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Nº 2992 du vendredi 13 mars 2015

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Colloque

Les femmes en première ligne de la Fondation May Chidiac. «Et Dieu créa la femme»

La fondation May Chidiac a organisé sa conférence annuelle Les femmes en première ligne. L’invitée-vedette de cet événement, Claire Chazal, directrice et présentatrice des nouvelles sur TF1, a subjugué l’auditoire par sa présence et sa pondération. Au menu, plusieurs tables rondes traitant de sujets concernant les femmes avec des interventions masculines bien soutenues dont celle du journaliste américain Jim Clancy, ancien présentateur vedette de la chaîne CNN.

Les femmes en première ligne (WOFL), organisée par la Fondation May Chidiac, a eu lieu pour la troisième année consécutive à l’hôtel Phoenicia. Au cœur de cette conférence, des femmes qui ont contribué au changement dans divers domaines. Elles apportent leurs témoignages, évoquent leur succès, mais aussi leurs échecs. Le but de cette initiative étant d’inciter les femmes à poursuivre leurs passions et à transformer leurs rêves en réalité. L’invitée vedette de cette journée était sans conteste Claire Chazal qui, pendant près d’une heure, a répondu aux questions de l’écrivain Alexandre Najjar qui l’interrogeait sur le parcours de sa vie et son métier. La journaliste préférée des Français a évoqué la situation actuelle de son pays, notamment après les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo. «En France, dit-elle, nous tenons absolument à la liberté d’expression. Donc, même si nous ne partageons pas l’esprit qu’un média véhicule, le droit de s’exprimer existe en France et nous en sommes des défenseurs acharnés. Je suis extraordinairement privilégiée de vivre dans cette partie du monde mais, par ailleurs, j’ai le sentiment de vivre dans un pays qui fait face à des défis dont celui du vivre-ensemble, de la laïcité, de la violence, de l’intolérance… quoique je ne m’associe pas à ce discours défaitiste qui sévit actuellement…». La machine de propagande de l’Etat islamique diffuse des images choc de violences et de tueries. Les médias doivent-ils boycotter ces images ou les diffuser? A cette question, Claire Chazal répond qu’en effet ce point délicat fait l’objet de concertations au sein des directions des médias. «La réflexion nous conduit à expurger les images et à ne pas diffuser celles de terroristes comme ils le souhaitent mais, en même temps, nous nous demandons si  ce n’est pas le déclic nécessaire pour déclencher des réactions». Selon quels critères se fait le tri de l’information? Pourquoi, par exemple, les chrétiens qui se font massacrer en Orient ne sont pas suffisamment évoqués dans les journaux télévisés? «Quand l’information est urgente, elle est largement traitée, dit-elle, mais je comprends la frustration des victimes quand les médias passent à un autre sujet. Malheureusement, un dossier chasse l’autre». Dans un autre registre, Claire Chazal indique que l’auditoire français reproche aux médias de devenir anxiogènes et de trop s’attarder sur les drames de l’étranger. Les journalistes tiennent compte de ces remarques en préparant le journal. Sur la parité en politique, la journaliste française souligne: «Certes, il est contraignant et artificiel d’imposer les choses, mais il faut peut-être passer par les lois, le temps que l’idée se répande dans les habitudes et la culture».
D’intéressants débats ont également eu lieu portant sur divers sujets dont Les femmes en politique, débat dont l’ancien ministre Ziad Baroud était le modérateur et les participants: Reem Abu Hassan, ministre jordanienne, Raya el-Hassan, ancienne ministre libanaise, Fawzia Ben Fedda, députée tunisienne, et Moushira Khattab, ancienne ministre égyptienne. Les thèmes abordés étaient Les femmes dans l’entrepreneuriat, Les femmes dans les finances, Les femmes et le sport, Les femmes et les ONG, Les femmes influentes dans les reportages sur la guerre… des sujets passionnants et des intervenants très professionnels ont apporté leurs témoignages et partagé avec les participants leurs expériences dans ces divers domaines de la vie publique.
Des personnalités du monde politique, diplomatique, médiatique, des femmes engagées dans divers mouvements féministes ou autres ont apporté leur appui à ce qui est désormais devenu un événement attendu. L’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, a fait part de l’admiration qu’il porte à May Chidiac: «Tu es, lui dit-il, un modèle pour les femmes dans le monde. Et une société ne peut bien se porter que si la femme y contribue», assurant au passage que l’ambassade américaine au Liban travaille de pied ferme pour promouvoir la place de la femme dans tous les domaines publics. Lama Salam, l’épouse du Premier ministre Tammam Salam, a exposé la situation de la femme au Liban, en insistant sur le fait qu’elle doit être protégée de toutes les formes de violence perpétrées à son encontre. Elle a ajouté que la femme libanaise mariée à un étranger doit avoir le droit de donner sa nationalité à ses enfants. Pour sa part, May Chidiac a très vite donné le ton, en plaçant son allocution sur le thème Et Dieu créa la femme, en ajoutant qu’elle est féminine et non féministe. «La fondation May Chidiac, dit-elle, est ravie de discuter, dans le cadre de ce colloque, des difficultés auxquelles font face les femmes dans l’une des régions les plus houleuses du monde, le Moyen-Orient». La journaliste a débuté son allocution en rendant hommage au public, surtout aux hommes politiques aounistes présents pour la première fois à cet événement: Alain Aoun et Gilberte Zouein. Bien que, précise-t-elle, la fondation est apolitique et concerne tout le monde. Parmi les invités, Bahia Hariri qui a remis son voyage pour être présente, Wafaa Sleiman, Marwan Hamadé, Mona Hraoui, Hadi Hobeiche, Farès Souhaid, Nabil de Freige, Solange Gemayel, Salim Sayegh, Fadi Karam, l’ambassadeur de France, Patrice Paoli…

