Magazine Le Mensuel

Nº 2897 du vendredi 17 mai 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Des armes au Mont-Liban
L’heure est à l’achat intensif et au stockage d’armes par certains groupes, surtout au Mont-Liban, comme l’ont constaté les organes de sécurité ces derniers temps… Selon des sources sécuritaires, le trafic d’armes est pratiqué par des partis politiques, notamment dans les zones frontalières avec la Syrie, qui veulent tirer profit de ce commerce lucratif avec la montée des prix. Un secteur prospère qui attire Syriens, Palestiniens et Libanais. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, avait prévenu les instances de la société civile à Tripoli qu’il œuvrera pour faire de la capitale du Nord une ville sans armes, proposant le rachat de celles des combattants. L’information s’est propagée entre les forces politiques qui souhaitent appliquer la proposition du ministre Charbel dans un effort de stabilisation de Tripoli, après que l’armée et les FSI eurent établi un plan pour appliquer des mesures fermes contre ceux qui portent ou utilisent des armes.

 

L’œil de Raï sur la loi électorale
En dépit du programme chargé de sa tournée en Amérique latine, le cardinal Mar Béchara Boutros Raï suit de près les développements au Liban, surtout ceux de la loi électorale. Il entre en contact quotidiennement avec les évêques Boulos Matar et Samir Mazloum, chargés d’expliquer aux responsables la position réelle de Bkerké qui consiste à parvenir à une loi électorale satisfaisante pour tous, sans être forcément attaché au projet de loi orthodoxe. Le patriarche maronite a ainsi appelé le ministre de l’Intérieur, le général Marwan Charbel, après avoir eu vent d’informations selon lesquelles ce dernier est attelé à l’élaboration de deux formules mixtes associant les deux modes de scrutin majoritaire et proportionnel qu’il soumettra en temps opportun après les avoir présentées au chef de l’Etat.

La Russie couvre le Hezbollah
Black-out sur les pourparlers de l’émissaire présidentiel russe, Mikhaïl Bogdanov, avec les pôles politiques libanais qu’il a rencontrés, dont le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah. Le responsable russe était arrivé à Beyrouth en provenance de Téhéran et avait plaidé devant certains de ses interlocuteurs libanais la nécessité de respecter la politique de distanciation et de demeurer à l’écart des batailles qui font rage en Syrie pour se prémunir contre toute éventuelle répercussion de la crise syrienne sur le sol libanais. L’émissaire de Moscou a prévenu qu’Israël était décidé à intervenir dans le jeu politique régional, et qu’il fallait être fort vigilant. Les propos de Bogdanov ont été tenus quelques semaines avant le raid israélien sur la Syrie, alors que les Arabes craignent l’exploitation par Tel-Aviv du chaos syrien pour entreprendre une frappe d’envergure contre la Syrie et le Liban. A ceux qui clament que le délégué présidentiel russe a demandé au Hezbollah de retirer ses combattants de Syrie, la réponse est venue du ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a déclaré cette semaine que le Hezbollah est juste impliqué «dans la protection des lieux saints chiites».

La menace du vide sécuritaire se précise
Le député Ziad Kadri craint le vide institutionnel qui menace de paralyser tous les pouvoirs. D’après lui, le Parlement devrait prendre l’initiative au plus vite de remédier à ce problème urgent en soumettant le projet présenté par le Moustaqbal qui préconise l’amendement de l’âge de la retraite des officiers haut gradés. Le Conseil militaire est quasi paralysé après le départ à la retraite d’un certain nombre de ses membres au début du mois, même scénario pour le Conseil de commandement des Forces de sécurité intérieure (FSI)… Ces données nécessitent l’accélération des procédures pour désigner de nouveaux membres. Le général Walid Sleiman devra se retirer, le mois prochain et, en septembre, ce sera au tour du général Jean Kahwagi. Plusieurs députés sollicitent une séance gouvernementale d’expédition des affaires courantes pour régler cette question et éviter le vide sécuritaire, en attendant la naissance du nouveau cabinet.

