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Nº 3003 du vendredi 29 mai 2015

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Abbas Hachem, député de Jbeil (CPL). Pas de souveraineté sans partenariat

Dans un entretien avec Magazine, le député de Jbeil, Abbas Hachem, membre du Bloc du Changement et de la Réforme, explique l’initiative présidentielle du général Michel Aoun, qui n’a pas cessé de faire couler beaucoup d’encre, et les principales réactions à celle-ci.
 

En quoi consiste la proposition du général Michel Aoun pour débloquer la présidentielle et pourquoi certains disent qu’elle est contraire à la loi?
Dans tout système démocratique, le peuple est la source de tout pouvoir. Avec le renouvellement du mandat de la Chambre, il n’y a plus une véritable démocratie d’où la nécessité de trouver une solution qui redonnerait au peuple son rôle. La proposition du général Aoun comporte plusieurs points. Le premier, organiser un référendum ou une consultation populaire qui montrerait le poids véritable de chacun et dont le résultat serait obligatoire pour les députés qui ont prorogé leurs mandats. Rien n’est contraire à la loi dans cette démarche. Ensuite, puisque nous sommes dans un système confessionnel, cette consultation populaire sera effectuée, dans un premier tour, au niveau des chrétiens et à celui de toute la population (chrétiens et musulmans) au second tour pour les deux personnes qui seront en tête de liste. A partir de là, les députés se rendent au Parlement et élisent un président. C’est de cette manière que l’on pousse les musulmans à accepter un véritable partenariat. Avec ce procédé, on redonne au peuple, source de tout pouvoir, son véritable rôle.  

Comment a été accueillie cette proposition?
Certains l’ont lue avec mauvaise foi, car ils possèdent une mentalité autoritaire, individualiste, arbitraire et exclusive, qui n’accepte aucun partenariat. Ils vivent de leur pouvoir financier et de l’appui de l’extérieur. D’autres l’ont lue en se basant sur leurs intérêts personnels, sûrs que le résultat de ce référendum sera dans l’intérêt du général Michel Aoun. Et c’est de là que vient leur opposition. Il y a aussi ceux qui ont été embarrassés et n’ont pas pris position, car ils sont sur une payroll et la lutte entre le pouvoir et l’argent les empêche de le faire. Ils veulent les deux à la fois. Il y a aussi ceux qui ne s‎’y intéressent pas du tout et qui attendent de voir quelle partie va l’emporter pour prendre position. Mais cette proposition a eu au moins pour avantage de montrer aux Libanais le véritable responsable du blocage: le Courant du futur et ses affiliés. Elle a eu aussi pour résultat de provoquer une réaction dans des eaux calmes et de briser la stagnation politique. Elle a également prouvé que le système politique est incapable de présenter des solutions, car nous sommes le seul pays au monde qui n’a pas de référence interne. Elle a remis en cause le système politique même. Le président Najib Mikati a déclaré que Taëf n’est pas sacré et que nous avons besoin d’un moins que Taëf mais de plus que Doha. Mohammad Safadi a estimé qu’il fallait reconsidérer le partenariat. Walid Joumblatt a dit qu’il était temps de discuter de quelque chose.

Quel a été le résultat de la tournée que vous avez effectuée auprès des principaux dirigeants?
Le Courant du futur a totalement rejeté cette proposition sans même la lire en raison de l’accord entre le CPL et le Hezbollah. Cet argument ne tient pas parce qu’ils avaient refusé le général Aoun avant son entente avec le Hezbollah. En 2005, c’est bien le Futur qui était l’allié du Hezbollah. Le refus est motivé par leur rejet de tout partenariat. La position des Forces libanaises n’est pas claire à cause de la contradiction entre l’intérêt et la prétention. Najib Mikati est terrorisé par l’idée du recouvrement par les chrétiens de leurs droits. Mohammad Safadi est avec le développement du régime politique. Michel Murr cherche une façon de tourner la page du passé et appuie la proposition du général Aoun. Quant à Amal et au Hezbollah, ils sont pour cette proposition.

On entend dire qu’actuellement le général Michel Aoun cherche à hausser le plafond…
Le refus de se faire tuer est un droit légitime. L’assassinat moral est plus douloureux qu’un assassinat physique. Respecter la Constitution et la loi est un devoir. La protection des droits et leur recouvrement est une question de principes et de valeurs. Il faut faire comprendre à l’autre que l’autoritarisme est révolu. Finie aussi l’époque des contradictions entre la souveraineté et le partenariat. Il n’y a pas de souveraineté sans partenariat et c’est le partenariat qui produit une véritable souveraineté. Qu’on ne demande plus jusqu’où on pourrait aller: il faut être ou ne pas être!

Où en est le dialogue avec les Forces libanaises?
Il est toujours au stade de dialogue.
 

Propos recueillis par Joëlle Seif

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