Magazine Le Mensuel

Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

Presse étrangère

Le Hezbollah, une cible permanente

Cette semaine, la presse étrangère se concentre sur les activités du parti de Dieu au Liban, en Syrie et dans la région, sur lequel l’étau international se resserre.

Wall Street Journal
Ben Rooney est le spécialiste des pages Technologies du Wall Street Journal qui est, avec USA Today, le seul quotidien distribué sur l’ensemble du territoire américain. Il parle cette semaine du «sinueux parc technologique du Liban» et du e-commerce dans la région.
Le Moyen-Orient pourrait être un marché attractif, mais le commerce en ligne doit encore prendre son envol. La société PayPal n’a lancé son service dans la région qu’en novembre dernier. Ce marché est basé sur deux piliers, les facilités de paiement et de livraison. Mais dans ce pays, le terme «facilité» n’est peut-être pas celui qui convient. Aux Emirats, par exemple, où 46% des internautes ont déjà acheté en ligne, seuls 6% des achats concernent des biens matériels. De nombreuses banques dans la région semblent réticentes à entrer dans l’ère du commerce en ligne. Du coup, dans les pays arabes, on préfère de très loin le paiement par cash après livraison. Ce mode de paiement est dix fois plus utilisé que les paiements en ligne.

 

Le Monde
Le grand quotidien français Le Monde s’intéresse de près au Hezbollah à qui il est consacré deux articles. Pour Christophe Ayad, «les enquêtes sur le Hezbollah relancent le débat sur son caractère terroriste».
Déjà jugé coupable le 21 mars de complot anti-israélien, Hossam Taleb Yaacoub, un Libano-Suédois qui a reconnu travailler pour le Hezbollah, a été condamné, jeudi 28 mars, à une peine de quatre ans de prison par un tribunal chypriote. Agé de 24 ans, Hossam Taleb Yaacoub présente un profil intéressant: Libanais d’origine, il a grandi à l’étranger et détient un passeport occidental, suédois en l’occurrence, lui permettant de voyager facilement en Europe. D’ailleurs, Yaacoub s’est rendu, d’après son parcours retracé par les enquêteurs, en Turquie, aux Pays-Bas et en France, notamment à Lyon, où il aurait été chargé de remettre un téléphone portable à un contact. Formé et testé à l’ancienne, il a un profil similaire à celui de l’auteur de l’attentat de Sofia, mort avec sa charge explosive, actionnée, semble-t-il, à distance.
Contrairement aux Etats-Unis, les Européens, qui considèrent le Hezbollah comme un acteur politique majeur au Liban, ne l’ont pas inscrit sur leur liste des organisations terroristes. La France ne veut pas acculer le «parti de Dieu», d’autant que ses 900 soldats postés au sud du Liban dans le cadre de la Finul forment une cible facile. Depuis les conclusions de l’enquête bulgare, en février 2013, et le procès chypriote, Israéliens et Américains font pression sur les Vingt-Sept pour que le Hezbollah soit classé comme terroriste. En visite à Jérusalem, Barack Obama a déclaré, le 21 mars, le jour où Hossam Taleb Yaacoub a été reconnu coupable: «Tous les pays épris de justice devraient appeler le Hezbollah par son vrai nom, une organisation terroriste». Une déclaration qui lui a valu d’être qualifié de «fonctionnaire de l’entité sioniste».
D’après M. Levitt, membre du Washington Institute for Near East Policy, un think tank proche des droites américaine et israélienne, «l’Allemagne est en train d’évoluer sur le sujet du Hezbollah». Il a plaidé récemment à Paris auprès de responsables français réticents une solution consistant à désigner comme terroriste la branche sécuritaire et militaire du Hezbollah, tout en ne visant pas le parti politique. Un découplage peu effectif dans la réalité mais, selon lui, «un moyen d’envoyer un message à une organisation très rationnelle et capable de changer de stratégie lorsque le coût est plus élevé que le bénéfice».

