Magazine Le Mensuel

Nº 2918 du vendredi 11 octobre 2013

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Jordanie. Pétra, légendaire et somptueuse

Il n’est pas nécessaire de s’envoler à l’autre bout de la planète pour s’offrir un dépaysement complet. On peut aussi se rendre à Pétra, souvent décrite comme la huitième merveille du monde, en Jordanie.

De gigantesques falaises rouges, des milliers de fois photographiées, un sanctuaire unique, niché dans des gorges étroites… La visite de Pétra, véritable fleuron touristique de la Jordanie, fait sans doute partie des incontournables, pour quiconque se rend dans le royaume hachémite. Pétra fut fondée vers le VIe siècle avant Jésus-Christ par les Nabatéens, un peuple de nomades qui s’établit dans la région et jeta les bases d’un vaste empire commercial s’étendant jusqu’en Syrie.
Souvent surnommée huitième merveille du monde, Pétra a toujours attiré son lot d’innombrables visiteurs, fascinés par cette cité taillée dans la pierre par les Nabatéens.
Un peuple arabe ingénieux qui s’était établi dans cette contrée peu hospitalière il y a quelque 2000 ans. A l’époque, la région constituait un carrefour stratégique, à la jonction des routes du commerce de la soie et des épices, reliant la Chine, l’Inde et l’Arabie méridionale à l’Egypte, la Syrie, la Grèce et Rome.
Véritable merveille érigée patiemment par l’homme, appuyé par Dame Nature, Pétra reste aujourd’hui un site incroyable, à couper le souffle.
Avant de pénétrer dans cette cité millénaire, les visiteurs doivent emprunter le «siq», une gorge étroite d’un peu plus d’un kilomètre, cernée de part et d’autre par des falaises abruptes culminant à environ 80 mètres. Rien que la traversée de ce canyon est saisissante. Mètre par mètre, les couleurs défilent harmonieuses et pourtant si différentes. Mais toujours surprenantes. On décèle aussi sur les roches des conduits d’eau bien visibles à l’entrée. Conduits que les Romains coupèrent pour assoiffer la population qui leur résistait.
Parvenus au bout de cet étroit passage, les visiteurs restent généralement béats d’admiration devant le Trésor. Al-Khazneh, puisque c’est comme cela qu’il se nomme en arabe, a de quoi surprendre. Il s’agit d’une imposante façade rose de 30 mètres de large et 43 mètres de haut, taillée à même le roc. Le Trésor est en fait le tombeau d’un roi nabatéen, Alerath III, taillé au début du 1er siècle. Le témoignage concret du génie du peuple nabatéen pour la construction.
La vallée de Petra recèle, bien entendu, de nombreux autres trésors. Pour visiter complètement le site, il faudrait, idéalement, pas moins de quatre à cinq jours. C’est dire.
Car la cité antique regroupe des centaines de tombeaux savamment creusés dans la roche, ornés de motifs compliqués. Des tombeaux qui ont pu traverser les siècles et résister aux multiples catastrophes naturelles, comme les séismes, sans pâlir, contrairement aux habitations, dont beaucoup ont été détruites. Pétra en héberge encore pas moins de 500, tous vides, mais qui restent fascinants et mystérieux.
Parmi les autres curiosités de la cité, un imposant théâtre nabatéen, de style romain de 3000 places. Impressionnant. Il fut creusé par les Nabatéens, au début de l’ère chrétienne afin d’accueillir des cérémonies religieuses. Les Romains l’agrandirent plus tard pour en faire un théâtre, et durent pour cela casser des tombeaux sur la falaise.
Les visiteurs peuvent également déambuler parmi les obélisques, temples, autels sacrificiels et rues à colonnades, avant de grimper au majestueux monastère Ad-Deir. Pour l’ascension, mieux vaut se préparer et être bien équipé, puisque l’on accède au site en montant un escalier de 788 marches – pas moins – taillées dans la falaise. L’effort sera récompensé une fois en haut. Imposant, l’édifice qui mesure 45 mètres de haut pour 50 mètres de large, a été taillé dans le grès jaune de la montagne. Son cadre sauvage et son état de conservation en font un temple impressionnant.
A visiter également, les deux musées installés sur le site. Le musée archéologique de Pétra et celui consacré à la civilisation nabatéenne regroupent des vestiges découverts dans la région au fil des fouilles et illustrent ainsi la richesse de la cité.
Autre site qui mérite l’attention, ce tombeau datant du XIIIe siècle, construit par le sultan mamelouk al-Nasir Mohammad, en hommage à Aaron, frère de Moïse. Un tombeau qui a, de surcroît, l’avantage de dominer le mont Aaron dans la chaîne du Sharah.
En quittant Pétra, sans doute à regret tellement le lieu est empreint de magie, les visiteurs peuvent aussi se rendre à une dizaine de kilomètres, dans le village néolithique de Beidha. Construit 7000 ans avant notre ère, ce village serait l’un des plus vieux du monde. On peut encore y admirer des ruines des habitations, ainsi qu’à l’entrée, des tombeaux partiellement restaurés.

Jenny Saleh

Un peu d’histoire
En dépit des tentatives du roi séleucide Antigone, de l’empereur romain Pompée et du roi Hérode le Grand pour soumettre Pétra au contrôle de leur empire, la cité resta sous la domination des Nabatéens jusqu’à l’an 100 après J.-C. avant de tomber aux mains des Romains. Elle était encore habitée à la période byzantine lorsque l’ancien Empire romain se tourna vers Constantinople, mais son importance déclina par la suite. Les croisés y bâtirent un fort au XIIe siècle, puis l’abandonnèrent peu après à la merci des populations locales. Pétra fut d’ailleurs surnommée la cité perdue, car malgré son importance dans l’Antiquité, elle fut effectivement perdue pour le monde occidental jusqu’après le XIVe siècle. Il faudra ensuite attendre le début du XIXe siècle où elle fut redécouverte par l’explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt en 1812. Celui-ci réussit à s’infiltrer à l’intérieur du site, en se faisant passer pour un Arabe venu d’Inde pour faire un sacrifice sur le tombeau du prophète Aaron.

A savoir avant d’y aller
Bien évidemment, il est interdit de se rendre sur le site de Pétra dans des véhicules motorisés. Toutefois, pour ceux qui n’auraient pas le courage de marcher toute la journée ou qui tout simplement n’ont pas la condition physique pour le faire, des chevaux ou des calèches peuvent être loués pour la traversée du «siq» et la visite des principaux monuments de Pétra. On peut aussi s’aventurer à dos de chameau, accompagné d’un guide.
Quant aux apprentis photographes, ils se délecteront des lumières somptueuses de Pétra, particulièrement en milieu de matinée ou en fin d’après-midi, quand les rayons du soleil ravivent les couleurs naturelles de la roche.

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