Magazine Le Mensuel

Nº 3016 du vendredi 28 août 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Si Salam s’en va…
Il sera impossible, selon un diplomate arabe, de former un nouveau gouvernement si jamais le cabinet Salam bascule. Il faudra alors prévoir une dégradation économique et sécuritaire parce que la situation échappera à tout contrôle. Le diplomate considère que le Moustaqbal devrait être vigilant et prendre les mises en garde de sayyed Hassan Nasrallah au sérieux… Le jeu de la démission du Premier ministre comporte des dangers et donne au Hezbollah un prétexte pour exécuter son plan qui mènera à une nouvelle version du 7 mai. L’Egypte et l’Arabie saoudite estiment, d’après le même diplomate, que Tammam Salam est la personne la plus adaptée à cette étape transitoire en l’absence d’un président de la République.

 

Affligeant statu quo
Le Premier ministre Tammam Salam est forcé de déterminer ses choix: soit il prend en compte la thèse du Bloc du Changement et de la Réforme pour parvenir à une entente sur un mécanisme de prise de décision ou alors il annonce clairement à l’opinion publique que son gouvernement se contente d’assurer «la protection de la dernière institution étatique». C’est l’avis d’un ministre qui estime que le maintien du statu quo est inacceptable. Il faut absolument, dit-il, faire un pas en avant… ou en arrière pour briser l’immobilisme.

Session parlementaire problématique
L’obstacle réel qui entrave l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement concerne la participation du bloc aouniste, l’inscription de la loi électorale et celle pour la récupération de la nationalité à l’ordre du jour de la première séance. Le document d’entente, signé entre les Forces libanaises (FL) et le Courant patriotique libre (CPL), prévoit que les deux formations politiques ne se présenteront pas à une séance parlementaire qui n’a pas enregistré ces deux clauses à son ordre du jour. D’après les informations, le général Michel Aoun a donné son approbation pour l’ouverture de la session extraordinaire afin d’amender la loi de la Défense et le relèvement de l’âge de la retraite des militaires. Mais le président Nabih Berry aurait réagi en invitant les députés du Bloc du Changement et de la Réforme à signer le décret relatif à l’ouverture de la session, «Après, on verra!». Refusant que des conditions préalables lui soient imposées. L’ordre du jour relève des prérogatives du chef de l’Assemblée et du bureau du Parlement.

Berry, peu convaincu par Aoun
Les éclaircissements imprécis donnés par le général Michel Aoun, qui clame la non-légitimité du Parlement, tout en considérant que tout ce qui en émane est légal selon le critère du fait accompli, sont rejetés par le président Nabih Berry. Celui-ci refuse, par respect pour l’Assemblée, d’élire une personne qui la qualifie d’illégitime. «Je ne ferai pas de commentaire, aurait dit Berry. Tant que certains considèrent le Parlement comme illégitime, je n’écouterai personne».

 

 

Ibrahim entre Rabié et Aïn el-Tiné
Le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, poursuit sa navette entre Rabié et Aïn el-Tiné pour compléter les consultations entreprises en vue d’une sortie de crise politique et gouvernementale. «Tant que les discussions restent ouvertes, insiste le général Ibrahim, c’est que la porte n’est pas fermée et qu’un règlement reste possible puisque les intentions vont dans le sens de l’apaisement». Il a, par ailleurs, démenti avoir transmis au général Michel Aoun des propositions précises, tous les sujets litigieux étant à l’ordre du jour.

Un trio sur la même longueur d’onde
Loin du tapage médiatique, Aïn el-Tiné a été le théâtre d’une réunion, en présence du président Nabih Berry, de l’ex-Premier ministre Fouad Siniora et du député Walid Joumblatt, consacrée à la crise gouvernementale et aux issues possibles. Berry, pour rester en harmonie avec le Hezbollah qui soutient Michel Aoun, a émis des réserves sur l’adoption du vote majoritaire au sein du Conseil des ministres, comme le suggéraient Joumblatt et Siniora. Finalement, les participants ont préconisé la réactivation du cabinet d’après la vision du président de la Chambre, qui appuie la tenue d’une réunion du gouvernement à la majorité de ses membres et soutient les choix de son président, en donnant la priorité aux dossiers d’urgence notamment financiers.

Les paris du Moustaqbal
Le Moustaqbal est fort contrarié. Les protestations du CPL ont réussi à estropier le gouvernement établi sous la bannière du parti de Hariri. Mais il semble que ce dernier soit décidé à poursuivre le combat contre les revendications aounistes en se basant sur l’analyse suivante: le cabinet Salam bénéficie d’une protection interne et externe qui l’empêche de sombrer quelles que soient les pressions exercées sur lui. Il faut donc focaliser sur les incidences négatives du mouvement aouniste, en insistant sur le fait que le gel du gouvernement entrave le paiement des salaires des militaires et du secteur public. Par ailleurs, il faut tenter, pour discréditer le CPL, de mettre l’accent sur le fossé qui le sépare de l’armée, en misant sur les efforts conjugués du président Nabih Berry et du député Walid Joumblatt pour faire face aux débordements aounistes.

Joumblatt-Arslan: le fossé se creuse
Division aiguë entre les bases joumblattiste et arslanienne dans la Montagne, selon des sources de la communauté druze. L’écart se creuse à plus d’un niveau politique et social, preuve en est les incidents qui ont marqué les festivités organisées par les municipalités du Chahhar-Ouest. Sans oublier une série d’indices, autant de messages échangés entre Khaldé et Moukhtara.
Les divergences portent sur la conjoncture dans le Djebel druze, notamment à la lumière de l’accueil réservé par Talal Arslan, en appui au régime syrien, à une délégation de la famille Atrache, ainsi qu’à plusieurs dignitaires et notables venus de Soueïda et des villages du Djebel.