Le journal de référence publie une entrevue de Sobhi el-Toufayli, ancien secrétaire général du Hezbollah.
Ecarté de la scène politique depuis près de quinze ans, Sobhi el-Toufayli redonne de la voix. Il condamne l’implication militaire du Hezbollah en Syrie. Si le parti dément combattre aux côtés de Bachar el-Assad, il concède que des militants opèrent dans des villages syriens proches de la Békaa pour y défendre les habitants, des Libanais chiites. Une version à laquelle le cheikh ne croit pas: il accuse le Hezbollah d’être «un outil du régime syrien». Qu’est-ce qui l’anime? L’esprit de revanche contre le parti qui l’a exclu en 1998 pour son opposition à l’évolution politique du mouvement? La colère, alors qu’il considère toujours le Hezbollah comme sa créature? «Je suis fier de ses victoires militaires contre Israël, mais j’ai honte de ses activités politiques. Si le Hezbollah était fidèle à son idéologie, il serait du côté du peuple, affirme-t-il. Par son rôle en Syrie, il sert les Israéliens, car il alimente le conflit entre chiites et sunnites au Liban (les premiers appuient le régime syrien, les seconds la rébellion) et attise le risque de guerre civile». Toufayli en est convaincu: le soutien de Hassan Nasrallah à Damas divise le parti.
Celui qui fut le premier secrétaire général du Hezbollah, de 1989 à 1991, dit se consacrer uniquement à des activités religieuses. Loin de songer à lancer un nouveau mouvement de désobéissance civile, comme en 1997 avec la «révolte des affamés», qui dénonçait une marginalisation de la région de la Békaa. Il n’est pas un homme tranquille pour autant. Des gardes armés font le guet devant sa maison; les visiteurs sont fouillés avec minutie. Sobhi el-Toufayli traîne une réputation sulfureuse.
Avec Téhéran, dont il défendit naguère la révolution islamique, il a coupé les ponts. «Ceux avec qui j’étais en relation sont dans l’opposition et en prison». L’accession de Ali Khamenei au rang de guide suprême en 1989 a signé sa marginalisation progressive au sein du Hezbollah. «Téhéran a ordonné au parti d’entrer dans le jeu politique libanais en 1992. J’y étais opposé, pour ne pas collaborer avec un Etat sous la coupe syrienne». Sobhi el-Toufayli finira par affronter le Hezbollah par les armes.

Libération
Le quotidien français Libération s’est intéressé à l’implication du Hezbollah en Syrie.
Au départ, le parti de Dieu a envoyé des combattants pour protéger les villages chiites, notamment dans la région frontalière d’al-Qoussayr, proche de Homs, le cœur battant de la révolution syrienne. Puis leur mission, au fur et à mesure que l’insurrection progressait, s’est étendue à la protection de la frontière elle-même. Une zone vitale pour le Hezbollah: c’est le principal couloir d’acheminement des armes qui lui parviennent d’Iran. Mais, à présent, les miliciens chiites libanais combattent aussi aux côtés des forces loyalistes.
Mais le parti chiite libanais n’a pas fait qu’envoyer des combattants. Il a développé des avatars de sa milice dans les villages syriens chiites. A présent, sur ces localités, flotte un drapeau quasiment identique à celui du parti de Dieu, où l’on retrouve le fameux fond jaune et l’emblématique kalachnikov qui règne sur le monde.
Selon des officiels américains travaillant sur le Proche-Orient, le Hezbollah, mais aussi l’Iran, ont commencé à mettre en place un réseau de milices à l’intérieur de la Syrie dans le but de défendre leurs intérêts si jamais le régime de Bachar el-Assad tombait ou était obligé de quitter Damas. Si ces milices se battent aujourd’hui pour que le président Assad demeure au pouvoir, Téhéran n’exclut pas que la Syrie se fracture en enclaves communautaires, religieuses ou tribales. D’où la nécessité pour le régime iranien d’avoir, à long terme, des unités opérationnelles dans le pays pour défendre ses intérêts. Selon un haut responsable américain, Téhéran soutiendrait aujourd’hui pas moins de 50000 miliciens en Syrie.

 

Julien Abi-Ramia

Les Echos
Business et religion

Le journal économique français Les Echos rend compte d’un séminaire d’hommes d’affaires pas comme les autres. L’événement qui a eu lieu dans la capitale libanaise n’en aurait pas été un s’il n’avait pas eu une particularité: ces chefs d’entreprise affichent leurs convictions chrétiennes pour les uns, musulmanes pour les autres et leur rencontre constituait une première. «Nous croyons que la cause profonde des violentes crises économiques et financières est le fait qu’une grande part de l’humanité a perdu le sens de la création, surtout chez les leaders économiques, avec des conséquences désastreuses pour les plus faibles. Nous nous retrouvons sur ce point avec nos homologues musulmans, indique le Français Pierre Lecocq, président de l’Uniapac (mouvement mondial des patrons chrétiens). Concrètement, comment des valeurs confessionnelles peuvent-elles influencer un chef d’entreprise? Chacun est reparti avec des engagements de transparence, d’agir pour le long terme de l’entreprise et non pas la plus-value rapide, de souci de ses salariés – avec une admiration très partagée pour le modèle allemand.

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