Magazine Le Mensuel

Nº 2935 du vendredi 7 février 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Siniora peu convaincant
Le chef des Forces libanaises, le Dr Samir Geagea, est resté intraitable. L’ex-président Fouad Siniora a tenté, en vain, de le convaincre d’intégrer le gouvernement en gestation pour qu’il soit couvert, côté chrétien, surtout que le patriarche Béchara Raï a déclaré dimanche que tout cabinet qui n’inclurait pas les principaux représentants des chrétiens était contraire au Pacte national. Le Dr Geagea est donc resté sur ses positions: il ne participera pas à un gouvernement d’union nationale tant que le secrétaire général du Hezbollah n’affichera pas sa disposition à respecter la déclaration de Baabda et à renoncer à l’équation: le peuple, l’armée, la Résistance. L’ex-Premier ministre a également pris contact avec les chrétiens du 14 mars pour les solliciter dans le cas où le général Michel Aoun refuserait les offres qui lui sont faites, et ne renoncerait pas aux portefeuilles qu’il convoite.

D’où vient l’idée de la rotation?
Le premier à avoir avancé l’idée de la rotation des portefeuilles est l’ex-Premier ministre Fouad Siniora, affirme le président Nabih Berry. C’est le chef du Bloc du Moustaqbal qui a soumis cette option au président désigné, Tammam Salam, qui a jugé bon de l’adopter. Le président de la Chambre, comme l’expliquent ces milieux, réfute les accusations de Rabié, qui estime qu’il a lancé l’idée de la rotation au niveau des directeurs généraux comme prélude à son application à toutes les fonctions. Les relations entre Rabié et Aïn el- Tiné, d’après l’ancien ministre qui rapporte l’information, seraient quasi rompues.

La France préoccupée par le Liban
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a confié à un ex-ministre libanais, l’attachement de la France à la stabilité du Liban, surtout à la veille de l’échéance présidentielle. Le diplomate a insisté sur l’obligation d’organiser l’élection dans les temps impartis par les textes constitutionnels, cela pour protéger les communautés chrétiennes dans ce pays. Les relations franco-libanaises, a ajouté Fabius, sont privilégiées et historiques surtout avec les chrétiens, en assurant qu’il œuvrait en coopération avec l’Union européenne dans le but d’éviter une vacance du pouvoir dont les conséquences sur l’avenir du Liban pourraient être fâcheuses.

Sleiman prêche la modération
Le président Michel Sleiman estime que le combat contre les groupes terroristes et takfiristes doit s’inscrire dans un plan national basé sur le renforcement des modérés de toutes les communautés, avancent des sources proches de Baabda. Le chef de l’Etat a défendu cette thèse devant des responsables internationaux, incluant les Iraniens. Lorsqu’une personnalité iranienne a abordé cette question, il y a quelques mois, avec le président, celui-ci a répondu: «Lorsque nous avons combattu des groupes similaires à ceux-là à Nahr al- Bared et Dinnié, la victoire que nous avons remportée était due à trois éléments dont l’union nationale en premier, la couverture complète de la communauté sunnite et, finalement, les sunnites tombés sur le champ d’honneur qui représentaient 80% de l’ensemble des martyrs. Mais lorsque le combat prend des allures de lutte communautaire, les extrémistes pourront attirer la bienveillance de leur environnement qui considèrera que la menace vient d’une autre communauté. Il faut donc encourager les modérés de toutes les confessions afin de cultiver un terrain favorable antiterroriste (…) Il est impératif que le respect reste le moteur des relations intercommunautaires, et que nous évitions d’emprunter la route qui mène à l’extrémisme».

