Magazine Le Mensuel

Nº 3005 du vendredi 12 juin 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Que pense Salmane du Liban?
Abordant le sujet de la présidentielle, le roi Salmane d’Arabie saoudite a souligné, devant la délégation ministérielle libanaise présidée par le Premier ministre, Tammam Salam, en visite à Riyad, l’importance d’élire un chef d’Etat consensuel capable de communiquer avec toutes les parties et pays étrangers afin d’agir en faveur du Liban. Selon une source ministérielle, le roi s’est également enquis de la situation sécuritaire et politique, appelant à tenir le Liban à l’écart des problèmes qui le dépassent. Il a rappelé que lorsqu’il venait autrefois à Beyrouth, les divergences entre responsables existaient, mais quelques heures plus tard, ils se retrouvaient à des occasions sociales ou autres de façon à maintenir le contact. L’essentiel, a ajouté le monarque saoudien, c’est que le Liban ne subisse pas le poids des discordes. La source ajoute que le roi Salmane a qualifié le président Nabih Berry de «sage» et de «rationnel», insistant sur le fait que les communautés au Liban peuvent représenter un modèle de coexistence aux yeux du monde. Après avoir demandé: que fait le Hezb en Syrie? Il a assuré que les critiques et accusations formulées par certains contre l’Arabie n’affecteront pas les relations fraternelles entre les deux pays.

 

Blocage sans démission
Le Courant patriotique libre, le Hezbollah, les Marada et le Tachnag ont collectivement décidé de geler l’action du gouvernement jusqu’à ce que ce dernier règle le sort des nominations sous forme d’un package global incluant la sécurité intérieure et l’armée. Si jamais le cabinet s’abstient, les ministres du 8 mars refuseront de débattre toute autre clause en se basant sur le protocole agréé par le Conseil des ministres, après la vacance de la présidence, qui octroie le droit d’opposition à un minimum de deux composantes de l’équipe. Si ce scénario a lieu, le ministre Nouhad Machnouk sera contraint, conformément à ses prérogatives, de proroger le mandat du général Ibrahim Basbous pour éviter le vide institutionnel. Mais les forces d’opposition considèreront cette prorogation illégitime. Elles participeront à toutes les séances en continuant à bloquer tout débat qui ne porte pas sur les nominations. Donc blocage, sans boycottage, et sans démission.

Présidentielle: le dernier souci des Américains
Un politique libanais, qui s’est entretenu avec un responsable américain non civil, qui visitait récemment le Liban, a l’impression que l’échéance présidentielle libanaise ne figure pas sur l’agenda américain. Le responsable a tenu des propos tranquillisants: «Le séisme qui frappe la région ne touchera pas votre pays. Washington veille plus que jamais à la sécurité et la stabilité du Liban et veut le maintenir à l’abri des répliques sismiques. Nous ne voulons pas perdre le Liban, c’est pourquoi nous continuerons à renforcer les forces militaires et sécuritaires pour qu’elles puissent faire face au terrorisme». L’homme a, par ailleurs, posé plusieurs questions sur le Hezbollah et sur la perception que le peuple en a depuis son implication dans la guerre syrienne… et dans le Qalamoun. Il a poursuivi assurant que le principal danger pour les Américains, c’est que le Liban tombe entre les mains du Hezbollah, c’est pourquoi ils évitent de provoquer le parti chiite. Aussi a-t-il passé en revue tous les scénarios possibles dont le plus dangereux consiste en la rupture par le Hezbollah de l’équation interne actuelle en renversant carrément la table pour imposer une nouvelle formule.

Le gouvernement reste
Les milieux du Moustaqbal et du 14 mars semblent rassurés sur le sort du gouvernement, non seulement à cause de la position du président Nabih Berry, grand défenseur du maintien du cabinet, mais parce que la survie de l’équipe que préside le Premier ministre, Tammam Salam, convient à toutes les parties:
– Le cabinet confère une certaine stabilité au Hezbollah, alors que le parti s’enlise dans les sables mouvants syriens. Cela contribue à alléger la pression dans les régions sous son influence, menacées par d’éventuelles opérations terroristes de représailles.
– Le gouvernement maintient le Moustaqbal à la tête de l’Exécutif avec un pouvoir qui lui permet: un, de limiter la percée du Hezbollah dans les institutions publiques et, deux, d’assurer des services à ses sympathisants.
– Pour le général Michel Aoun, le cabinet lui assure la possibilité de faire partie de la prise de décision, alors qu’il mène sa campagne pour la présidentielle et sa bataille pour le commandement de l’armée.
– Le président Salam a intérêt à poursuivre sa mission de Premier ministre consensuel et modérateur. Il reste en tête de liste des candidats à la présidence d’un futur gouvernement rassembleur.

