Magazine Le Mensuel

Nº 2886 du vendredi 1er mars 2013

Presse étrangère

Englués dans la routine

Cette semaine, le traitement par la presse étrangère de l’actualité libanaise se focalise une nouvelle fois sur les conséquences politiques et humanitaires du conflit en Syrie.

Libération
Le quotidien français Libération s’inquiète également de la vague de froid qui s’est abattue sur le pays et les réfugiés qu’il accueille.
La brume qui flotte sur la plaine de la Békaa permet à peine de distinguer les sommets de l’Anti-Liban qui marquent la frontière naturelle avec la Syrie. Au bout d’un chemin de terre, une carcasse de béton hérissée de barres d’acier et entourée de champs de neige semble plantée au milieu de nulle part. Des vêtements suspendus à un fil indiquent que l’immeuble inachevé est habité.
A Dalhamiyeh, près de Zahlé, la capitale du gouvernorat de la Békaa, des centaines de tentes sont ainsi dressées au milieu des champs, envahies par la neige et la boue. Constituées de bâches en plastique, de panneaux publicitaires et de bouts de bois, certaines ont été inondées par les pluies. «Nous manquons de couvertures, de matelas et de vêtements chauds. La nuit, la température est négative, assure Oum Hassan, grand-mère volubile qui loge avec dix de ses proches dans une tente. Nous ne disposons d’aucun revenu, car il n’existe pas de travail dans l’agriculture ou la construction en plein hiver».
Le père de famille, Mohammad, a travaillé dix jours en trois mois et gagné l’équivalent de 110 euros. C’est Rana, 16 ans, l’aînée des enfants, qui rapporte l’essentiel des ressources, en récoltant des pommes de terre. Elle gagne trois euros – dont un tiers passe dans les transports – pour une journée de dix heures de travail. «Avec l’aide humanitaire, cela nous permet tout juste de manger à notre faim, et quand nous cuisinons de la viande, c’est un luxe», s’exclame Oum Hassan.

Causeur
Causeur est un nouvel hebdomadaire français qui s’inscrit dans la pensée de la droite française conservatrice. Il s’intéresse à la loi orthodoxe votée en Commissions parlementaires.
Il traînait dans l’air libanais depuis des semaines et voilà que le projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe a été adopté en Commission parlementaire. Bien que le Pays du Cèdre nous ait habitués aux plus improbables revirements, le Parlement semble donc bien parti pour approuver l’élection des députés confessions par confessions au grand dam du bloc Hariri, des druzes et de tous les trublions indépendants qui se retrouveraient mathématiquement sous-représentés dans la nouvelle Assemblée. Faut-il en rire ou en pleurer?
Je ne vous décrirai pas tous les tripatouillages arithmétiques auxquels conduit le projet orthodoxe pour préserver la sacro-sainte parité islamo-chrétienne et garantir la représentativité de chaque confession à la calotte près. Contentons-nous d’évoquer un détail incongru qui m’avait d’abord échappé: ladite loi électorale reconnaît la communauté juive libanaise, pourtant réduite à une centaine d’âmes après les affres de la guerre civile, mais la contraint à choisir un député musulman ou chrétien en guise de représentant.
Du coup, les militants de la mouvance séculariste libanaise renâclant à s’affilier à leur confession d’origine ont lancé des cyber-campagnes appelant leurs compatriotes à se convertir au judaïsme! Autrement dit, si vous disposez d’une carte d’électeur libanais et que vous rechignez à élire obligatoirement un représentant de votre confession, il vous reste une seule solution: vous faire juif.
En cas de bronca populaire contre le mode de scrutin ultra-confessionnel, la loi électorale devrait réviser les quotas représentatifs au profit de la communauté juive. Nos amis libanais se retrouveraient alors avec une Knesset, pardon un Parlement, incluant des députés du Hezbollah plébiscités par des électeurs juifs de fraîche date. De quoi ravir les parlementaires concernés, n’en doutons pas…

