Magazine Le Mensuel

Nº 2888 du vendredi 15 mars 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Nabih Berry mécontent
Le président Nabih Berry est «fâché». Les présidents Michel Sleiman et Najib Mikati ont signé le décret pour la convocation des corps électoraux sans le consulter, ni même le prévenir, rapportent les visiteurs de Aïn el-Tiné. Pourtant, disent-ils, le Premier ministre a l’habitude de demander l’avis de Berry pour le moindre détail. Le chef de l’Assemblée estime que cette convocation est dirigée contre lui et contre les démarches de conciliation qu’il entreprend, une sorte de sabotage du projet de la loi orthodoxe qu’il a appuyé et, en même temps, une tentative de résurrection de la loi de 1960. Du côté du gouvernement, on est étonné par la réaction de Berry, estimant que les deux présidents ont rempli leur rôle exécutif obligatoire conformément à la Constitution et n’ont pas besoin de consulter qui que ce soit pour le faire, au nom de la séparation des pouvoirs.

 

Un ministre libanais à Damas
Les services de la Douane à Masnaa ont enregistré l’entrée d’un ministre, appartenant à un bloc indépendant, en Syrie où il a passé la journée. On dit que le chef du bloc était au courant du déplacement du ministre malgré les campagnes que ce leader mène contre le régime de Damas. Il a, toutefois, veillé à ce que la visite ait lieu en toute discrétion. Les analystes ont été fort étonnés en apprenant la chose d’autant plus que, d’après les rumeurs, il s’agissait de contacts à caractère politique.

Al-Madina suite sans fin
Le ministre Gebran Bassil suit de près les développements relatifs à la banque al-Madina. Il est en contact permanent avec les instances juridiques afin d’en savoir plus sur l’enquête en cours et de recueillir des détails sur les personnes impliquées, dont le député Boutros Harb, concerné par ce dossier en sa qualité d’ex-avocat de la banque. Dès que les experts auront clôturé les investigations et les vérifications, le procureur général présentera une demande à la Commission de contrôle des banques pour la levée du secret bancaire des clients douteux. Selon des sources judiciaires, l’objectif est de clore ce dossier épineux dans le but de réactiver ou alors d’annuler le permis de la banque qui, légalement, ne doit pas rester en suspens. Sachant qu’il existe un inspecteur de la banque nommé par le tribunal dont le salaire mensuel s’élève à 17000 dollars. On ignore par qui il est payé.

Agapes à Maarab
Au début de la semaine dernière, l’ex-Premier ministre Fouad Siniora a dîné à Maarab à la table du Dr Samir Geagea en compagnie des députés Ahmad Fatfat, Elie Keyrouz, Georges Adwan et le conseiller du président Saad Hariri, Mohammad Chatah. La situation après l’adoption par les Forces libanaises (FL) et les Kataëb avec le Courant patriotique libre (CPL) du projet électoral orthodoxe a été passée en revue. Une option qui avait ébranlé la coalition du 14 mars et désuni les alliés. Cette visite est une première après le différend autour du projet orthodoxe. L’ambiance était excellente, d’après les participants au dîner et, dit-on, les rapports entre le Moustaqbal et les FL ont repris leur cours.


Mont-Liban: découpage problématique
Les négociations visant à trouver une formule électorale acceptable par toutes les composantes du paysage politique buttent jusqu’à présent sur le découpage du mohafazat du Mont-Liban. Le député Walid Joumblatt voudrait le diviser en trois circonscriptions électorales (Chouf-Aley / Baabda-Metn et Kesrouan-Jbeil), alors que les Kataëb et les Forces libanaises (FL) réclament l’institution de deux circonscriptions, la première formée des régions du Chouf – Aley – Baabda et la seconde incluant le Metn – Kesrouan – Jbeil. D’après un député du Moustaqbal, les pourparlers ont été efficaces. Il reste, toutefois, quelques retouches à apporter à un projet mixte en gestation. Les milieux du président Nabih Berry révèlent que ce dernier estime que le système mixte proposé par les FL n’est pas très différent de celui qu’il propose. Il attend donc que le 14 mars parvienne à une entente à ce sujet pour entamer les négociations avec le 8 mars qui reste, jusque-là, attaché à la loi orthodoxe.

