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Nº 3024 du vendredi 23 octobre 2015

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Ghazi Aridi, ancien ministre. «Plus de complexités et de sang»

Dans une interview accordée à Magazine, l’ancien ministre et actuel député Gazi Aridi considère que la guerre en Syrie est très longue et les enjeux internationaux énormes. Proche de Walid Joumblatt, il se montre, en revanche, prudent sur le plan de la politique intérieure, refusant de commenter l’affaire Joumblatt-Hamadé et les tensions exacerbées entre le Futur et le Hezbollah.

Quelle est votre analyse de la situation en Syrie depuis l’intervention militaire russe?
La Russie se «venge» en quelque sorte de l’attitude des Etats-Unis et de l’Otan dans le dossier ukrainien et du maintien des sanctions contre elle. Elle considère que les Américains l’ont offensée et l’offensent dans son propre pays. Les Russes affirment, par ailleurs, avoir reçu une demande des autorités légitimes syriennes et que c’est sur cette base qu’ils sont intervenus. La Russie déclare aussi qu’elle se défend en Syrie contre la menace des extrémistes islamistes. Le président Vladimir Poutine l’a assuré à maintes reprises: «Il est évident que si nous n’éradiquons pas ces terroristes sur place, ils viendront en Russie». Poutine affirme que les Américains n’ont pas réussi à soutenir efficacement l’opposition syrienne pour lui permettre de jouer un rôle prépondérant, que la campagne aérienne de la coalition, conduite par les Etats-Unis en Syrie, a eu un impact pratiquement nul sur l’EI (Etat islamique) et veut prouver au monde que seule l’intervention russe a changé la donne.
Il a profité également du fait que l’accord nucléaire a été conclu avec l’Iran, ce qui oblige les Américains à changer leur approche politique dans la région. La Turquie a moins de poids, d’autant que Recep Tayyip Erdogan perd du terrain dans son pays. Il faut également voir ce qui se passe en Afghanistan. Alors que Barack Obama promet le retrait de ses soldats, le voilà qui renouvelle leur mandat sous prétexte que l’armée afghane n’est pas prête à prendre la relève. Il a besoin des Russes, sachant que Poutine ne souhaite qu’une chose, que le pouvoir des Talibans ne s’étende pas. En fin de compte, il y a quelque part une convergence d’intérêts. En conclusion,  cette intervention est l’occasion pour la Russie de Vladimir Poutine de s’affirmer en puissance internationale, intervenant de manière volontaire dans les processus internationaux face à l’Occident hésitant, mais aussi de mettre un coup d’arrêt aux velléités séparatistes dans l’Asie centrale et le Caucase russe, ainsi que de maintenir sur un pied de guerre la société russe, mise à mal par une crise économique difficile à gérer.

Quelles en sont les répercussions sur la Syrie et sur le Liban, en passant par toute la région du Moyen-Orient?
Certaines concertations techniques semblent avoir eu lieu pour permettre la sécurité des opérations aériennes en Syrie entre les Américains et les Russes, et entres les Israéliens et les Russes. Mais sur le terrain, c’est la Syrie et le peuple syrien qui paient le prix fort. D’autant que lors de ses premières interventions, l’armée de l’air russe a adopté la politique de la terre brûlée. En fin de compte, ce ne sont ni l’Iran ni le Hezbollah qui protègent les minorités mais, bel et bien, la Russie. Nous nous dirigeons vers plus de complexités, de confrontations et de sang. Si nous souhaitons mettre le Liban à l’abri, nous devons serrer nos rangs et donner la priorité au dialogue. Sinon le prix à payer sera très cher.

Marwan Hamadé a récemment demandé à Saad Hariri de revenir au Liban lui promettant de «faire rentrer dans les rangs les égarés» sous-entendant Walid Joumblatt. Votre commentaire?
Walid Joumblatt et Waël Abou Faour ont répliqué à travers les médias et les réseaux sociaux. Je préfère ne pas le faire pour ne pas envenimer la situation.

Selon la rumeur, le retour de Saad Hariri serait imminent. Sa présence contribuera-t-elle à assainir le climat au Liban, d’autant plus que le Futur menace de sortir du gouvernement et de la table de dialogue et que sayyed Hassan Nasrallah ne semble pas s’en faire?
C’est à Saad Hariri qu’il faut poser cette question.

Propos recueillis par Danièle Gergès

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