Les trois milliards s’évaporent
Le don saoudien d’une valeur de trois milliards de dollars octroyé à l’armée a été suspendu, malgré les démentis de Riyad. Et cela pour trois raisons:
– L’émergence de divergences entre Français et Saoudiens sur les commissions et le taux de change.
– Les modifications techniques et financières introduites dans le contrat par les Français.
– L’évaluation négative faite par les Saoudiens de l’avenir de la conjoncture libanaise.
L’Arabie craint l’intensification de l’influence du Hezbollah sur l’Etat et sur ses décisions et l’accession à la tête de l’armée d’un chef proche du parti chiite.

 

Le CPL mécontent de Machnouk
«La décision prise par le ministre Nouhad Machnouk de reporter la mise à la retraite du général Ibrahim Basbous, le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), pour une période de deux ans est la preuve évidente qu’on cherche à nous éliminer», estiment les milieux du CPL. D’après ces milieux, Machnouk a évité de nommer l’officier ayant le grade le plus élevé pour remplacer Basbous pour que «cela ne constitue pas un antécédent et qu’ils soient contraints de désigner un nouveau commandant à la tête de l’armée». Des sources proches du général Michel Aoun indiquent que dès le début, le ministre de l’Intérieur n’a pas été très transparent avec Rabié, il a contourné une échéance cruciale en contrevenant à la Constitution qui impose la tenue d’élections partielles en cas de vacance d’un siège parlementaire en l’espace de deux mois. Le renouvellement du mandat du général Basbous auquel il a procédé est également illégal, ce qui prouve que Machnouk n’est pas branché sur la connexion entre Rabié et Saad Hariri».

Deux approches du cas de Ersal
Deux courants se tiraillent au sein du Moustaqbal au chapitre de Ersal, selon les sources du 8 mars.
Le premier courant est celui du président Fouad Siniora, et de quelques leaders du Nord, qui œuvre au maintien des groupes armés dans le jurd dans l’idée d’exercer des pressions militaires sur le régime syrien, et de soumettre le Hezbollah à un chantage, même si cela doit intensifier les dangers sur la scène interne.
Le deuxième, celui du ministre Nouhad Machnouk, et dans certaines limites, celui de Saad Hariri et du chef de son bureau, Nader Hariri, qui croit que l’affaire de Ersal doit être réglée pacifiquement, vu les pertes que pourraient subir les habitants du village et l’Armée libanaise si jamais une couverture politique est accordée à une intervention de la troupe. C’est pourquoi il faut d’abord démanteler les camps des réfugiés dans les alentours de Ersal et les transférer ailleurs dans la Békaa.

Pour et contre Roukoz
Les points forts et les points faibles du général Michel Aoun dans sa bataille pour le commandement de l’armée se résument comme suit.
Les points forts:
– L’unanimité, même au sein du 14 mars, dont jouit le général Chamel Roukoz. Tout le monde reconnaît ses compétences et son intégrité.
– L’appui que lui apporte le Hezbollah.
– L’attitude du député Walid Joumblatt qui a créé la surprise en soutenant la candidature de Roukoz et qui a conseillé à Saad Hariri d’en faire de même.
Les points faibles:
– La conjoncture régionale qui a contraint le Moustaqbal à réviser ses priorités.
– La situation sécuritaire interne, surtout à la frontière syrienne et la guerre ouverte contre le terrorisme prise en charge par l’armée.
– L’attitude du président Nabih Berry qui sert pratiquement la prorogation du mandat du général Jean Kahwagi et qui synchronise ses options, sous la table, avec Hariri.