The Independent
Le quotidien anglais The Independent publie le témoignage d’une humanitaire qui s’est rendue récemment au Liban au chevet des réfugiés syriens.
Au Liban, le désespoir des réfugiés forcés de fuir leurs foyers de la Syrie voisine est dévorant. Ils ont trouvé refuge où ils le peuvent, dans des camps de fortune près de décharges ou sur des matelas dans des usines désaffectées. Poussés par le désir de vivre, ils ont tout abandonné derrière eux. La situation est désespérante et pourtant, ils continuent d’arriver.
Le Liban est aujourd’hui le premier pays d’accueil des réfugiés syriens, devant la Turquie et la Jordanie. On estime leur nombre à environ 300000, mais certains prétendent qu’ils seraient deux fois plus. Beaucoup de gens m’ont dit que la liste d’attente pour s’inscrire auprès de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, essentielle pour obtenir de bons d’alimentation, s’allonge de jour en jour. A l’heure actuelle, il y a trois mois d’attente. Les familles qui reçoivent de petites quantités de nourriture et d’argent sont ensuite laissées à elles-mêmes.
Les rares emplois qui étaient disponibles pour les Syriens au Liban sont pourvus depuis longtemps, alors que la nourriture est plus chère qu’en Syrie et que les propriétaires demandent jusqu’à 300 dollars par mois pour une chambre à louer, qui abrite souvent jusqu’à vingt personnes. Dans la zone agricole de Jeb Jannine dans la vallée enneigée de la Békaa, de nombreux petits campements de fortune ont vu le jour.

IRIN
Les IRIN sont des antennes régionales du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu. Cette semaine, elles s’intéressent au Sud-Liban.
«Cette région est morte en 1948», a dit un Casque bleu présent sur place. «Elle ne s’en est jamais remise». Conséquence: le gouvernement est peu présent dans la région –celle-ci compte une école publique, qui a fermé il y a deux ans, et une clinique de soins de santé ouverte deux fois par semaine, qui est parfois confrontée à des pénuries d’analgésiques.
Peu de progrès ont été réalisés depuis la fin de la guerre. Les bergers font paître leurs moutons comme ils le faisaient autrefois – ils manquent de fourrage. Les maisons abandonnées abritent désormais des animaux –les trois quarts des habitants sont partis pendant l’occupation israélienne, explique le maire de Wazzani, et ils ne sont jamais revenus.
Le Sud n’est pas la seule région négligée. Toutes les zones périphériques sont sous-développées, mais le nord et l’est du pays – qui accueillent aujourd’hui des dizaines de milliers de réfugiés syriens– sont dans une situation plus difficile encore. «Le Sud a été ignoré pendant de nombreuses années», a dit Andrea Tenenti, porte-parole de la Finul. «Les infrastructures ont été reconstruites. Maintenant il faut reconstruire l’économie».

Julien Abi Ramia

The Washington Post
L’ASL contre le Hezbollah

Le quotidien américain de la côte est, The Washington Post, s’inquiète de l’escalade de la tension entre l’Armée syrienne libre (ASL) et le Hezbollah.
La principale composante de la rébellion syrienne a menacé de bombarder le Hezbollah au Liban accusé de tirer sur des localités rebelles en Syrie, une escalade sans précédent qui fait de nouveau craindre un débordement du conflit syrien.
Cette menace a été proférée, dans une déclaration à l’AFP, par le général Selim Idriss, chef d’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL), qui a maintes fois accusé dans le passé le mouvement armé chiite libanais Hezbollah de combattre au côté du régime de Bachar el-Assad, son allié indéfectible.
Mais c’est la première fois qu’il est fait état de bombardements du mouvement à partir du Liban vers la Syrie voisine.
«Ce qui est nouveau c’est que le Hezbollah a commencé à bombarder les villages autour de Qussair à partir du territoire libanais et nous ne pouvons pas l’accepter», a-t-il dit, en soulignant avoir «la preuve que le Hezbollah envoie ses combattants (…) épauler l’armée d’Assad». Le général Idriss a fait état de tirs à partir du village libanais de Zeita, dans la plaine de la Békaa. La région de Qussair est proche de la frontière. «Nous avons annoncé que si cela ne cessait pas, l’ASL répondrait aux sources des tirs».

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