Magazine Le Mensuel

Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

Spectacle

Hadi Tabbal. Le théâtre dans le sang

Sa pièce de théâtre After a été récemment présentée à la City University of New York (CUNY). Hadi Tabbal, qui a grandi à Beyrouth, s’est installé depuis trois ans dans la ville qui ne dort pas. Ce réalisateur, metteur en scène et acteur, commence à marquer réellement la scène artistique et théâtrale new-yorkaise.

Hadi Tabbal n’est pas à son premier succès. L’année dernière, il a joué le rôle principal dans la pièce The hour of feeling, lors du Festival Humana pour les nouvelles pièces américaines. Depuis plus de cinquante ans, ce festival étant l’un des plus grands et des plus compétitifs du pays. Beaucoup de pièces présentées au cours de ce festival ont déjà reçu le prestigieux prix Pulitzer. Tabbal avait auparavant reçu la bourse Fulbrighters pour poursuivre ses études de théâtre à New York. Il a eu alors l’opportunité d’être formé par des directeurs de spectacle de Broadway.

After… ou l’engagement
Durant son parcours, il est rentré au Liban pour y demeurer deux ans et enseigner à Notre-Dame de Louaizé (NDU). Par la suite, Tabbal est revenu à New York et il est devenu professeur adjoint à la CUNY. C’est justement au sein de cette importante université urbaine des Etats-Unis et la plus grande nationalement en nombre d’étudiants qu’il a présenté After.
Mais de quoi parle cette pièce réalisée par Tabbal et écrite par Mona Mansour, d’origine libanaise et qui a reçu le prix Whiting en 2012 et par Tala Manassah, sénatrice d’origine palestinienne?
After traite des déboires d’une famille arabo-américaine à Brooklyn. Le cadre: une librairie familiale moderne. Les personnages: un lycéen Tariq, qui peine à trouver sa voie au sein de sa famille et de sa communauté. Avec son seul ami Amelia, un militant dévoué, il exploite son seul talent, le piratage sur Internet. Quand sa cousine Rania arrive aux Etats-Unis dans des circonstances extrêmement mystérieuses, sa présence provoque une série d’événements qui obligent Tariq et sa famille à réévaluer les questions fondamentales telles que les différences générationnelles, la discrimination et la vérité. Le plus de cette pièce c’est qu’elle engage les jeunes, les adolescents et permet à la communauté arabe de s’identifier à cette famille sur scène. Il y a également un grand effort d’éducation, puisqu’elle est produite par des écrivains reconnus au niveau national et met en scène des étudiants du CUNY dans le Queens, à New York. Que ce soit à travers After ou l’autre pièce qu’il réalise actuellement, Honey, Hadi Tabbal démontre sa véritable maturité artistique lorsqu’il aborde la communauté arabe ou le Moyen-Orient. Dans Honey, il a demandé au scénariste d’écrire au sujet d’une famille libanaise en anglais. «Je voulais une pièce qui touche à la fois le public libanais et américain. Il faut qu’elle soit psychologique et réaliste», confie-t-il. Réaliste, c’est bien la perception qu’a ce réalisateur de la société libanaise. Et c’est pour cela qu’il tient à la faire avancer surtout sur le plan artistique.

Pauline Mouhanna (Etats-Unis)

Sa perception du théâtre au Liban
Dans une interview accordée à Time Out Beirut, Hadi Tabbal explique les thèmes qui devraient être plus abordés par le théâtre libanais. Les droits sexuels et psychologiques des femmes, l’hypocrisie de la société, l’échec du mariage dans une société où la famille vient en premier sont des thèmes qui devraient être plus étudiés, selon lui. «Nous devrions commencer par s’éloigner de matériaux classiques et creuser plus dans la création», ajoute Hadi Tabbal.