Danièle Gergès

Jim Clancy se dévoile
Jim Clancy a récemment quitté la scène médiatique, le 16 janvier, et s’adonne désormais à son autre passion, la photographie. Au cours de la conférence, il revient sur sa démission de la CNN qui a suscité maints commentaires et analyses d’autant plus que cela faisait 35 ans, qu’il était une figure de la chaîne US et, qu’à de nombreuses reprises, il avait été récompensé pour ses reportages à travers le monde. Le divorce entre la CNN et Clancy intervient après une polémique sur Twitter. L’ex-vedette de la chaîne US commentait la tuerie de Charlie Hebdo lorsqu’il a été interpellé par Oren Kessler, personne influente dans les réseaux sionistes néoconservateurs américains. Il a été accusé de mettre en cause Israël dans l’affaire des caricatures de Mahomet.

Trois questions à Claire Chazal
D’une élégance raffinée, sans chichis ni maquillage, avec une simplicité déconcertante, la vedette du journal télévisé de TF1 a répondu aux questions de Magazine.

Vous êtes dans le journalisme depuis très longtemps, la révolution du numérique et des moyens de communication met-elle en danger les médias traditionnels?
Pour ma part, je ne me suis pas totalement engagée dans ce système. J’ai besoin de mon crayon, de mon papier. Mais, en effet, nous sommes actuellement soumis au défi que représente la propagation instantanée de l’information. C’est inquiétant, mais c’est également stimulant.

On vous reproche souvent de manquer de punch avec vos invités, en somme de ne pas être assez «agressive» dans vos questions. Est-ce votre façon d’être?
Oui, je ne suis pas agressive avec mes invités. Je considère que, certes, je dois arriver à une réponse claire et franche de leur part, mais je n’estime pas que pour cela je dois les agresser et les mettre mal à l’aise.

Le moment le plus fort que vous avez vécu, vous qui avez rencontré les plus grandes personnalités du monde?
Mon métier me procure de grandes joies et j’ai la chance formidable de pouvoir le pratiquer. Mais le moment le plus intense de ma vie a été la naissance de mon fils.

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