Magazine Le Mensuel

Nº 2950 du vendredi 23 mai 2014

HORIZONS

Réchauffement climatique. Un point de non-retour atteint

La fonte des glaciers situés en Antarctique semble désormais irrévocable. C’est en tout cas ce qu’affirment deux études scientifiques publiées la semaine dernière. En cause: le réchauffement climatique. Explications. Serait-il déjà trop tard? Deux études scientifiques, publiées la semaine dernière, portent sur l’accélération de la fonte des glaciers en Antarctique. En cause, le réchauffement climatique, une nouvelle fois pointé du doigt.
 

La première étude, publiée dans la revue Geophysical Research Letters par le glaciologue Eric Rignot, tire des conclusions alarmantes. Selon cet expert de l’université de Californie et de la Nasa, le recul des plus grands glaciers de la mer d’Amundsen, dans l’Antarctique de l’Ouest, «a atteint un point de non-retour». Pour parvenir à ces conclusions, Rignot a étudié des données incorporant pas moins de quarante années d’observation de ces glaciers. Selon lui, la fonte de six des plus grands glaciers de cette région − Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler − a déjà contribué de manière significative à la montée des océans. Le réchauffement aurait provoqué la fonte d’autant de glace dans l’océan que toute la banquise du Groenland. Soit suffisamment d’eau pour faire grimper le niveau des océans de la planète de 1,2 mètre!
Plus grave encore, selon la même étude, la fonte de ces glaciers pourrait aussi déstabiliser d’autres plaques de glace de cette partie de l’Antarctique et provoquer, potentiellement, une montée de trois mètres et plus au total, au cours des prochains siècles. «Ces glaciers seront un contributeur majeur à la montée des océans au cours des décennies et des siècles à venir», a souligné Rignot. Un constat qui nécessiterait, selon le scientifique, de réviser à la hausse, les projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Car jusqu’à présent, le Giec avait estimé à 90 cm l’augmentation du niveau des océans à cause de la fonte des glaciers, si aucune mesure n’était prise pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Une hausse du niveau de la mer qui ne serait pas sans conséquence pour les quelques dizaines de millions de personnes vivant en régions côtières.
Le plus inquiétant dans cette première étude est sans doute que «l’effondrement des masses de glace de cette partie de l’Antarctique paraît être irréversible», pour Eric Rignot. Et s’il pointe du doigt le réchauffement climatique, c’est parce que le recul des glaciers «se produit simultanément sur une vaste zone».
Dans ce contexte, la deuxième étude publiée la semaine dernière, dans la revue américaine Science, n’est guère plus rassurante. Celle-ci, présentée par le glaciologue Ian Joughin, de l’université de Washington, s’est principalement intéressée au glacier Thwaites. Il s’agit du plus massif de l’Antarctique occidental, avec une largeur de 120 kilomètres. Il est apparu, lors de l’établissement de cartes topographiques détaillées, que la désintégration de ce glacier avait bel et bien commencé. «Les simulations dans notre modèle informatique semblent indiquer une accélération (de la désintégration du glacier, ndlr) dans le futur, sans aucun mécanisme de stabilisation en vue», a expliqué Joughin. Thwaites serait donc voué à disparaître d’ici quelques siècles, faisant monter le niveau des océans de près de 60 cm à lui tout seul. L’effondrement de ce glacier pourrait intervenir au plus tôt d’ici 200 ans, et au plus tard dans plus d’un millénaire, selon la rapidité du réchauffement de la planète, ont établi les scientifiques. Le scénario le plus probable se situerait entre 200 et 500 ans, a souligné Ian Joughin.

 

Jenny Saleh

Les vents de plus en plus forts
Selon une étude australienne, les vents qui balaient les pourtours de l’Antarctique et jouent un rôle crucial dans le climat local, seraient les plus violents depuis mille ans. La faute une fois encore, mais en partie seulement, au réchauffement climatique.

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