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Nº 2904 du vendredi 5 juillet 2013

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Ahmad Fatfat, député du Liban-Nord. Khalil menace de torpiller Taëf

Ahmad Fatfat décèle une menace de la part du député Ali Hassan Khalil de torpiller l’accord de Taëf. Le député du Courant du futur pense que le cheikh Ahmad el-Assir est mort dans les combats.
 

A la lumière de la polémique constitutionnelle autour des prérogatives du Législatif et de l’Exécutif, que dites-vous au ministre Ali Hassan Khalil qui, en guise de réponse au président Mikati, a déclaré: nul n’a intérêt à ouvrir le débat sur la Constitution?
Il est clair que le député Ali Hassan Khalil menaçait de torpiller l’accord de Taëf, ce en quoi il rejoint des propos tenus par sayyed Hassan Nasrallah sur la nécessité d’organiser une Assemblée constituante, évoquée également par le général Michel Aoun à un moment donné. C’est une tentative de redéfinir les bases constitutionnelles. Il est vrai qu’il y a un énorme problème politique, mais il existe aussi un conflit d’ordre constitutionnel.

Vous avez dit menace. Auriez-vous peur de lui?
Il menace de saper Taëf et d’imposer un nouveau consensus constitutionnel. Je demande: sur quelles bases devrons-nous construire ce nouvel accord, sachant que c’est le Hezbollah qui contrôle le terrain? Lorsque nous disons que le président Nabih Berry n’est pas modéré, les propos du ministre Ali Hassan Khalil viennent le confirmer. Ce discours ne provient pas d’une instance modérée, mais d’une instance dont les milices, en 2008, ont pris d’assaut les maisons des députés dont celle de Ammar Houry, ainsi que mon bureau à Barbir. Ils ont hissé les drapeaux d’Amal dans la maison de mon collègue Houry après l’avoir vandalisée.

A votre avis, à quel point le général Michel Aoun pourrait réviser son alliance avec le Hezbollah?
Le général Aoun ne dispose d’aucune marge de manœuvre avec le Hezbollah. Leurs liens sont organiques et profonds. Nous avons assisté hier aux manifestations des journaliers et entendu des insultes proférées contre le ministre Bassil. Je ne pense pas que le général Aoun puisse aller loin dans ce sens. Quant au Hezbollah, il a ses priorités, ses convictions sécuritaires et politiques, ses relations avec l’étranger… Que le général nous prouve que nous n’avons pas raison à ce sujet.

L’ambassadeur saoudien, Ali Awad Assiri, était à Rabié. Serait-il possible que le général Aoun troque l’axe syro-iranien contre l’axe saoudien?
J’estime que le général Aoun essaie de mener une petite action pour faire chanter le Hezbollah. Les engagements pris et la justification de l’intervention du Hezb en Syrie prouvent que le général suit une autre orientation.

Ne croyez-vous pas que le général Aoun mise sur une ouverture sur Saad Hariri, par le biais de 
l’Arabie, dans la perspective des élections 
présidentielles? Dans le style, élisez-moi et obtenez tout ce que vous désirez…
C’est hors de question. L’expérience du général en politique n’inspire pas la confiance, pour qu’il puisse assumer de grandes responsabilités. C’est notre avis. Mais aussi, nous n’avons jamais refusé de dialoguer avec qui que ce soit, à condition de sauvegarder nos constantes au sein du 14 mars. Non seulement, la souveraineté et l’indépendance, mais aussi les armes et le tribunal international. Ce sont deux clauses essentielles, si le général Aoun est prêt à les adopter, il sera le bienvenu.

Quelles leçons tirez-vous des événements de Abra? Où est le cheikh el-Assir, est-il mort ou vivant?
Je n’ai aucune information sur la deuxième partie de votre question. On dit que le cheikh Assir est mort dans les combats! Nous avions formulé nos objections, dès les débuts d’Ahmad el-Assir. Je figure parmi ceux qu’il a décriés parce que je l’avais critiqué. Mais nous n’avons jamais contesté ses thèses partagées par tous les Libanais, mais le recours aux armes ne pouvait mener qu’à cette fin. La leçon doit être tirée non seulement du phénomène d’Assir, mais de ses conséquences ultérieures. Le sunnisme modéré a pris un sérieux coup suite aux positions du Hezbollah et du président Berry. Et ils continuent, comme s’ils voulaient laminer le sunnisme modéré pour le remplacer par l’extrémisme. Si les sunnites modérés tendent la main, à chaque fois, en vue de bâtir un Etat, ils ne trouvent personne de l’autre côté pour la saisir. Nous sommes face à l’alternative suivante: soit la modération poursuit son chemin en rejetant les armes et en refusant de se laisser entraîner dans un conflit armé, ou alors elle disparaît. Si jamais la main tendue continue à être ignorée, nous serons obligés de nous replier, et c’est l’extrémisme qui aura droit au chapitre. C’est ce que souhaite le Hezbollah. Il cherche à éliminer la modération, à l’assassiner… Il est malheureux que ceux qui défendent la modération participent par leur silence à l’abattre. J’ai adressé ces propos au député Walid Joumblatt et lorsque j’ai vu la façon dont le président Berry a agi, j’ai dit qu’il n’était pas modéré.

Propos recueillis par Saad Elias

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