 


 

Les Belles-Sœurs
Une sacrée pendaison de crémaillère

Vingt ans! Oui vingt ans déjà que Nadine Mokdessi nous présente des comédies réjouissantes et nous entraîne dans les dédales du rire et du fou rire. Cette année, Nadine nous invite à une pendaison de crémaillère: Les Belles-Sœurs, d’Eric Assous. La pièce  se jouera sur les planches du théâtre Monnot, du jeudi 11 au dimanche 28 avril, à 20h30. Tout le monde peut participer à cette pendaison de crémaillère pour une franche rigolade. Assurément, cela fait un bien fou! Les bénéfices des spectacles seront reversés à l’Irap, Arcenciel et aux Restaurants du cœur.   

Nicole organise une pendaison de crémaillère pour célébrer l’emménagement de sa famille dans une nouvelle maison. A cette occasion, elle convie les deux frères de son mari et leurs épouses respectives. Au dernier moment, Nicole, un peu nunuche, il faut le dire, invite également Talia, l’assistante de Francky, mettant, sans le savoir, les trois frères dans le plus grand embarras. En effet, tous les trois savent qu’ils ont, chacun à sa façon, très bien connu la ravissante jeune femme. L’inquiétude les gagne rapidement et ils tentent autant que possible de dissimuler les liens qui les unissent à Talia… Piquées au vif, les épouses ne vont plus avoir qu’une idée en tête: découvrir les relations de leurs maris avec la divine créature. Elles vont se révéler impitoyables et la soirée va se transformer en un saignant petit jeu de massacre. De plus, la famille est un vrai panier de crabes! Mathilde, Christelle et Nicole n’ont rien, mais alors absolument rien en commun, si ce n’est d’avoir épousé trois frères. Il y a l’intello, désabusée, ayant le verbe aussi facile que le verre. Il y a la bourgeoise, très snob, très marques… Il y a la bonne fille, un peu nunuche, qui agace les autres. Décidément, on se dit que trois belles-sœurs dans la même pièce… C’est trop! Surtout que ces belles-sœurs en sont de vraies: elles ont toujours un truc à (re)dire sur l’autre. Quant aux frères, ils se serrent les coudes tant bien que mal. Après tout, on a l’esprit de famille… La comédie d’Eric Assous est un véritable régal, la mise en scène de Nadine est superbe (comme toujours!) et les interprètes sont parfaits. Les dialogues incisifs sont géniaux et les relations de couples sont décortiquées avec une réjouissante dose d’humour. Eric Assous dépeint avec cynisme les relations entre couples, entre hommes et femmes. Superbe!

Vingt ans de dons
Après avoir suivi une formation d’acteur au cours Florent et s’être initiée à la mise en scène, Nadine Mokdessi rentre, en 1991, au Liban, la tête foisonnant de mille projets. Elle donne des cours de théâtre et, en 1993, crée son atelier. «Je ne voulais pas me limiter aux étudiants, mais ouvrir l’accès du théâtre à tous», dit-elle. Fin 1993, une représentation est donnée devant amis et parents. Une série de pièces en un acte qui séduit Jacques Mokhbat, médecin fondateur de la société libanaise du sida. Il propose de reprendre le spectacle au profit des malades du sida. Et l’aventure commence. Les pièces se succèdent: Tailleur pour dames, Un fil à la patte, Le dindon, Treize à table, Lorsque l’enfant paraît… Les rentrées sont intégralement reversées à différentes associations. Parce que, dès qu’il est question de servir une bonne cause, Nadine Mokdessi est partante. Sa générosité est sans limites. Même les sponsors suivent. C’est d’ailleurs grâce à eux que Nadine Mokdessi couvre les différents frais sans toucher aux revenus des billets. Acteurs et équipe technique sont bénévoles. Des bénévoles emportés par leur amour du théâtre et motivés par un souci humanitaire. Voilà vingt ans que Nadine donne sans compter, le tout avec humour! Nadine Mokdessi a ainsi fidélisé un public qui la suit de spectacle en spectacle et qui ne manquerait pour rien au monde «sa» pièce de théâtre. Bravo Nadine!

Christiane Tager Deslandes

Distribution
Yvan: Alain Hochar.
Francky: Joe Abi Aad.
David: Salim Rached.
Nicole: Joëlle Yaacoub.
Mathilde: Elsa el-Hage.
Christelle: Ghada Abdel-Sater.
Talia: Léa Abi Nader.

 

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