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Paul Khalifeh

Netanyahu isole l’Occident

Israël a choisi «la voie du racisme, de l’occupation et de la colonisation» de préférence à celle des négociations. Ce commentaire de l’OLP, après le triomphe inattendu de Benyamin Netanyahu aux élections parlementaires israéliennes, mardi, est pertinent. Le Premier ministre sortant ne s’est pas embarrassé de gants de velours lors de sa campagne électorale. En authentique sioniste, il a cultivé, dans son discours, le sentiment de la peur, qui constitue le ciment de la société israélienne depuis la fondation de l’Etat, en 1948. La peur des Arabes, en promettant qu’il s’opposerait à la création d’un Etat palestinien, et la peur des Perses, en s’opposant résolument à un accord sur le nucléaire iranien, entre Téhéran et l’Occident. Qu’il soit dit en passant que le Premier ministre israélien n’a jamais eu l’intention d’accepter la création d’un Etat palestinien, qui n’est absolument pas sur son agenda ni sur celui de la communauté internationale dans un avenir proche. Les négociations entre Palestiniens et Israéliens sont de toute façon interrompues depuis des années. Pour ce qui est du dossier du nucléaire iranien, Netanyahu a joué toutes ses cartes au Congrès américain et ses capacités à empêcher un accord sont minces, sinon nulles. Barack Obama a clairement exprimé son intention d’user de son droit de veto pour neutraliser l’opposition des Républicains, et un éventuel accord entre l’Iran et les grandes puissances sera renforcé par une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies.
Un peu partout dans le monde, analystes et journalistes ont donné à peu près la même lecture des conséquences des résultats du scrutin israélien: Benyamin Netanyahu va accentuer «l’isolement» de son pays sur la scène internationale. Cependant, cette interprétation est soit naïve, soit hypocrite. Certes, les dirigeants américains et européens ne sont pas particulièrement contents de voir Netanyahu rempiler pour un nouveau mandat. Mais ce n’est pas parce qu’ils sont inquiets du blocage du «processus de paix», qui n’existe pratiquement plus, ou de ses modestes capacités de nuisance dans les négociations avec l’Iran. Le mécontentement de ces dirigeants vient du fait que la victoire du Premier ministre israélien les embarrasse au plus haut degré, car elle les place devant leurs responsabilités. Comment vont-ils réagir face à un homme qui annonce ouvertement son refus obstiné de la création d’un Etat palestinien et qui, de surcroît, navigue à contre-courant en militant contre un accord avec l’Iran? Comment vont-ils traiter avec un homme qui demande aux pays occidentaux de faire prévaloir la vision d’Israël sur les intérêts supérieurs de leurs nations respectives?
Comme cela a toujours été le cas, ils ne feront absolument rien. Ils feront semblant seulement de dénoncer l’extrémisme de la direction israélienne; ils regretteront la lenteur du «processus de paix»; crieront victoire pour avoir obtenu de l’Etat hébreu, après d’âpres négociations et de honteuses supplications, l’allègement partiel des mesures prises à un check-point pour autoriser les femmes sur le point d’accoucher de se rendre à un hôpital; se frotteront les mains après avoir convaincu Tel-Aviv de restituer à l’Autorité palestinienne quelques misérables petits millions de dollars de recettes douanières… qui appartiennent de toute façon aux Palestiniens…
Il est sans doute vrai que les dirigeants occidentaux détestent Benyamin Netanyahu, parce qu’à cause de lui, ils ont perdu la dernière feuille de vigne qui dissimulait leur impuissance.

Paul Khalifeh

 

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