 

Rupture entre les Ikhwan du Liban et Téhéran
Les relations politiques entre les Frères musulmans du Liban, d’un côté, et Téhéran et le Hezbollah de l’autre, sont ébranlées. Une instance intéressée par l’unité islamique indique que les tentatives de rapprochement visant à réunir toutes ces parties se sont soldées par un échec. La Jamaa islamia s’achemine vers un affrontement avec le Hezbollah. Le dernier congrès en date du Comité des ulémas musulmans qui s’est déroulé dans un hôtel à Hamra constitue le creuset de cette altercation. Les attaques contre Téhéran et le Hezbollah ont constitué le thème principal de ce congrès, qui regroupait pour la première fois les Ikhwan et les courants salafistes wahhabites qui partagent une même lecture politique de la conjoncture libanaise et régionale. La Jamaa accuse le nouvel ambassadeur d’Iran à Beyrouth d’avoir refusé de la recevoir, alors que des milieux proches de Téhéran démentent l’accusation et estiment que la Jamaa trouve des justifications aux attaques terroristes qui ont eu lieu à Beyrouth dont certaines ont directement ciblé le siège de l’ambassade.

Les communistes entrent en guerre
Le parti communiste a décidé de donner le feu vert à ses partisans désireux de combattre les terroristes qui attaquent leurs villages et leurs régions. Des sources proches du commandement estiment que la campagne de brouillage menée par d’ex-cadres du parti ne changera rien à cette orientation qualifiée de courageuse. Si des journalistes du 14 mars ont voulu démentir l’information par la bouche de «sources supérieures» du parti, ce n’est pas à cause de l’apport militaire des communistes sur le front, mais à cause de la force politique et morale que cette décision peut avoir. Parce que la présence des gauchistes libanais sur les lignes de front ouvrira la voie aux volontaires du mouvement communiste et socialiste arabe et international qui désirent se mobiliser contre le terrorisme politique islamiste. Le secrétaire général du parti communiste, Khaled Hdadé, avait déclaré, selon des sources fiables, que le parti combattra les takfiristes comme il a combattu Israël.

Israël inquiet par la puissance du Hezbollah
Tel-Aviv est mal à l’aise avec l’accroissement de la puissance militaire de la Résistance, assure un expert militaire, tout en étant impuissant à mettre un terme à cette progression stratégique. Il suffit d’une simple comparaison entre les capacités de la Résistance au début de l’occupation israélienne entre 1978 et 1982 et celles des années post-libération allant de l’an 2000 à ce jour. Le Hezbollah a réussi, indique l’expert, à former un combattant aux aptitudes diverses, qui s’est ensuite spécialisé pour rejoindre des groupes à la pointe comme l’ingénierie ou les communications. Au cours des dernières années, est apparu le résistant entraîné à se mouvoir et à utiliser les armes de façon synchronisée dans le cadre de formations combattantes. En 1982, les feux de la Résistance n’avaient pas la latitude, avec les moyens disponibles à l’époque, de neutraliser les forces ennemies. Mais, aujourd’hui, ses ressources sont énormes. Le Kornet russe a pris la place de son prédécesseur le RPG 7. Sont également apparus les missiles Raad et ceux de longue portée Fajr qui se sont substitués aux Katioucha. L’arsenal que possède la Résistance en matière de DCA, de défense maritime, de drones… a foncièrement modifié la structure de dissuasion face à Israël qui vit dans l’inquiétude.

Virginité retrouvée pour al-Nosra?
D’après un diplomate des pays du Brics, l’Union européenne et, en particulier, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se jouent de la sécurité internationale. Le dernier congrès de Paris a rappelé que ce diplomate, qui réside à Beyrouth, a ignoré le rôle d’al-Qaïda et de Daech dans le déversement de l’émigration illégale vers le nord de la Méditerranée. Le ministre français prône un projet visant à embellir le Front al-Nosra, branche d’al-Qaïda dans les pays du Levant, pour le transformer en «opposition modérée» en Syrie. Fabius, selon cette source, propose aux Européens de combiner les dossiers du Hamas palestinien et d’al-Nosra – deux formations inscrites sur la liste des mouvements terroristes – afin d’entamer le dialogue avec eux et de les attirer dans les rangs de la modération, sous prétexte qu’ils bénéficient d’une base populaire. «C’est une invitation à une promenade en enfer», déclare le diplomate qui rappelle la récente interview télévisée d’Abou Mohammad el-Joulany, précisant que la coordination entre Israël, la Turquie et certains pays arabes pour approfondir le conflit communautaire au Moyen-Orient et au nord de l’Afrique menace la pluralité religieuse au Liban, en Syrie, en Egypte et en Irak…

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