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Nº 3005 du vendredi 12 juin 2015

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POLITIQUE

Sami Gemayel, candidat à la présidence des Kataëb. «J’appelle les musulmans à se rallier au parti»

C’est un Sami Gemayel confiant et déterminé, fort d’un programme politique moderne et osé, qui a fait une entrée triomphale dans son fief à Bickfaya, où il a tenu une conférence de presse. Une occasion d’annoncer sa candidature à la tête du parti Kataëb et de présenter son projet électoral baptisé Un projet libanais. Les élections se dérouleront le dimanche 14 juin.

Entouré des députés, des ministres et de plusieurs ténors du parti Kataëb, Sami Gemayel a annoncé sa candidature à la tête du parti, doté d’un programme politique complet, qu’il a élaboré avec le plus grand soin, n’occultant aucun volet. Il était accompagné de ses camarades, qui ont été à ses côtés depuis longtemps. Des camarades doués, engagés, des jeunes de la nouvelle génération, dont il est très proche et qui, certainement, joueront un rôle prépondérant à ses côtés à l’avenir. Ils étaient tous là en ce jour solennel, discrets, affairés, le suivant d’un regard bienveillant. Certes, Sami Gemayel se présente à la présidence d’un parti fondé par son grand-père, Pierre Gemayel, et dirigé durant de longues années par son père Amine Gemayel. Mais il serait réducteur de voir dans son accession à la présidence des Kataëb une simple affaire d’héritage familial. Pour rendre justice à ce jeune homme fonceur et passionné, parfois jusqu’à l’inconscience, nous devons nous rappeler son parcours de citoyen. Il s’est engagé en politique dès son jeune âge, n’hésitant pas parfois à se démarquer de sa famille et de son parti, à se rebeller contre les diktats traditionnels et figés. Il a défendu avec acharnement le Liban à l’époque de l’hégémonie syrienne, tenant à être aux premiers rangs des manifestations organisées contre le système sécuritaire syro-libanais, ne craignant pas d’être arrêté par les forces de sécurité et jeté en prison pour ses idées politiques.
C’est donc  après de longues années de lutte que le jeune homme est parvenu à s’imposer dans le paysage politique et personne n’a été étonné lorsqu’il y a près d’un mois, le président du parti, Amine Gemayel, a annoncé dans une conférence de presse qu’il ne présenterait plus sa candidature à la tête du parti «parce qu’il est temps, dit-il, de céder la place à la relève et d’effectuer des changements qui serviront au mieux les Kataëb et le Liban».  
Tous les regards se sont tournés alors vers Sami Gemayel, attendant l’annonce de sa candidature. C’est chose faite avec, à l’appui, un programme électoral basé sur une continuité de ce que le parti a, depuis toujours, prôné mais avec de nouvelles idées plus modernes et osées.
Décentralisation, privatisation, neutralité, pluralisme, instauration d’un Etat civil, adoption du mariage civil, ouverture sur toutes les parties libanaises, transparence, renforcement du rôle de la femme… pour un Liban à «100 pour 100 made in Lebanon», telles sont les grandes lignes développées dans la conférence de presse. «Nous demandons aux citoyens musulmans de rallier le parti, clame Sami Gemayel, et de joindre les efforts pour construire ensemble le Liban. C’est tous ensemble que nous pouvons aborder sereinement les problèmes qui paralysent le pays et dépasser toutes les peurs communautaires et confessionnelles». «Le projet des Kataëb est un projet libanais et seulement libanais. A 100 pour 100 made in Lebanon (en allusion au célèbre slogan lancé par son frère Pierre Gemayel, alors qu’il était ministre de l’Industrie). Ce n’est pas un projet pour une personne, ou un projet confessionnel, c’est un parti pluraliste, ouvert à tous et nous allons dialoguer avec toutes les parties sur base de nos constantes. C’est un espace ouvert à tous les Libanais de toutes les régions, de toutes les communautés, de toutes les classes sociales. Ce n’est pas le parti d’un «zaïm», mais d’une équipe de travail homogène qui discute et réfléchit en commun». Insistant sur le fait que le citoyen libanais n’a plus confiance dans les partis à cause de leur suivisme et leur allégeance à l’étranger, il a assuré que le parti Kataëb est indépendant, transparent sur tous les plans et ne reçoit ni ordres ni argent de certains pays à l’instar de ce que certains font.
 

