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Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

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Habemus papas d’Antoine Assaf. L’expérience de la papauté

Réflexion sur la politique du Moyen-Orient des différents papes François et Benoît XVI, mais aussi sur la démission de ce dernier et du rapport de l’Eglise catholique à la science, à l’art et au monde, Habemus papas est publié aux éditions Le Centurion. Son auteur, Antoine Assaf, nous en livre le secret.
 

Pourquoi un livre sur la papauté?
C’est un livre né de mon séjour à Rome au moment où Benoît XVI présentait sa démission, une décision qui a étonné le monde. C’est alors que j’ai commencé à suivre cet événement de près, prolongeant mon séjour à Rome pour cette seule raison. Le récit faisait alors partie de ma vie quotidienne, tous les matins à attendre l’élection du nouveau pape. C’est ainsi que, de cette attente, est née une réflexion qui mélange les réflexions philosophiques, historiques et l’histoire de l’attente de l’élection du pape et son importance pour le monde entier. Cette élection n’est pas uniquement essentielle pour les chrétiens catholiques. J’ai pu mesurer que, quand il y a un pape à élire, c’est tout le monde qui attend les résultats d’un tel processus, vu que sa figure joue un rôle moral, de guide sans trop peser sur l’humanité. C’est une sorte de proposition universelle ouverte à tout le monde (à l’athée, au musulman, au chrétien, au bouddhiste, etc.) pour justement favoriser la paix et la raison dans le monde. Comme il y a eu deux papes qui allaient «vivre ensemble» (presque inédit depuis le schisme de l’Occident), j’ai décidé d’intituler mon livre Habemus papas.

Comment la démission du pape Benoît XVI a-t-elle été vécue?
Beaucoup de cardinaux ont critiqué la démarche du pape Benoît XVI lorsqu’il a démissionné. Certains ont considéré qu’une telle initiative risquerait de compromettre le temps, l’époque, puisqu’il s’agissait d’un homme équilibré, intelligent et calme et dont la personnalité allait de pair avec l’époque mouvementée dans laquelle nous vivons. Certains même ont été plus sévères disant que Benoît XVI allait avoir une responsabilité historique à l’égard des fidèles et des non-fidèles. Tenant à marquer la tradition ancestrale de l’Eglise catholique, le pape a prononcé sa démission en latin. Les raisons qui l’ont poussé à se retirer d’un tel engagement vont certainement au-delà de son incapacité physique à accomplir un tel devoir. Ce sont donc tous les problèmes qui s’offrent à l’Eglise, à savoir les différents scandales, les «dérapages» des cardinaux quant à leur vie intime, le problème des couples, des mariages des prêtres, du rapport de l’Eglise à tout ce que vit l’Europe, des homosexuels, des scandales financiers, etc. qui ont poussé Benoît XVI à remettre en question son élection.
 

Qu’en est-il du pape François?
Quand on voit ce que fait le pape François aujourd’hui, Benoît XVI avait raison de démissionner. Il faut comprendre que l’image papale est importante non pas parce que le pape est catholique, mais parce qu’il hérite d’une tradition d’une ville qui a fasciné et façonné le monde et notre culture, la ville des césars qui est devenue celle des papes. Le pape François est intervenu de manière très efficace par rapport au Moyen-Orient. Lorsque la guerre a éclaté en Syrie, il a refusé le bombardement du pays lorsqu’il s’agissait de «résoudre» le problème des armes chimiques. Plus encore, quand l’Etat islamique s’est déclaré en Irak, il a opté pour une force juste qui protège les minorités chrétiennes, kurdes, etc. Il n’a jamais et, dans aucun cas, appelé à la guerre, mais a toujours été en faveur du dialogue surtout avec le musulman.
Quant aux réformes apportées par l’Eglise catholique au cours de l’Histoire, il faut noter que Rome a toujours été ouverte à la science. L’affaire de Galilée, certains la connaissent mal: quand Galilée a été attaqué à Florence par ce «prêcheur fanatique», Rome n’a pas tout à fait condamné les thèses de ce premier. Elle a, au contraire, laissé la liberté philosophique de Galilée jusqu’à même la comparer aux libertés artistiques. Enfin, ce qui reste central pour Rome, c’est l’homme, l’âme humaine.

 

Propos recueillis par Natasha Metni

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