Soulagés et inquiets…
Après l’arrestation d’Ahmad el-Assir, on note un climat de soulagement chez certains dignitaires de Tripoli, comme le révèle une source de la ville, notamment parmi les membres du Comité des ulémas musulmans. Le cheikh Salem Rafeï qui était politiquement, financièrement et structurellement lié à Assir, aurait demandé à ses partisans de s’abstenir de manifester pour réclamer sa libération. D’autres membres du Comité des ulémas qui reçoit des aides du Qatar et de la Turquie ont même approuvé l’arrestation d’Assir le qualifiant de «stupide», selon des informations colportées dans le milieu. D’autre part, tous ces dignitaires sont préoccupés et craignent que le cheikh sous les verrous ne dénonce ses partenaires lors des rounds de violences qui ont ébranlé Tripoli. C’est à travers des groupes fidèles à Ahmad el-Assir que la coopération avec les cheikhs tripolitains s’était concrétisée. Ces groupes ont combattu sous les ordres des cheikhs takfiristes dont Khaled Hoblos, Daï Islam el-Chahhal, Salem Rafeï et Omar Bakri Fostok. Aussi, la collaboration militaire et financière du cheikh de Saïda avec Oussama Mansour et Chadi Maoulawi n’est un secret pour personne. Sans oublier qu’Assir a dirigé en personne les attaques contre l’armée à Bihnine et Tripoli.

Risques d’agression israélienne
Avant les manœuvres exécutées, il y a quelques jours, par l’armée israélienne en Galilée, un rapport diplomatique parlait d’une éventuelle attaque-surprise sur le Liban. Tel-Aviv, selon le rapport, pourrait exploiter le temps mort entre l’annonce de l’accord de Vienne et sa validation par le Congrès américain, pour lancer son agression. Des parties libanaises, ajoute encore le rapport, ont été informées dans le détail des préparatifs secrets entrepris par l’armée israélienne à cette fin. Un responsable libanais continue à estimer les risques de déclenchement d’une guerre à 50%. Se basant sur plusieurs sources, le rapport précise qu’Israël n’a pas réussi à atteindre son but lors des dernières manœuvres en Galilée. C’est pourquoi l’Etat hébreu a veillé à disculper le Hezbollah, après les tirs de roquettes sur les colonies d’Ousbah el-Jalil à partir du Golan syrien le 20 août, en accusant les mouvements palestiniens d’en être les auteurs. La mobilisation dans les rangs de la Résistance est permanente, poursuit le rapport, et les chefs israéliens savent très bien que des milliers de missiles ont été chargés de données pour le ciblage des régions sensibles dans les profondeurs du territoire israélien.

Les terroristes en difficulté à Ersal
Le nombre des combattants terroristes dans le jurd de Ersal a nettement chuté, ils ne seraient plus que 600 et leur moral serait au plus bas, avance une source du Hermel. La situation, dit-elle, a changé depuis que le Hezbollah, l’Armée libanaise et l’armée syrienne ont pris le contrôle de toutes les collines et passages stratégiques reliant le jurd aux villages des deux côtés libanais et syrien. Les groupes terroristes sont dans un état de dislocation et contraints à se déployer sur une plus large superficie sur les collines et dans les vallées allant de Ersal au jurd de Qaa jusqu’au Qalamoun syrien. Une nouvelle équation s’est imposée dans cette région, comme le dit la même source, depuis l’attaque menée par l’armée syrienne et le Hezbollah, au cours du printemps. Plusieurs cadres militaires terroristes avaient été tués ou ont pris la fuite vers le territoire syrien, ou encore se sont dissimulés parmi la population des réfugiés dans le village de Ersal. Quant à l’Armée libanaise, elle a coupé l’approvisionnement des terroristes en armes et denrées alimentaires en contrôlant tous les passages et les issues autour de Ersal. L’asphyxie logistique a atteint son plus haut degré à la suite de la coupure de l’artère vitale de Zabadani qui alimentait ces mouvements. Les militaires libanais ont récemment repoussé une tentative d’infiltration à Ersal menée par quelque 150 éléments qui ont dû se retirer laissant derrière eux le cadavre de deux Syriens de Qoussair: Mohammad Kanj et Ali Moutaeé.

Un politique déçu
Le dernier communiqué du Conseil de sécurité sur la Syrie «m’a effrayé», a confié un politique du 14 mars. Le communiqué, ajoute-t-il, est clair: «Pas d’intervention militaire contre Assad, implication de l’Iran dans la recherche d’un règlement de la crise. Avec tous ces changements, comment ne pas avoir peur?». Cette personnalité politique était furieuse contre les Américains. «Ils sont pragmatiques, nous avons eu plusieurs expériences avec eux et ils nous ont vendus. Certains écoutent avec attention les propos des diplomates occidentaux qui soutiennent que la seule issue en Syrie consiste en la création de deux Etats, l’un pour les sunnites et l’autre pour toutes les minorités réunies». Cette solution, si jamais elle se concrétise, aura des incidences catastrophiques sur le Liban, pense le politique. «La cantonisation de tout pays arabe, surtout au Levant, n’aura pas de limites, parce que les fissures géopolitiques, si elles commencent par exemple en Irak (comme l’a suggéré le chef d’état-major américain le général Raymond Odierno), leurs répliques atteindront l’ensemble du territoire situé entre la Méditerranée et le Golfe arabe, jusqu’à la mer de Aden. Qui sauvera alors le Liban?».
 

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