14 février sans tambour, ni trompette
Le courant du Moustaqbal et ses alliés du 14 mars n’ont pas encore pris une décision en ce qui concerne la 9e commémoration de la disparition du président Rafic Hariri, malgré le court délai qui nous sépare du 14 février. Une mobilisation populaire, Place des Martyrs, étant écartée pour de multiples raisons (situation sécuritaire, absence du président Saad Hariri, agenda politique des ténors du 14 mars), le choix semble limité à un festival politique au Biel, ou à une visite au mausolée où repose le président du Conseil défunt, doublée d’une allocution prononcée pour l’occasion par l’ex-Premier ministre Fouad Siniora. Elle sera précédée la veille par un mot que Saad Hariri adressera aux Libanais.


Le futur président sera consensuel
Une personnalité libanaise, se basant sur des propos glanés dans plus d’une capitale européenne, estime qu’il est impossible, dans les circonstances actuelles, que le futur locataire de Baabda soit un président qui pose un défi pour l’un ou l’autre des deux camps en présence. Aucune chance donc pour Michel Aoun, Samir Geagea, Sleiman Frangié et Amine Gemayel. Recherché: un candidat consensuel agréé par les leaders chrétiens en général et maronites en particulier. Les débats qui ont lieu en coulisse, en parallèle à la mise sur pied du gouvernement, portent sur cette échéance cruciale.

 

 

 

 

 

 

Etonnants propos de Baydoun
L’ex-ministre Mohammad Abdel-Hamid Baydoun, l’une des personnalités les plus en vue du 14 mars, a appelé, usant d’un ton railleur, la coalition à participer au gouvernement, en l’invitant à assumer ses responsabilités sans arrogance. Une initiative dans ce sens du 14 mars, a-t-il ajouté, mettrait un terme au conflit chiite-sunnite et constituerait une garantie pour le pays. Ce camp, en intégrant le cabinet, empêcherait l’effondrement total étant le seul capable de sortir le Liban de l’impasse. Les propos de Baydoun ont interpellé les observateurs politiques.

Hale: pas de contacts avec le Hezbollah
Interrogé sur l’existence de contacts indirects avec le Hezbollah, via les canaux sécuritaires, l’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, a répondu clairement: «J’affirme de manière ferme qu’il n’existe aucun échange ni contact, direct ou indirect, entre le gouvernement des Etats-Unis et le Hezbollah. La raison en est fort simple: les acticités terroristes continues du Hezbollah ont engendré une situation qui nous a poussés à le considérer comme une organisation terroriste: tant qu’il n’y a pas de modification à cet égard, notre politique restera inchangée».

 

Des camps de réfugiés syriens au Liban
Après la baisse du débat sur l’installation de camps pour les réfugiés syriens en territoire libanais, un activiste dans le domaine de l’humanitaire révèle que ces camps sont devenus réalité. Les institutions internationales, arabes et locales ont réussi à contourner la politique du gouvernement qui refuse de légaliser cette initiative susceptible d’entraîner un changement démographique phénoménal. Ainsi, ce travailleur social a constaté une reconnaissance de ces camps du fait accompli dont la gestion en de nombreux points au Nord, dans la Békaa, et au sud du Mont-Liban, a été privatisée. Il s’agit de tentes misérables plantées sur des terrains privés que les propriétaires louent aux familles déplacées pour une somme de 100000 livres libanaises l’unité. Le bail est financé par des associations arabes, internationales et locales et les propriétaires monopolisent la fourniture des services tels que l’eau et l’électricité. Le problème est que toute cette infrastructure n’est soumise à aucun contrôle public ou civil et que le pourvoyeur de services est seul maître à bord. Cette «privatisation» ouvre la voie à toutes sortes d’abus, explique l’activiste qui témoigne avoir vu des propriétaires exploiter hommes, femmes et enfants réfugiés dans des travaux épuisants. Souvent, ces mêmes propriétaires saisissent les aides ou les cartes d’achat destinées aux réfugiés.