Vitres teintées: c’est fini!
Gel des permis de fumage des vitres des véhicules. Le ministre Marwan Charbel a pris une décision ferme en ce sens en restreignant leur usage aux personnalités ministérielles, parlementaires, juridiques ou menacées. Les organes sécuritaires ont découvert que les auteurs de la majorité des enlèvements, vols ou assassinats utilisaient des véhicules volés aux vitres teintées, ou dotés de plaques d’immatriculation falsifiées. Le ministre Charbel fait preuve d’une grande rigueur en matière de critères de sélection des ayants droit aux permis que certains ont pris l’habitude d’utiliser à des fins électorales. Aussi, a-t-il signé un contrat pour l’organisation du trafic avec une entreprise internationale qui doterait le Liban d’un système technologique permettant la reconnaissance des plaques minéralogiques volées ou frauduleuses.

 

Des orthodoxes contre le projet orthodoxe
Des personnalités orthodoxes, qui avaient signé un communiqué réfutant le projet de loi orthodoxe, le considérant inconstitutionnel et non conforme au pacte, ont décidé de le remettre au président de la République Michel Sleiman. Parmi les signataires, Fouad Boutros, Elias Saba, Samir Mokbel, Farid Makari et d’autres. Ces personnalités estiment que ce projet est d’inspiration syrienne et n’a rien d’orthodoxe. Une délégation avait effectué une tournée auprès des leaders politiques pour les aviser de la gravité de ce projet tout aussi syrien que celui de Ghazi Kanaan.

Guerre ouverte entre le mufti et le Moustaqbal
Dans le cadre de la guerre ouverte entre le mufti de la République et le courant du Moustaqbal, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani a décidé de ne pas renouveler le mandat du mufti de Saïda, le cheikh Salim Soussane proche du président Fouad Siniora et de Bahia Hariri, et de nommer un autre dignitaire pour lui succéder, vu que les élections du Conseil supérieur chérié n’ont pas eu lieu à Saïda et dans la Békaa-Ouest par manque de quorum. Le mufti Kabbani a réservé le même sort au mufti de Zahlé et de la Békaa, Khalil el-Mayss.

 

Déclaration ministérielle, nouvelle version
Le président Nabih Berry aurait reçu, selon une source proche de la deuxième présidence, un rapport révélant que le chef de l’Etat Michel Sleiman a élaboré une version de la déclaration ministérielle de laquelle l’équation «L’armée, le peuple, la Résistance» a été rayée. L’équipe du Palais de Baabda s’est inspirée pour cela de la nouvelle formule de stratégie de défense que le président de la République avait présentée à la table du dialogue national. La formule en question préconise d’affronter Israël à travers «l’attachement à l’armistice (signé en 1949) et la libération du territoire national occupé par tous les moyens disponibles et légaux, conformément à la clause 65 de la Constitution». Elle prévoit par ailleurs «la fourniture d’équipements à l’armée de façon à ce qu’elle puisse mener à bien sa mission, et l’entente sur des mécanismes adéquats concernant l’usage des armes de la Résistance qui seront mises à la disposition de l’armée qui détiendra le monopole de la force». Cela en soulignant que «l’action de la Résistance ne peut être entamée qu’après l’occupation». La source ne cache pas son mécontentement à l’égard de ce projet qu’elle considère comme «un pas en arrière».

L’AIB ouvert aux responsables syriens
Les responsables syriens continuent à transiter par l’Aéroport Rafic Hariri pour leurs déplacements à l’étranger, ce qui prouve clairement l’incapacité du régime à contrôler la situation surtout dans la capitale, et son impuissance à protéger l’Aéroport international de Damas. Des acteurs politiques libanais, pro-syriens, avaient assuré que les forces du régime vont consolider leur emprise sur Damas et son rif et en chasser les rebelles avant le 9 juin prochain. D’après un ministre, cet objectif semble loin d’être atteint et la capitale, comme son rif, continuent à servir de théâtre aux opérations opposant les soldats du régime aux insurgés. Des sources de l’Aéroport de Beyrouth rapportent que les responsables syriens en transit passent par le salon d’honneur qui leur est ouvert, sans avoir droit à un accueil officiel.

