Magazine Le Mensuel

Nº 3035 du vendredi 8 janvier 2016

Hommage

Michel Galabru n’est plus. On reste avec le sourire et les larmes

Le cinéma français perd l’une de ses figures les plus aimées, les plus populaires, les plus familières. Michel Galabru tire sa révérence.
 

«Quelle tristesse que de perdre Michel Galabru. Il serait mort dans son sommeil et en souriant. Parfois il y a une justice», par ces mots tellement justes, tellement simples, l’acteur Gilles Lellouche exprime noir sur blanc ce que nous avons tous aussitôt ressenti dès l’annonce. Le lundi 4 janvier, deux jours à peine après le décès de Michel Delpech des suites d’un cancer, Michel Galabru s’éteint dans son sommeil. Il est parti, à 93 ans, en nous gardant de précieux moments, des tonnes de souvenirs, de rires, de larmes et de sourires. Face à la vie. Pour la vie.
Le gendarme de Saint-Tropez, Le juge et l’assassin, Le mari de la boulangère, Papy fait de la résistance, La cage aux folles… chacun a son Michel Galabru, ses Michel Galabru, de l’inoubliable adjudant-chef Gerber criant à tout va «Cruchot!» à l’adresse de son Maréchal des logis, alias Louis de Funès, jusqu’à sa réplique d’anthologie «C’est le Nord!» dans Bienvenue chez les Ch’tis… ses multiples facettes, toujours à cheval entre le rire et les larmes. Eternel gai luron, grand sensible, homme bourru et plein d’esprit, comédien populaire, tendre et espiègle, cette «figure familière» que le président français François Hollande a saluée, Michel Galabru n’est plus.
Du grand écran aux planches, que de rôles a-t-il endossés; des rôles comiques, des rôles de composition également, récompensé du César du meilleur acteur en 1977 pour Le juge et l’assassin de Bertrand Tavernier, des pièces de boulevard, des vaudevilles, des rôles classiques, récompensé d’un Molière en 2008 pour sa prestation dans Les Chaussettes-Opus 124, des nanars aussi, il le dit, il l’avoue, il faut bien vivre, en dépit des difficultés financières.
Jusqu’en septembre 2015, sur les planches du théâtre Montmartre-Galabru, il présentait encore Le Cancre, un spectacle autobiographique, qu’il a dû dernièrement interrompre, accablé par la vie, la fatigue et la tristesse. Après le décès de son frère Marc, en octobre 2014, et la disparition de sa femme Claude en août 2015, il déclarait fin novembre, à Libération: «La vie commence à ne plus m’intéresser, j’ai d’ailleurs songé quelquefois à me supprimer, n’y renonçant que faute de courage. Un peu comme pour le reste, moi qui ne suis qu’un lamentable velléitaire, capable de rester des heures à rêvasser ou méditer, assis sans rien faire, repoussant toujours les choses à faire au dernier moment». Jusqu’au bout, il aura eu le mot qui empoigne et qui conforte à la fois. Adieu Michel Galabru! Et merci!

Nayla Rached
 

De cinéma et de vie
Ses films sont tellement nombreux, ses rôles également, comiques et dramatiques, mais au-delà de tous les souvenirs, même si l’on réfute les étiquettes qui collent et suivent tout personnage public, surtout dans le monde du cinéma, Michel Galabru c’est la série du Gendarme, du réalisateur Jean Girault, lancée dès 1964, par le premier film de la saga, Le gendarme de Saint-Tropez, et qui sera suivi par cinq autres longs métrages: Le gendarme à New York (1965), Le gendarme se marie (1968), Le gendarme en balade (1970), Le gendarme et les extraterrestres (1979) et Le gendarme et les gendarmettes (1982).
A l’annonce de la triste nouvelle, la gendarmerie nationale déclare sur son compte Twitter: «Hommage à Michel Galabru: coup de képi au dernier gendarme de Saint-Tropez!#ILoveLesGendarmes», accompagné d’une photo d’une réplique du Gendarme à Saint-Tropez.

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