Congrès salafiste à Doha
Des dignitaires sunnites libanais ont participé à un congrès salafiste au Qatar, en présence de plusieurs représentants du courant dans nombre de pays arabes. Ce congrès est un prolongement d’un autre similaire qui avait eu lieu à l’automne, loin des feux des projecteurs, pour discuter de l’état des lieux des forces salafistes dans le monde arabe. Les débats ont été partiellement publiés dans une brochure, mais les travaux du congrès en soi n’ont pas été révélés à la presse, rapporte une source islamique. Elle met d’ailleurs en doute «l’existence d’une politique américaine visant à renforcer les salafistes sur la scène sunnite, à cette étape délicate où les Ikhwan qui étaient au pouvoir en Egypte enregistrent un cuisant échec, et que leurs confrères en Tunisie et en Libye perdent de leur influence».
La délégation du Comité des ulémas musulmans libanais qui s’était rendue à Doha, invitée par le ministère des Awkaf du Qatar, regroupait le président du comité, le cheikh Adnan Imama, son adjoint, le cheikh Khaled Arifi, et le cheikh Hassan Katergi, membre du bureau administratif. Le cheikh Imama a déclaré que la délégation avait demandé une aide financière au cours du congrès. Mais c’est le cheikh Katergi, principale personnalité du groupe, qui cultive d’excellentes relations avec le Qatar, l’Arabie saoudite et aussi la Turquie.

Assir à Aïn el-Heloué
Ahmad el-Assir s’était réfugié il y a sept mois, après les accrochages avec l’armée à Abra (Saïda), dans le quartier des Taware’ dans le camp de Aïn el-Heloué. Il y est toujours, affirme un haut responsable palestinien. Ce quartier échappe à l’autorité des mouvements palestiniens, surtout à celle du mouvement Fateh qui aurait désigné, dit-on, un nouveau responsable à sa branche libanaise dans le but d’améliorer l’efficacité de sa coopération militaire et sécuritaire avec les organes sécuritaires libanais pour contrer les mouvements terroristes incluant celui d’Assir. Parallèlement, un rapport traitant de la situation à Saïda indique que l’Armée libanaise a renforcé les mesures de sécurité à l’entrée nord de la ville, les Renseignements militaires ayant appris que des éléments radicaux s’apprêtaient à quitter le camp pour se diriger vers Beyrouth et la Békaa. La troupe continue d’ailleurs à pourchasser les membres du mouvement d’Assir. Elle a réussi, samedi passé, à arrêter Abdel-Koudous Chamandar, neveu du chanteur Fadl Chaker. Après l’arrestation de Abdel Koudous dans la région de Rmeilé, au nord de Saïda, une force des Renseignements a mené une perquisition à Abra dans l’appartement appartenant au dénommé Teryaki, beau-père de Abdel-Koudous, à la recherche d’indices condamnant Chamandar.

Provocations israéliennes
L’armée israélienne continue à faire de la provocation sur la ligne frontalière au Sud. Dernier exploit: l’installation de caméras de surveillance et d’appareils d’écoute sur des voitures près de la route entre Adayssé et Bint Jbeil. Des experts ont fait le lien entre ces installations et les déclarations de certains responsables israéliens qui ont dit craindre l’infiltration de groupes jihadistes en Galilée. Mais les experts ont relevé les soupçons formulés par des militaires israéliens concernant le creusage de tunnels par la Résistance sur l’axe frontalier pour permettre à ses combattants d’atteindre les colonies en Galilée, en cas de guerre. Ces experts mettent en avant l’incident qui a eu lieu près du mur de barbelés, face au village de Adayssé, lorsque l’énorme excavation creusée par les soldats de Tsahal a entraîné quelques explosions. Les militaires israéliens ont aussitôt procédé à l’extinction du feu déclaré dans l’excavation avant d’en sortir un corps inconnu qu’ils ont veillé à envelopper dans un drap blanc, sans appeler les ambulanciers. Le corps a été transporté rapidement dans un véhicule militaire, en présence d’officiers et de soldats venus sur le lieu du drame. Mais les experts mettent en doute les allégations selon lesquelles un soldat aurait été atteint de brûlures à l’intérieur du trou.

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