Magazine Le Mensuel

Nº 2884 du vendredi 15 février 2013

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Contrairement aux idées reçues. Sodas light = diabète?

Une étude française a provoqué la stupeur chez les grands consommateurs de sodas light. En boire de grandes quantités serait néfaste pour la santé et augmenterait les risques de développer un diabète.

 Avis à celles et ceux qui se donnaient bonne conscience en consommant des sodas light. Ce choix pourrait ne pas s’avérer aussi judicieux qu’il y paraît. Les chercheurs français de l’Inserm viennent de publier une étude portant sur 66188 femmes de l’Hexagone suivies pendant quatorze ans, de 1993 à 2007. Les chercheurs leur ont demandé, sur toute la période, combien de boissons sucrées (sodas, sodas light et jus de fruits pressés) elles consommaient chaque semaine. Les conclusions sont surprenantes.
Les résultats de l’étude, publiée dans la revue American Journal of Clinical Nutrition, ont montré que les femmes ayant consommé des boissons dites «light» en buvaient davantage que celles consommant des boissons sucrées normales. La proportion était de 2,8 verres par semaine pour les personnes buvant du light, contre 1,6 verre par semaine pour celles privilégiant les boissons sucrées classiques.
Mais même à quantité consommée égale, les boissons light étaient associées à un risque plus élevé de développer un diabète. Ce risque était supérieur de 15% pour une consommation de 0,5 litre/semaine et de 59% pour 1,5 litre/semaine.
Par comparaison, la consommation de jus de fruits pressés n’était pas associée à un risque accru de diabète.
Les chercheurs de l’Inserm ont conclu, au fil de leurs résultats, que la consommation de sodas dits light est associée à une multiplication par 2,3 du risque de développer un diabète par rapport aux femmes qui ne consomment pas de boissons sucrées. La consommation de boissons sucrées ordinaires multiplie, elle, ce risque par 1,5.
Bref, l’étude de l’Inserm vient tordre le cou à l’idée reçue, selon laquelle les sodas light, où les édulcorants remplacent le sucre classique (voir encadré), sont plus sains que les sodas sucrés normalement. Des boissons light consommées allègrement par les personnes qui souhaitent garder la ligne ou encore pour lutter contre le fléau de l’obésité.
L’épidémiologiste Guy Fagherazzi, coauteur de l’étude avec Françoise Clavel-Chapelon, directrice de recherche à l’Inserm, a expliqué durant la conférence de presse que le diabète «étant une pathologie très fréquente, nous avons besoin de connaître les facteurs de risque sur lesquels on peut agir». Le diabète touche en France quelque trois millions de personnes, dont 90% sont atteintes de diabète de type 2, le plus courant.
L’étude dévoilée par l’équipe Fagherazzi-Clavel-Chapelon est toutefois à prendre avec précaution, car peu d’autres recherches existent sur le sujet et sont parfois contradictoires. Une étude américaine parvenue au même résultat sur les sodas «light» avait été critiquée sur le plan méthodologique pour avoir inclus des personnes pré-diabétiques. Pour éviter ce problème, les chercheurs français ont exclu de leur recherche toutes les femmes qui ont développé un diabète dans les cinq ans suivant le début de l’étude. Autre problème, hormis la consommation de boissons, ils n’ont eu aucune information sur le reste de l’alimentation ingérée par les sujets.
Par ailleurs, les femmes participant à l’étude étaient toutes nées entre 1925 et 1950. Seules 20% d’entre elles avaient consommé du «light», une proportion sans doute très inférieure à la consommation observée chez les générations plus jeunes.
«C’est la première étude française qui met en évidence ce facteur de risque, mais il faut un faisceau de preuves (…). Nous ne sommes par là pour dire qu’il faut stopper tel ou tel type de boissons», relève Guy Fagherazzi qui souligne que d’autres travaux seront nécessaires pour établir un lien de cause à effet. Il reste également à mettre en évidence le mécanisme en cause.
En attendant d’autres études qui infirmeraient ou confirmeraient ces résultats, le plus sage serait peut-être, tout simplement, de se remettre à boire de l’eau ou des jus de fruits frais, a priori sans effets néfastes sur la santé…

Jenny Saleh


Les édulcorants en cause?
Les auteurs de l’étude relèvent que l’aspartame était l’édulcorant le plus utilisé dans le passé dans les boissons dites «light». Alors qu’aujourd’hui, et après toutes les polémiques sur ce produit, les édulcorants se sont beaucoup diversifiés. Certaines boissons ne contiennent plus d’aspartame et intègrent dans leur composition de nouveaux produits, comme la saccharine, le sirop d’érable, le sucralose ou encore la stevia.

 

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