifiés d’opportunistes- favorables au boycott entreprennent des contacts discrets à Tripoli et au Nord avec des instances, et de nouveaux jeunes visages, pour les informer que cheikh Saad Hariri voudrait se débarrasser des figures traditionnelles du Moustaqbal lors des législatives prochaines. Le fait que des députés du 14 mars maintiennent une ouverture même ténue avec le dialogue, à travers le président Berry, constitue en soi un pas vers la sortie de crise qui sera possible dès que l’environnement régional sera plus favorable. Le député Samir el-Jisr avait qualifié «d’utile» la visite de la délégation parlementaire du 14 mars au chef de l’Assemblée, précisant que sa coalition n’a jamais été opposée au dialogue qu’il a qualifié de nécessaire. «Mais dernièrement nous avons senti, a-t-il dit, qu’on nous traitait un peu à la légère. Il y a toujours quelqu’un pour saboter le dialogue, le général Aoun et aussi le député du Hezbollah, Mohammad Raad, ont successivement fait avorter l’entente. Après le communiqué de Baabda, ils ont envoyé le drone Ayoub qui a survolé le territoire israélien et pris des photos pour le compte de l’Iran. Est-ce ainsi qu’on respecte la présidence?».

 

Ersal, une zone de non-droit
Tension croissante à Ersal où la présence des éléments armés syriens sème la discorde parmi les habitants, une tension nourrie aussi par la crainte de l’implantation de camps en dur pour héberger les déplacés venus de Syrie, qui auront le statut de réfugiés. Un grand nombre de jeunes du village s’est engagé auprès de l’opposition armée syrienne à travers la frontière, dont un combattant de la famille Amoun, qui figurait sur la liste remise par Damas aux Nations unies, portant les noms des étrangers tués dans les batailles contre le régime. Mais l’incident le plus grave reste l’attaque lancée, la semaine passée, conjointement par des combattants de Ersal et des Syriens contre un poste de l’Armée libanaise à la frontière face au passage de Joussé. Les militaires ont été pris sous le feu des attaquants qui tentaient de camoufler l’infiltration d’un grand nombre de leurs pairs en territoire syrien. Au cours de la fusillade, les militaires ont ainsi atteint un jeune de Ersal de la famille Amoun, lui aussi. La source qui révèle ces informations rapporte que, depuis que le barrage des «Fouhoud» dans le village a été agressé, au début du mois passé, on sent une sorte d’animosité entre certains éléments des FSI et les combattants proches de l’opposition syrienne. Les Forces de l’ordre ont arrêté, il y a une semaine, deux jeunes du village de Cana qui tentaient d’aider un ex-officier de l’armée syrienne, entré illégalement au Liban, à regagner Beyrouth via la route de Zahlé-Tarchiche.

 


Panique chez les politiques
Depuis l’explosion d’Achrafié qui a coûté la vie au général Wissam el-Hassan, de nombreux politiques paniqués vivent enfermés à l’intérieur de leur domicile qu’ils ont transformé aussi en lieu de travail. Ils ne sortent que très rarement ou pas du tout, pour certains parmi eux.

Que faire du Tachnag dans le Metn?
Concertations intensives entre les députés Michel el-Murr et Sami Gemayel afin de définir la position à prendre vis-à-vis du parti Tachnag lors des prochaines législatives. La question qui se pose: faut-il proposer aux électeurs du 14 mars une liste complète incluant un candidat arménien ou laisser la place vacante au Tachnag même s’il maintient son alliance avec le général Aoun?

 

Joumblatt n’épargne personne
Pour le député Walid Joumblatt, l’horizon libanais est assombri par de gros nuages noirs. Il estime que les dissensions confessionnelles risquent de mener le pays vers l’explosion, critiquant le bloc du Moustaqbal et son chef Saad Hariri pour leur refus du dialogue national que le président Sleiman tente de relancer. Certaines forces du 8 mars sont également blâmées parce qu’elles attisent le conflit interne.

 

 

Aoun préfère le projet orthodoxe
Le général Michel Aoun a affirmé que le déroulement des législatives sur base de la loi de 1960 n’aura pas lieu quelles qu’en soient les conséquences. Il a prévenu ses alliés du Hezbollah et du mouvement Amal qu’il préférait le projet orthodoxe bien qu’il ait appuyé le projet de loi du gouvernement. Pourtant il avait confié à la délégation venue lui exposer l’initiative joumblattiste, qu’il avait soutenu le projet orthodoxe en raison des surenchères qui ont lieu au sujet de la représentation chrétienne.

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