La neutralité du Liban
«Il est temps de mettre un terme à la dilapidation et à la corruption, assène-t-il, de libérer le citoyen du clientélisme, de libérer les secteurs productifs, d’en privatiser certains, d’encourager les investissements et de mettre frein au chômage… Nous, le parti des citoyens honnêtes et propres, il n’y a pas de place parmi nous aux voyous ni aux corrompus…. nous sommes libres et nous le resterons. Nous serons extrémistes dans notre défense du Liban, dans notre défense des droits des citoyens, nous serons la voix de ceux qui n’ont pas de voix… Il est temps de construire une société saine, basée sur deux grands principes: le droit à la différence et à une citoyenneté véritable… La  neutralité du Liban est nécessaire, le passé nous ayant appris que nous ne devons pas parier sur l’étranger. Il faut soutenir l’Armée libanaise, seule susceptible de défendre le Liban». Le député du Metn a déclaré qu’aucun pays ne peut croître et se développer en présence d’armes illégales. Dans un autre registre, il a prôné l’instauration d’un Etat civil et demandé que tout soit mis en œuvre pour que le mariage civil soit contracté au Liban. Il a certifié que la femme doit jouer un rôle plus actif, notamment sur le plan politique, assurant qu’au sein du parti, elle occupera des postes de première importance.
Il a conclu en rendant de vibrants hommages aux martyrs du parti, à ses compagnons de route de 1997 à 2005, à Boutros Khawand, à Bachir Gemayel, au fondateur des Kataëb, Pierre Gemayel, à Amine Gemayel… et c’est, les larmes aux yeux, qu’il évoquera son frère Pierre. Se tournant vers Nadim Gemayel assis dans les premiers rangs, il lui dira: «J’ai perdu mon frère qui a été assassiné, sois ce frère dont j’ai tant besoin». Façon subtile de mettre terme aux ragots qui évoquaient une certaine froideur entre les deux cousins et de faire part d’une volonté farouche de resserrer les rangs, tous les rangs au sein du parti qu’il souhaite tourné vers l’avenir.

Danièle Gergès

Portrait express d’un militant de terrain
Il est né le 3 décembre 1980, devenu homme politique libanais élu député au Parlement en 2009. Descendant d’une puissante famille politique maronite, il est le petit-fils de Pierre Gemayel, fondateur du parti Kataëb, fils d’Amine Gemayel, président de la République de 1982 à 1988, neveu de Bachir Gemayel, président de la République élu et assassiné en 1982, et frère de Pierre Amine Gemayel, ministre de l’Industrie assassiné en novembre 2006. Chef de la section estudiantine des Kataëb à la fin des années 1990, étudiant en droit à l’Université Saint-Joseph, il se distancie quelque peu des positions de son père et de ses alliances vers 2004-2005 en adoptant un point de vue plus radical sur la solution des crises libanaises, qu’il rattache davantage aux composantes identitaires et à une décentralisation du pays. Dans ce sens, il lance officiellement, en octobre 2006, le mouvement Loubnanouna (Notre Liban), avec un groupe de jeunes cadres avec lesquels il a milité au cours de ses études universitaires. A la suite de l’assassinat de son frère, il retourne au parti Kataëb pour prendre la tête du Service des jeunes et des étudiants, avant de devenir coordinateur de la Commission centrale du parti. Le 7 juin 2009, il est élu député au Parlement au siège maronite et recueille 47 688 voix dans le caza du Metn-Nord. Le 3 juin 2015, il annonce sa candidature à la présidence du parti.
Source: Wikipédia

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