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Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

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La campagne d’Abou Faour. Place à une loi sur l’hygiène alimentaire

La campagne de fermeture des établissements contrevenant aux standards de santé publique se poursuit jusqu’au Parlement où les Commissions étudient l’adoption d’une loi générale sur la sécurité alimentaire.

 

Mardi, le ministre de l’Economie Alain Hakim ordonne à six usines, appartenant aux entreprises Laqlouq, Kaïssar, Massabki, Centre Jdita, Chtaura Dairy Products et Hawa Dairy, de suspendre leur fabrication de labné et de retirer du marché les produits mis en cause. Sur les treize échantillons prélevés dans les unités de production de produits laitiers inspectées par les services du ministère, six «ne répondent pas aux standards bactériologiques et chimiques libanais». Les taux de natamycine – ou E235, un agent conservateur conçu pour limiter le développement de champignons – et d’acide citrique relevés se sont révélés largement supérieurs aux taux maximaux autorisés et provoquent des risques sur la santé publique, notamment auprès de la femme enceinte. Selon le ministère, les industriels en question avaient jusqu’à présent ignoré leurs avertissements. Les usines pointées du doigt n’ont pas été fermées, les autorités donneront le temps aux industriels de mettre leurs produits aux normes.

La campagne, lancée tambour battant, par le ministre de la Santé Waël Abou Faour, s’est poursuivie jusque dans le Sud où vendredi dernier, plusieurs abattoirs, restaurants et détaillants ont été fermés. Lundi, le ministre a tenu à répondre aux industriels, aux restaurateurs et aux professionnels du tourisme, qu’il a rencontrés et qui lui ont reproché de ternir la réputation du pays. «Il ne s’agit pas de vengeance», a martelé Abou Faour, «mais d’une campagne de réformes qui vise à améliorer la sécurité alimentaire».

 

Les Commissions s’activent
Cette campagne se poursuit au sein des Commissions parlementaires conjointes, qui se sont réunies cette semaine. Trois lois sont aujourd’hui à l’étude. A celle présentée, il y a plus de dix ans, par l’ancien ministre Bassel Fleyhan, s’ajoutent les projets de loi présentés par le président de la Commission parlementaire de la Santé, Atef Majdalani, par l’ancien Premier ministre, Najib Mikati, et le député Ahmad Karamé. Une sous-commission composée des députés Atef Majdalani, Yassine Jaber, Bilal Farhat, Toni Abou Khater, Elie Marouni, Assem Aragi, Walid Khoury et Alaeddine Terro sera chargée d’unifier les trois projets de loi dont la mouture sera remise le 8 décembre prochain.
Aux premières mesures médiatiques et spectaculaires prises par Abou Faour, va donc succéder un laborieux travail de l’ombre qui risque de faire des remous (voir encadré). «J’espère que le dossier ne sera pas politisé», a déclaré le ministre, indiquant la nécessité de «passer à une étape supérieure». Abou Faour entend associer la justice à ses efforts. «Nous ne pouvons plus être tolérants avec quiconque entrave les règles de l’hygiène alimentaire». Il s’est entretenu cette semaine avec le ministre de la Justice, Achraf Rifi, et le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, afin d’évoquer la création d’un parquet pour l’hygiène alimentaire.
Prochaine cible annoncée du ministre, les sociétés d’eau minérale qui vendent leurs produits sans licence des autorités sanitaires. «Nous n’avons rien à signaler en ce qui concerne les 14 compagnies qui vendent de l’eau minérale en bouteilles et qui détiennent les permis conséquents. Toutefois, la qualité de l’eau potable, vendue par des compagnies sans permis, laisse à désirer», a expliqué le président de la Commission parlementaire des Travaux publics, de l’Energie et de l’Eau, le député Mohammad Kabbani, qui compte coopérer avec Waël Abou Faour.

J. A-R.

 

Le Conseil national?
Les trois lois sur la sécurité alimentaire, étudiées par les Commissions parlementaires, préconisent la création d’une entité interministérielle qui contrôlerait le travail de veille et de surveillance des denrées alimentaires mises sur le marché. Un projet vieux de plusieurs années qui n’a jamais pu aboutir. En cause, le périmètre du pouvoir de cette instance qui rognerait sur les prérogatives des ministères de la Santé, de l’Agriculture, de l’Industrie, de l’Economie et du Tourisme. «Tous les ministères sont jaloux de leurs prérogatives», a expliqué le ministre Waël Abou Faour, présent à la dernière réunion des Commissions parlementaires mixtes, «mais j’ai rappelé aux ministères concernés que l’hygiène alimentaire passe avant tout. Il m’importe qu’il y ait une instance indépendante qui suive régulièrement le dossier. Les ministères doivent poursuivre leurs efforts afin qu’une telle instance voie le jour».      

 

 

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