Magazine Le Mensuel

Nº 3005 du vendredi 12 juin 2015

Religion

Une ostension extraordinaire du Saint Suaire. «L’Amour le plus grand»

«C’est avec beaucoup d’espoir et aussi un peu de crainte que j’ai la joie de vous annoncer qu’aura lieu dans la cathédrale de Turin, une ostension extraordinaire du Saint Suaire… dans le cadre des célébrations du bicentenaire de la naissance de saint Jean Bosco, père et maître des jeunes…». Par ces mots, S.E. Mgr Cesare Nosiglia, archevêque de Turin et gardien pontifical du Saint Suaire, annonçait l’ostension du Saint Suaire (19 avril-24 juin 2015) qu’il plaçait sous la devise «L’Amour le plus grand».  
La première exposition, ce siècle, du «Suaire de Turin» a eu lieu en l’an 2000, à la cathédrale Saint-Jean Baptiste de Turin, où il est conservé de façon permanente depuis 1578. Le pape saint Jean-Paul II avait annoncé, à cette occasion, que la prochaine exposition serait en l’an 2025, ce qui coïncide avec la prochaine année sainte de l’Eglise catholique.
Cependant, le 2 juin 2008, le pape Benoît XVI annonçait, qu’à la demande de l’archevêque de Turin pour avancer la date de l’exposition au public du Linceul, il donnait son accord pour une ostension extraordinaire qui se tiendrait du 10 avril au 23 mai 2010.
Le pape Benoît XVI s’est rendu à Turin pour vénérer le Saint Suaire, le 2 mai 2010, où il dit: c’est un «miroir de souffrances». Comme lui, plus de trois millions de pèlerins sont venus de par le monde et aussi du Liban.
Le pape François disait dans son message à l’occasion de l’ostension télévisée du 30 mars 2013: «A travers le Saint Suaire, nous arrive la Parole unique et ultime de Dieu: l’Amour qui s’est fait homme, incarné dans notre histoire… Ce visage défiguré ressemble aux innombrables visages d’hommes et de femmes par une vie non respectueuse de leur dignité, par les guerres et les violences qui frappent les plus faibles…».
Le pape François fera le pèlerinage au Dôme de Turin pour cette ostension le 21 juin 2015.
J’ai eu souvent des doutes sur l’authenticité des reliques en général, mais le Linceul de Turin m’a toujours fasciné. Je suivais les nombreuses recherches qui se faisaient sur celui-ci, ces dernières décennies. Même si le Linceul est le plus étudié de toutes les reliques christiques, les chercheurs ignorent toujours son origine.
«Le Suaire de Turin n’est pas une supercherie fabriquée au Moyen Age», déclare, en janvier 2005, Mechthild Flury-Lemberg, l’historienne suisse du textile. Elle continue: «Rien ne permet d’affirmer que le Suaire de Turin ne date pas du Ier siècle de notre ère». Depuis que cette historienne, mondialement réputée, a eu le privilège de restaurer le Linceul en 2002, elle est convaincue que le tissu a bien enveloppé le corps du Christ.
En 1998, Sa Sainteté le pape Jean-Paul II disait: «Le Suaire est une provocation à l’intelligence… La mystérieuse fascination du Suaire pousse au questionnement sur le rapport entre le Lin sacré et le parcours historique de Jésus».
Avec le regard scientifique, je reste sur ma faim quoique je dois admettre que les dernières découvertes scientifiques ont quand même réduit mon scepticisme sur l’authenticité et l’origine du Linceul. Mais qu’importe, car l’expérience que j’ai vécue en 2000, 2010 et en mai 2015, quand j’ai pu m’approcher, prier en silence et méditer devant cette image du Suaire, m’a fortement marqué: authentique ou pas, la question ne se posait plus! Cette prise de conscience de la Passion du Christ, cette image silencieuse du Crucifié avec les marques de violence infligées à Jésus durant sa Passion, telles que décrites dans les Evangiles, nous transporte à la Semaine Sainte avec une intensité pas connue auparavant. Le Suaire me rappelait Jésus, qui est l’origine de ma foi, et me faisait réfléchir aux derniers moments de sa vie: Jésus-Christ a souffert, est mort pour moi, comme dit saint Pierre «Par ses blessures, nous sommes guéris». Durant cette contemplation, je me rendais compte de l’amour de Dieu pour les hommes, en aimant jusqu’au bout, avec cette souffrance dont le Suaire est le dernier signe visible sur cette terre. Le Suaire n’est pas la preuve de l’existence de Jésus ni de sa mort, encore moins de sa résurrection. Il n’est pas le fondement de la foi, mais il peut aider dans l’approfondissement de sa foi.
Le Saint Suaire, image des souffrances du Christ, avec tous les éléments de la Passion de Jésus-Christ qui sont visibles, nous renvoie à toutes les souffrances autour de nous et nous rappelle que la Lumière vient avec la résurrection du Christ, ce qui nous donne espoir pour un monde meilleur et surtout un Liban «message». Car ce symbole de spiritualité est aussi important pour les Eglises d’Occident que pour les Eglises d’Orient. C’est un signe de l’ancrage que voulut établir durant des siècles l’Occident avec une Terre Sainte, en Orient.

 

Sami Antoine Khalifé
Cofondateur, secrétaire général du Gladic*

 

*Gladic: groupement libanais d’amitié et de dialogue islamo-chrétien – Beyrouth.

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