Magazine Le Mensuel

Nº 2927 du vendredi 13 décembre 2013

general

L’Or bleu. Un plan quinquennal pour un Liban meilleur

C’est en présence du président de la République Michel Sleiman et du président du cabinet désigné Tammam Salam, ainsi que de nombreuses personnalités politiques, économiques et médiatiques que le CIH a lancé son plan quinquennal pour une meilleure gestion de l’eau. Un projet ambitieux, apolitique, susceptible de rassembler les Libanais autour d’une richesse naturelle: l’or bleu.
 

L’objectif principal de l’association Civic Influence Hub (CIH), c’est l’optimisation de la gestion de l’eau au Liban, sous tous ses aspects. L’étude qu’elle mène, selon ses membres, présente une stratégie axée sur l’eau, étalée sur cinq ans, l’eau étant considérée une richesse nationale. C’est au Phoenicia que l’association a lancé sa campagne de collecte d’un million de signatures pour assurer la réalisation du plan. Des personnalités venues de tous bords s’engagent dans une immense campagne médiatique à travers des témoignages enthousiastes qui encouragent les Libanais à s’engager dans ce projet indépendamment de toutes considérations politiques, confessionnelles ou communautaires.
Le directeur exécutif du CIH, Ziad Sayegh, a évoqué les trois «5»: «Le plan est quinquennal et devrait être lancé en 2015, affirme-t-il. Il a un coût de cinq milliards de dollars financés par le secteur privé sans privatisation du secteur, et un résultat escompté d’un surplus d’eau de 500 millions de mètres cubes par an». «Blue Gold repose sur 40 initiatives qui forment un tout, poursuit-il: barrages, collecte de l’eau de pluie dans les bâtiments, reboisement, adoption de techniques d’irrigation plus économes comme le goutte-à-goutte… L’approche technique que nous avons adoptée se fonde sur l’idée que l’eau est une richesse nationale plutôt qu’une simple commodité de besoin. La nuance est de taille: nous ne pensons plus à l’eau en tant qu’un besoin qui doit être simplement assuré à l’abonné 24 heures sur 24, mais en tant que richesse que nous pouvons avoir en termes de surplus, de qualité accrue et de répercussions sur la balance commerciale, la sécurité alimentaire et la santé. Dans notre esprit, la question de l’eau ne se résume pas au stockage, elle a beaucoup plus d’ampleur que cela. Le plan prévoit aussi la création d’un centre national de contrôle de la qualité de l’eau, relié à des centres régionaux dans les mohafazats, ainsi qu’un centre de formation à la préservation de la qualité de l’eau, destiné à tous ceux qui sont concernés d’une façon ou d’une autre.
L’ingénieur Fahd Sakkal s’est arrêté sur les dimensions et les objectifs stratégiques de Blue Gold. «Nous avons choisi l’eau qui est au cœur de la vie humaine, dit-il, parce que le taux de précipitations au Liban est le plus élevé au Moyen-Orient».
Tandis que l’ingénieur Elie Gebrayel a dressé les lignes exécutoires nécessaires à la réussite du projet, malgré les obstacles en vue, Wafaa Saab a évoqué les impacts socioéconomiques de l’initiative: «Le cas de l’eau du Liban n’est pas comme celui du pétrole ou du gaz naturel qui ont besoin de forage, parce que c’est un phénomène que l’on retrouve sur des étendues géographiques. Ce projet  rassemble les personnes de différentes appartenances partisanes et religieuses, et vient prouver ses capacités à créer des impacts au niveau socioéconomique, ce qui suscite l’intérêt de tous les secteurs confondus à tous les niveaux».

En quoi consiste le projet?
«Bâtir un avenir radieux pour un Liban pérenne à travers l’exploitation durable de notre plus belle richesse, l’eau. Un groupe d’influence civil et apolitique, fort de l’appui et la participation active des citoyens libanais toutes classes, religions et régions confondues, peut transformer ce rêve en réalité tangible». C’est en ces termes que Clément Tannouri présente ce plan quinquennal. Le comité de direction (voir encadré) et toute l’équipe considèrent que le Liban, étant pris dans l’étau des conflits politiques sans espoir de voir bientôt le bout du tunnel, il est urgent d’offrir aux citoyens une solution nationale, capable de sortir le pays de l’impasse et, ce, en dehors des pressions politiques qui le minent. C’est ainsi qu’est apparue l’idée du projet l’Or bleu, résultat d’une vision, d’une volonté et d’une foi dans un Liban meilleur. L’Or bleu étant également, selon ses initiateurs, «la démonstration de ce que peut réaliser la société civile au service du Liban quand elle est motivée par une idée forte, un objectif puissant et le désir d’accomplir, en dehors de toute considération politique».
L’Or bleu est un plan visionnaire et innovant, selon ses instigateurs, «qui, après avoir satisfait la demande, pourra créer une réserve de 500 millions de mètres cubes supplémentaires à partir de 2020 dans sept ans. Cette réserve atteindra un milliard de mètres cubes en 2030, quantité équivalente en valeur d’aujourd’hui, à une richesse de deux milliards américains annuels mis à la disposition d’une nation entière. L’Or bleu propose des solutions globales et durables pour résoudre les problèmes de l’eau. La mise en œuvre d’une approche de la gestion intégrée des ressources en eau permettra d’atteindre d’ici 2020 les résultats concrets suivants: augmenter la disponibilité et la qualité de l’eau à travers tout le Liban. Economiser l’argent pour la consommation domestique. Offrir des opportunités de travail. Augmenter les revenus en permettant aux citoyens et au secteur privé d’investir dans le secteur de l’eau. Unir les Libanais autour d’un projet commun et contribuer à la richesse nationale».
Pour mettre ce projet en application et former un conseil national pour l’eau, loin de toute influence politique, les initiateurs ont besoin de rassembler un million de signatures qui seront présentées au gouvernement et au Parlement.

Danièle Gerges

L’association CIH
L’association Civic Influence Hub CIH est un groupe de pression de la société civile libanaise qui vise à initier la dynamique de changement et de développement des 
politiques sociales er économiques par le biais d’une action civile renforçant une participation et une option citoyennes dans le cadre de la loi et des institutions. Des individus représentant la société civile, de toutes les religions et sans aucune appartenance politique, ont décidé de joindre leurs efforts, de peser dans la société et d’apporter leur contribution financière dans l’espoir de construire, à long terme, une 
conscience nationale libanaise. Ces 
hommes et femmes se sont portés volontaires pour initier le changement d’un Liban miné par les divisions sociales, le clientélisme et les déséquilibres socioéconomiques pour un Liban fort et prospère, fondé sur la justice et des valeurs communes. L’objectif fixé est ambitieux. Pour l’atteindre, le CIH a adopté la stratégie de «l’économie fédérative» ou l’économie qui unit et comme moyen d’exécution l’initiation de 
projets socioéconomiques ayant un impact national de manière à combler les failles de la politique officielle.
Le comité de direction du CIH est formé de: Youssef Abillama, conseiller, Farid Chéhab, conseiller, Fadi Comair, président d’honneur de l’organisation des Bassins de la 
Méditerranée, Elie Gebrayel, conseiller, 
Naila Kettaneh-Kunigh, conseillère, Assaad Rizk, conseiller, Wafaa Saab, conseillère 
et Ziad el-Sayegh, CEO.

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