Magazine Le Mensuel

Nº 2900 du vendredi 7 juin 2013

general

Le mammouth bientôt ressuscité?

Une expédition de scientifiques russes vient de mettre à jour une carcasse bien conservée d’un mammouth laineux femelle dans le sol gelé d’une île de l’Arctique. Une découverte qualifiée d’exceptionnelle, d’autant que du sang liquide et des tissus musculaires très bien préservés ont été retrouvés. De quoi relancer le vieux rêve du clonage du mammouth.
 
Les générations futures assisteront-elles à la renaissance du mammouth? Ce n’est pas impossible, si l’on en croit l’équipe de scientifiques russes qui a réalisé une découverte exceptionnelle, sur l’îlot Mali Lyakhovsky, dans l’océan Arctique, le 29 mai dernier. Si la mise au jour de carcasses de mammouth est devenue habituelle, c’est en revanche rare, selon les scientifiques de l’université sibérienne de Iakoutsk, d’en retrouver d’aussi bien conservées.

La carcasse du mammouth laineux femelle découverte dans l’Arctique était emprisonnée par le gel dans le permafrost de l’îlot de Mali Lyakhovsky. Alors que l’équipe russe s’affairait à dégager, en toute précaution, l’ossature de l’animal, quelle ne fut sa surprise de voir du sang couler! Semen Grigoriev, le chef de l’expédition, a confié sa stupéfaction à l’AFP. «C’est le cas le plus étonnant que j’aie vu dans ma vie», a-t-il déclaré. «Quand nous avons percé la glace sous son ventre, du sang a coulé, très foncé. Comment le sang a-t-il pu rester liquide? Il n’a pas moins de 10000 ans», s’est encore étonné le chercheur.
Comble de la surprise, la carcasse ne contient pas uniquement du sang liquide, mais aussi des tissus dans un état de conservation étonnant, rouges comme de la viande fraîche. Le mammouth femelle retrouvé, dont l’âge est estimé à une soixantaine d’années, aurait trouvé la mort en s’embourbant dans un marécage. Probablement mort de faim, l’animal préhistorique aurait ensuite été pris par le gel pendant près de 10000 ans.
Il n’en aura en tout cas pas fallu plus pour que les scientifiques russes renouent avec leurs rêves les plus fous. Comme celui de réaliser le projet de clonage d’un mammouth, selon les dires de Semen Grigoriev. Car en retrouvant du sang liquide et des tissus musculaires en apparence bien préservés, les chances de pouvoir en retirer de l’ADN exploitable ont augmenté. Reste à savoir toutefois, si la carcasse, et par conséquent le sang et les tissus, n’ont pas subi trop de dégradations climatiques, à force de gel et de dégel, empêchant le clonage.

Pour l’heure, la carcasse du mammouth femelle a été transférée dans une cavité dans le permafrost, lieu approprié pour sa conservation. «Cette découverte nous donne des chances réelles de trouver des cellules vivantes qui peuvent permettre de réaliser le projet de clonage d’un mammouth», a déclaré Grigoriev. En cas de succès de l’opération, un noyau de cellules du mammouth pourrait être transféré dans des ovules énucléés d’éléphant, afin de produire des embryons pourvus d’un ADN de mammouth. Ces embryons seront ensuite déposés dans l’utérus d’une éléphante d’Asie.
Toutefois, certains scientifiques estiment que ce clonage reste au stade de l’utopie pour au moins encore vingt-cinq ans. Sans compter que si l’opération revêt un intérêt scientifique certain, il n’est pas sûr en revanche, qu’un mammouth cloné parvienne à s’accommoder à notre environnement climatique. Par ailleurs, les techniques de clonage actuelles ne sont pas infaillibles, et la plupart des animaux qui en ont fait l’objet ont enregistré de faibles taux de succès, avec la mort comme point final.
Le vieux rêve russe de revoir des mammouths laineux gambader dans les plaines de Sibérie verra-t-il le jour? Réponse, peut-être, dans quelques dizaines d’années.

Jenny Saleh
 

Focus sur la dé-extinction
Parmi les espèces aujourd’hui disparues de la surface de la Terre, quelques-unes font l’objet de tentative de dé-extinction. Il s’agit de «ressusciter» via le clonage, des espèces éteintes depuis moins de 100000 ans. Exit donc les dinosaures, fort heureusement!
Si les Russes rêvent de faire renaître le mammouth laineux, les Australiens ambitionnent, eux, de ressusciter le tigre de Tasmanie, disparu en 1931. Un rêve utopiste, puisqu’il n’existe aucune espèce proche de ce carnivore marsupial.

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