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Nº 3014 du vendredi 14 août 2015

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Alice Chaptini, ministre des Déplacés. «Aoun se prendrait toujours pour le chef de l’armée»

«Les aounistes versent dans la provocation. Ils vivent dans un état de guerre permanent, continu. Alors que la population a besoin de paix et de stabilité. Ils n’ont de considérations pour personne. Certes, ils sont représentatifs de la rue chrétienne, mais ils ne sont pas les seuls. Il y a d’autres forces politiques qui existent aussi». Interview d’Alice Chaptini, ministre des Déplacés, qui ne mâche pas ses mots pour dénoncer l’attitude du général et de ses partisans.
 

«Sage et pertinente», c’est ainsi que vous avez qualifié la décision du ministre de la Défense Samir Mokbel qui a décidé de prolonger le mandat des responsables militaires. N’est-ce pas une réaction délibérément provocante envers le général Michel Aoun?
Je ne me conduis pas en général de la sorte. Ce n’est pas ma personnalité, ni mon style. En déclarant cela, je ne fais que mon devoir et ne provoque personne. A maintes reprises, Samir Mokbel a indiqué que si les ministres ne s’entendent pas sur des nominations, il prendra la décision nécessaire parce qu’il ne souhaite pas qu’il y ait vacance au niveau des institutions militaires. C’est ainsi que le report de la date du départ des responsables militaires et de Jean Kahwagi a été décidé. Ce sont les aounistes qui versent dans la provocation. Ils vivent dans un état de guerre permanent, continu. Ils tiennent toujours des discours d’escalade. Alors que la population a besoin de paix et de stabilité. Ils n’ont de considérations pour personne. Certes, ils sont représentatifs de la rue chrétienne, mais ils ne sont pas les seuls. D’autres forces politiques existent aussi. Le général insiste sur le partage des pouvoirs entre musulmans et chrétiens, alors qu’il souhaite accaparer lui-même tous les pouvoirs au sein de sa communauté. Il s’agit de consolider la coopération interchrétienne avant d’aller réclamer une coopération islamo-chrétienne. Il ne fait que donner des ordres à tout le monde, c’est à se demander s’il se prend toujours pour le commandant en chef de l’armée.

Le général Michel Aoun considère qu’il est temps de consolider le rôle des chrétiens au sein de l’Etat. C’est pourquoi il hausse le ton, disent ses partisans… Cela vous dérange?
Moi aussi je considère que le rôle des chrétiens doit être consolidé, mais il y a d’autres façons de le faire. Lui fonce aveuglément. Il veut descendre dans la rue, mais pourquoi ne le fait-il pas pour l’électricité par exemple qui, elle, est presque totalement dysfonctionnelle?

Parlant d’électricité, vous l’avez provoqué indirectement en sous-entendant que personne ne sait où sont dépensées les sommes allouées pour ce ministère. Pourquoi cette rage contre lui? De quoi lui en veut au juste Michel Sleiman?
Michel Sleiman ne veut que l’intérêt du Liban. C’est à Michel Aoun qu’il faut poser cette question, lui qui ne fait que nous calomnier à longueur de journée. Pour en revenir à l’électricité, oui nous sommes en droit de demander où tout cet argent a été dépensé. Que sont devenues les promesses faites de résoudre le problème en 2015, alors qu’il n’en est rien? Depuis que je suis au gouvernement, je demande où sont les deux milliards dépensés annuellement pour l’électricité et je ne reçois aucune réponse. Je n’accuse personne, mais je veux savoir.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, est au Liban. Quelles seront les répercussions de sa visite sur la situation politique dont l’élection d’un président de la République?
C’est une visite très importante. C’est un appui direct au Hezbollah. L’Iran a et aura encore un plus un grand rôle à jouer dans la région. L’Iran est même devenu plus important que l’Arabie saoudite. L’Etat libanais doit profiter des aides proposées par ce pays et les accepter pour consolider les institutions notamment militaires. En ce qui concerne la présidence, ce sujet va être certainement discuté et peut-être résolu. Je pense que le prochain président ne sera ni du 14 ni du 8 mars, bien que les Iraniens vont insister pour l’élection d’un homme du 8 mars.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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