Magazine Le Mensuel

Nº 2913 du vendredi 6 septembre 2013

Livre

Hedy Habra. Une Shéhérazade des temps modernes

Son nouveau livre, Flying carpets, vient de recevoir la mention honorable des arabes books awards 2013. Ces contes transportent le lecteur vers des lieux éloignés, des temples et des villages du Liban, de l’Egypte et d’ailleurs. Plongeon dans le monde merveilleux de Hedy Habra.
 

Silence, on voyage. Grâce à ses histoires qui rappellent la longue tradition des contes arabes, cette Shéhérazade sait parfaitement sortir sa baguette magique, celle de l’écriture pour créer, inventer et faire bouger des personnages inoubliables.
 

Le réel, l’imaginaire
Outre ces personnages, il y a des bateaux, des cuisines, de riches tapisseries qui évoluent dans un environnement réel mais aussi imaginaire. La première partie du livre, c’est le concret, notamment l’Egypte et le Liban. Hedy Habra a indéniablement le mérite de ressusciter nos souvenirs d’enfance, de nous replonger dans notre passé perdu, de nous immerger dans notre région. Dans la seconde partie de Flying carpets, et dans la suite des contes, les personnages deviennent moins enracinés dans le temps et l’espace. C’est notre imagination débordante qui devient le maître de jeu. Ainsi, l’auteur se déplace d’un espace à un autre, avec tant d’aisance qu’on se surprend à se poser la question: mais comment y arrive-t-elle? Cela est sans doute le fruit de ses divers déplacements, de son appartenance à de si nombreux endroits et cultures (voir encadré). L’auteur évoque ainsi dans ses histoires des souvenirs qu’elle a vécus. Des souvenirs convertis en symboles. Dans une interview, elle explique qu’elle est très influencée par Jorge Luis Borges. Ce dernier considère que la «mission de l’art est de transformer ce qui se passe en permanence en nous. De transformer toutes ces choses en symboles, en musique, en quelque chose qui peut durer dans la mémoire de l’homme. Un écrivain, ou tout artiste, a le devoir de métamorphoser tout cela en symboles». «Pour un poète, les symboles sont des sons et aussi des mots, des fables, des histoires, de la poésie», explique Hedy Habra. Elle a ressenti le besoin de recréer ces images apaisantes ou douloureuses qui l’ont touchée, afin de maintenir toutes les facettes qui forment son identité plurielle.
Dans son recueil de poésie Tea in Heliopolis, elle fait aussi revivre ses souvenirs. Avec ce titre, éponyme d’un poème du livre, elle déballe l’histoire d’une famille, tragique, belle et toujours exotique. Une histoire vue à travers les yeux d’un peintre. Ici, en effet, elle capture des détails évoquant des maîtres anciens et crée un monde inspiré des couleurs d’un Van Gogh. De la pure beauté.

Pauline Mouhanna

Pour plus d’informations sur Hedy Habra: http://www.hedyhabra.com

Bio en bref
Hedy Habra est née en Egypte et a grandi à Héliopolis, puis a vécu plusieurs années au Liban. Elle a quitté Beyrouth au début de la guerre civile. Elle a ensuite passé plusieurs années en Europe, avant les Etats-Unis.
Là, elle a obtenu une maîtrise en anglais et un doctorat en littérature espagnole de 
l’Université de Michigan. Habra écrit de la 
poésie et des romans en français, en espagnol et en anglais. Elle a déjà publié plus de 
150 poèmes et des nouvelles dans de 
nombreuses revues et anthologies. En plus de Flying Carpets et de son recueil de poésie, 
Thé à Héliopolis, elle a publié un livre de 
critique littéraire, Mundos alternos y Artísticos 
en Vargas Llosa.

Related

Les Arabes et la télé américaine. Le déchiffrage d’Evelyn Al Sultany

A la rencontre des Eglises premières de Jacques Debs. Sur la trace des lieux de culte

Iran, une histoire de 4000 ans

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.