Affaire de terminologie
Indignation de certains parlementaires de l’opposition après la conférence de presse du ministre Gebran Bassil, la semaine passée. Le ministre de l’Energie a continué à utiliser le verbe «usurper» les droits des chrétiens pour critiquer le leadership musulman, surtout le Moustaqbal. Il est surprenant qu’un membre du CPL insiste à user de cette terminologie, bien que le président Michel Sleiman et une poignée de ministres aient contesté l’usage de ce terme. Ils ont considéré que sa reprise tout comme l’exploitation politique du mot «usurpation» constituent une réponse aux critiques qui ont été adressées à Bassil à ce sujet, notamment par le chef de l’Etat.

Al-Nosra étend ses tentacules
Les combattants, relevant de la nébuleuse al-Qaïda en Syrie, affluent au Liban faisant déborder le conflit en dehors des frontières syriennes, comme le formulent des rapports américains. Le Liban fait désormais partie intégrante des plans du Front al-Nosra qui tente de rallier les organisations extrémistes sur place. Les rapports indiquent que le groupe libanais Dargham œuvre de manière fusionnelle avec al-Nosra. Il tente de jouer un rôle de premier plan dans le but de mettre sur pied une branche libanaise à l’organisation terroriste. Ces sources n’excluent pas que ces groupes armés sunnites ne constituent une vraie menace pour le Hezbollah, surtout s’ils réussissent à unifier leurs rangs et à obtenir armes et financement de certains pays arabes.

 

Berry soutient Mansour
La réaction du président Najib Mikati aux déclarations faites par le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, lors du sommet des ministres arabes au Caire n’a pas plu au président Nabih Berry, comme le rapportent ses milieux. Le chef de l’Assemblée estime que Mansour a bien appliqué la politique de distanciation, adoptée par le gouvernement, et cela pour de multiples raisons concrètes. Le ministre a repris les idées développées par le président de la République Michel Sleiman devant les ambassadeurs arabes en Roumanie, lorsqu’il les avait reçus le 27 février 2012 à Bucarest. Le chef de l’Etat avait lancé un appel axé sur «la nécessité de tirer les leçons du Printemps arabe en construisant une vraie Ligue arabe unie par la langue, les intérêts communs, et dépourvue de barrières douanières et de permis d’entrée». Il  a ensuite confirmé sa participation au «Sommet arabe prévu le 29 mars à Bagdad, parce que les travaux du Sommet doivent se poursuivre pour débattre de nos affaires et des moyens à mettre en œuvre pour ramener la Syrie au sein de la Ligue, parce que le Liban avait contesté la révocation de Damas de cette dernière. Il faut débattre de toutes les questions de façon rationnelle dans l’intérêt de tous les Arabes». Cette déclaration est publiée sur le site de la présidence de la République (http://www.presidency.gov.lb/Arabic/News/Pages/Details.aspx?nid=13089). Il ne faut pas traiter le ministre Mansour comme s’il était un fonctionnaire, a mis en garde Berry.

Offensive ratée de l’ASL à Arida
Les bombardements syriens, qui ont atteint les alentours du village frontalier de Arida, ont poussé les combattants déployés dans cette région à se replier vers le village du vieux Akkar et à s’éloigner de Kherbet Daoud. Les sources politiques révèlent que l’accrochage de Arida qui a fait un mort et plusieurs blessés et touché des maisons du côté libanais du Nahr el-Kébir, avait été provoqué par des éléments armés libanais et syriens qui ont tiré, ciblant l’autre côté du fleuve, cela en réaction à la réconciliation scellée dans plusieurs villages syriens, dont celui de Halate, grâce à l’intervention des comités populaires. Plusieurs opposants ont ainsi déposé les armes pour réintégrer l’armée et la «légalité». C’est parce que le gouvernement de Damas a déclenché une opération politique et renforcé les mesures de sécurité dans le Rif de Homs proche de la frontière nord, que les combattants rebelles ont préféré mettre à nouveau la pression sur le front de Joussiyé-Qah dans la Békaa-Nord, malgré les coups sérieux qu’ils y ont encaissés au cours des mois passés. L’offensive menée par l’ASL sur ce front en date du 8 mars n’a pas atteint ses objectifs, à savoir le contrôle du passage frontalier entre Baalbeck et Homs.

