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Nº 3024 du vendredi 23 octobre 2015

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La thèse de Karim el-Koussa posée aux Etats-Unis. Jésus, un Phénicien?

Son visage est familier au Liban et ses livres, comme Jesus the Phoenician, ont déjà fait parler d’eux. Karim el-Koussa était en tournée aux Etats-Unis pour des conférences et des signatures. En marge de ces événements qui l’ont conduit notamment en Californie et à New York, Magazine a eu l’occasion de l’interviewer.

Son livre pourrait surprendre plus d’un. Paru en 2013, il évoque une thèse assez controversée. Celle que Jésus est non pas juif mais phénicien.
Dans cet ouvrage qui se veut religieux et historique (mais non pas politique), l’auteur propose une argumentation historique, géographique, archéologique, culturelle et, évidemment, théologique. Il s’est fondé sur les Ancien et Nouveau Testaments dans chacun des divers chapitres. D’abord, il y a l’étymologie même des noms de Jésus et de la Vierge Marie.  
Jésus, qui parle l’araméen, originaire du mont Carmel et de Bethléem, est un galiléen, tout comme ses disciples. Il ne faisait partie d’aucun temple juif. Koussa rappelle que, sur la Croix, lorsqu’il a appelé son Père à son secours, il voulait dire le Dieu cananéen et non le Dieu juif.
L’auteur a par ailleurs évoqué l’identité même de la Vierge Marie. Selon lui, la Dame est vénérée chez les Phéniciens. Et ce n’était pas le cas chez les juifs. La place de la femme dans la société était clairement différente. Suivant ce raisonnement, Koussa confirme les origines phéniciennes de la Sainte Vierge.
Outre ces arguments, Karim el-Koussa a sorti des cartes géographiques pour convaincre ses lecteurs à travers des documents qui prouvent sa thèse. Il publie, ainsi, la carte de la Syrie tracée par le géographe Ptolemy.
Comment les Américains ont-ils perçu ce raisonnement? N’ont-ils pas critiqué Karim el-Koussa à la suite de tels propos? «J’ai eu la chance d’intervenir dans plusieurs endroits aux Etats-Unis, répond l’auteur. A chaque occasion, ils étaient près de vingt-cinq personnes à réagir. La majorité semblait convaincue», poursuit-il. Et cela est très normal, selon Koussa. Ce n’est pas chose facile de venir, soudain, briser les croyances et remettre en question les convictions profondes de toute une communauté. «Il ne faut pas mépriser, ajoute-t-il, la peur du changement. Mais les participants aux conférences semblaient ouverts». «Juste une personne a passé un long moment à me dire que Jésus n’existe même pas. Ce n’était pas le sujet, donc pas une critique de ma thèse. Les autres réfutaient certains arguments, mais semblaient, au moins, prêts à entamer le débat», rapporte Koussa.
L’auteur «rebelle» s’est également exprimé dans les médias américains. Dans une intervention à la radio, il a longuement expliqué le fond de sa pensée. Le journaliste qui le recevait était si convaincu qu’il a repris l’interview et l’a commentée positivement sur les réseaux sociaux.
Au cours de son séjour américain, il a aussi pu recueillir les impressions de lecteurs de son livre. Beaucoup affirment avoir maintenant mieux compris des choses qui leur semblaient illogiques dans la Bible, telles que comment la Vierge Marie a-t-elle pu entrer dans le temple pour le chercher, bien qu’elle n’ait pas ce droit, en l’occurrence d’y pénétrer, selon les lois juives.
Selon Koussa, «certains ont carrément souligné, eux-mêmes, les incompatibilités entre le Nouveau et l’Ancien Testament».
Dans un pays où les fidèles croient fortement en l’identité juive de Jésus-Christ et où l’on insiste sur la culture judéo-chrétienne, l’auteur a eu, au moins, le mérite d’être écouté, même si, malgré tout, les fortes croyances et les convictions solides ne changeront vraiment pas. 

Pauline Mouhanna, Etats-Unis
www.elkoussa.com

Bio en bref
Karim el-Koussa est né en 1971 à Ehden au nord du Liban. Après ses études scolaires, il obtient, au début des années 1990, un diplôme en communication et advertising. Il est membre de plusieurs comités, celui des amis d’Ehden et celui des auteurs et d’artistes de Zghorta. Auteur de plusieurs livres comme Pythagore, the Mathemagician, pour lequel il a d’ailleurs reçu le prix Saïd Akl en 2001. En 2005, Koussa a accepté deux citations de son livre aux Etats-Unis.

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