 

Le feu couve chez les druzes
Forte tension sécuritaire dans plusieurs coins du Chouf, après la détérioration des relations entre Moukhtara et Jahiliyé, ces derniers temps. D’après une personnalité de la Montagne, les joumblattistes propagent des informations sur l’achat d’appartements à Baakline par les adeptes de l’ex-ministre Wiam Wahhab, soit pour y résider, soit pour y inaugurer des bureaux partisans. La situation est fort tendue surtout après l’incident de Békaata qui a coûté la vie à un jeune homme de la famille Baayni de Mazraat el-Chouf. L’auteur du meurtre serait un haut responsable joumblattiste. Tout ce qui se dit sur la sécurité à préserver dans la Montagne semble aujourd’hui peu cohérent à l’ombre des craintes d’une reproduction de ce type d’accrochage. Le chef du Parti d’Unification Arabe, Wiam Wahhab, avait prononcé un discours musclé dans lequel il a déclaré, s’adressant à son adversaire druze: «Qu’il sache que le sang des druzes ne se vend pas et ne s’achète pas», qualifiant Joumblatt de «mendiant aux portes des services de renseignements». Wahhab s’apprête à organiser et pour la première fois un défilé militaire dans son bastion de Jahiliyé.

Offres alléchantes pour les salafistes
Certains mouvements salafistes wahhabites actifs sur la ligne de confrontation entre Tripoli et Homs, commencent à recevoir des offres financières bien alléchantes pour rejoindre les convois de moudjahidin au Mali, au Tchad et dans d’autres régions d’Afrique. Les combattants arabes et européens présents en Syrie seraient intéressés par ces propositions dont l’objectif reste «l’implantation de la charia», tout en comportant des opérations moins dangereuses que celles effectuées en Syrie, au Liban et en Irak. Aussi, sont-ils soumis à un noyautage contre la France sous prétexte qu’elle a mené «une croisade» contre al-Qaïda au Mali et qu’elle planifie d’encourager le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger à lancer une guerre contre les musulmans et leurs lieux de culte entre le Tchad, le Niger, le Mali… jusqu’au Nigeria. Des courtiers proches du Qatar font croire aux éléments armés que le sous-sol du Mali constitue la troisième mine d’or de l’Afrique, alors que le Niger recèle la plus importante réserve d’uranium en Afrique et que 80% des besoins en uranium de la France proviennent du Niger dont l’économie est contrôlée par la société française Areva, un géant de l’industrie nucléaire dans le monde. Des réseaux d’al-Qaïda avaient été appréhendés, la semaine passée, au Liban, en Egypte, en Tunisie et au Kenya…

Le Fateh veut s’imposer dans les camps
La visite de Azzam el-Ahmad, membre du comité central du mouvement Fateh, qui supervise l’organisation au Liban, était axée sur les activités de l’ex-responsable sécuritaire du Fateh, Mohammad Dahlan, et surtout sur sa capacité à percer ce mouvement dans les camps de Beyrouth, du Sud et du Nord.
Ahmad, révèle une source palestinienne, a participé à des réunions auxquelles ont assisté le trésorier Fathi Abou Ardat, commandant des forces de sécurité nationale, Sobhi Abou Arab, ainsi que d’autres cadres du Fateh, pour examiner le rôle de Jalila, l’épouse de Dahlan, dans le financement de certains responsables et institutions du Fateh, malgré une décision centrale de boycott de Dahlan à Ramallah. Tous ces conciliabules ont mené à des mesures structurelles radicales dont le licenciement du Dr Edward Kattoura et la formation d’une commission d’enquête, composée de membres de l’Iklim du Liban, qui interrogera le secrétaire général des comités populaires palestiniens au Liban, Abou Ayyad Chaalan et la responsable de l’équipe de la «Koufia», Houria el-Far, concernant leurs contacts avec Jalila Dahlan qui a inauguré des projets humanitaires dans certains camps. La source ajoute que des reproches ont été formulés à l’égard d’Ahmad qui n’a pas pris la peine de faire une tournée dans les camps pour s’enquérir de la situation des déplacés venus de Syrie, ou de rencontrer des responsables libanais pour expliquer le positionnement palestinien officiel par rapport à la résolution relative à l’échange de territoires avec Israël prise par la Ligue arabe.

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