Hamas-Hezbollah: rien ne va plus
Malgré le climat d’optimisme qui a régné après la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad au Caire, des milieux islamistes dévoilent que les efforts menés pour consolider les relations entre Téhéran et les Ikhwan d’Egypte n’ont pas abouti à des résultats patents. Les relations défectueuses entre les deux grands pôles musulmans régionaux ont des incidences négatives sur les rapports entre le Hezbollah et le mouvement Hamas. La visite de Moussa Abou Marzouk à Téhéran n’a pas réchauffé les relations entre les deux capitales mais a, quand même, freiné leur dégradation. D’après certains milieux, le Hamas tente de mener le jeu politique dans les camps palestiniens, surtout à Aïn el-Héloué, en faveur de certaines forces arabes et régionales. Ainsi, le mouvement est accusé de protéger les éléments et groupes salafistes wahhabites palestiniens, syriens et libanais, dans une perspective à long terme visant à transformer les camps en îlots sécuritaires autonomes, détachés de l’autorité de l’Etat libanais. La déclaration de Salah Bardawil, le responsable du département médiatique du Hamas, lorsqu’il a dit que son mouvement ne «reçoit aucun soutien militaire du Hezbollah pour affronter l’ennemi israélien qui ne cesse de mener des attaques contre les Palestiniens», a été qualifiée de «honteuse» par ces milieux.

Jouzou dénonce «l’ingratitude» du Moustaqbal
Vive querelle entre le mufti du Mont-Liban, le cheikh Mohammad Ali Jouzou, et des cadres du Moustaqbal. Des proches de l’ex-président Saad Hariri révèlent que Jouzou réclame son exclusion du processus électoral pour la désignation de nouveaux muftis dans les régions limitrophes comme Chebaa, Minyé, Dinniyé et autres… Le centrisme de Jouzou, qui se tient à égale distance entre Dar el-Fatwa et Koraytem, est un choix opportuniste lié à sa volonté d’être maintenu à son poste. Un poste qu’il risque de perdre si jamais les élections ont lieu, comme le réclame le Moustaqbal. Celui-ci gagne du terrain dans sa bataille pour le renversement du mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani. Jouzou estime qu’il a été élu à vie en 1962, conformément à la loi et qu’il n’est pas concerné par les élections. Il fut nassérien dans sa jeunesse, avant de se rapprocher de l’Arabie saoudite et du mouvement Fateh à la fin des années 60. Ses proches disent que sa thèse est basée sur une étude légale qu’il a fait distribuer, dans laquelle il regrette l’ingratitude du Moustaqbal, lui qui a été son chantre contre ses adversaires politiques, notamment le Hezbollah.
D’après les sources, Jouzou a permis au Moustaqbal d’étendre son influence dans l’Iklim el-Kharroub au détriment des progressistes qui veulent que cette région soit sous leur contrôle, et au détriment de la Jamaa islamia et des salafistes qui cherchent à mettre la main sur l’héritage du Moustaqbal dans les villages de l’Iklim.

Election: l’Occident se fait à l’idée du report
Dans les cercles diplomatiques occidentaux, on commence à s’acclimater avec l’idée d’un ajournement des législatives. Les diplomates des pays de l’Union européenne, accrédités à Beyrouth, plutôt que de s’inquiéter du sort des élections et de leur tenue dans les délais prévus, s’intéressent maintenant au mécanisme à suivre pour les reporter et pour proroger de deux ans le mandat de l’actuel Parlement, en l’absence d’une entente sur un projet de loi électorale. La communauté internationale ne conteste pas l’ajournement du scrutin, sachant que c’est la seule issue possible tant qu’un projet de loi électorale qui fait l’unanimité parmi les blocs politiques n’est pas trouvé. L’idée est d’éviter que le Liban ne soit entraîné dans une crise profonde et grave dont nul ne peut prédire l’issue.

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