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Nº 3037 du vendredi 22 janvier 2016

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L’affaire Hannibal Kadhafi. Les chiites lâchent Hassan Yaacoub

Arrêté le 21 décembre dernier par les autorités libanaises, Hassan Yaacoub, ancien député proche du Hezbollah, est accusé d’être le commanditaire présumé du rapt d’Hannibal Kadhafi, l’un des fils de l’ex-dirigeant libyen Moammar Kadhafi. Un mois après son arrestation, il est toujours en prison lâché par ses alliés… soutenu par une poignée de gens de sa famille. Analyse d’un lâchage inexplicable.

Pour Ali Yaacoub – fils de Mohammad Yaacoub, disparu en même temps que l’imam Moussa Sadr en Libye, et frère de Hassan Yaacoub – l’arrestation de l’ancien député est «injuste parce qu’il n’est en aucune façon responsable de ce dont on l’accuse». Allant encore plus loin, Ali Yaacoub ne mâche pas ses mots et va jusqu’à accuser le mouvement Amal d’interdire à ses partisans de se solidariser avec la famille. Réagissant tout de suite à ses propos, le conseiller de Nabih Berry, Ahmad Baalbaki, réplique: «Nous avons décidé de ne pas nous mêler de cette histoire pour préserver la dignité de la cause de l’imam Sadr et de ses compagnons». Baalbaki a précisé que l’enlèvement d’Hannibal Kadhafi est motivé par des considérations financières et que le mouvement Amal a même reçu un appel téléphonique des ravisseurs, qui ont offert d’échanger leur otage contre de l’argent. Le Hezbollah, lui, ne s’est pas prononcé sur cette affaire, bien que Hassan Yaacoub fût proche de lui lorsqu’il était député. Selon des sources informées, préférant garder l’anonymat, Hassan Yaacoub aurait été impliqué dans plusieurs scandales financiers, faisant fi des mises en garde du parti, surtout depuis qu’il ne le représentait plus au Parlement.
D’autres sources avancent que la Syrie a demandé au Hezbollah de ne pas défendre l’ancien député qui, à sa manière, a tenté de brouiller les cartes sans avertir personne. Damas aurait aussi demandé que le fils de Kadhafi ne soit pas arrêté au Liban ni interrogé par les autorités libanaises puisqu’il vivait à Lattaquié en tant que réfugié politique. Cela expliquerait l’indifférence dont fait preuve à l’égard de Yaacoub le Hezbollah, connu en principe pour ne pas lâcher ses proches. L’indifférence des deux partis chiites se traduit dans les deux chaînes de télévision qui relèvent d’eux, al-Manar et la NBN, qui ignorent les manifestations organisées par la famille de Yaacoub dans différentes régions libanaises, ainsi que les routes bloquées en signe de protestation contre l’arrestation de leur fils.
Dans un autre registre, selon les sources sécuritaires, Hassan Yaacoub aurait collaboré avec une femme proche d’Hannibal Kadhafi du nom de Fatima, pour l’aider à quitter la Syrie où il résidait en tant que réfugié politique et venir au Liban d’autant que sa femme est libanaise. Cette femme l’aurait convaincu que sa sécurité y serait assurée et qu’il pourrait y vivre librement. Toujours selon ces mêmes sources, Hassan Yaacoub aurait mis en place tout un réseau d’hommes armés en Syrie et au Liban pour assurer le succès de ce rapt.
Les détracteurs de Yaacoub prétendent qu’il a monté cette mise en scène pour réclamer deux millions de dollars en contrepartie de la libération. Ses défenseurs considèrent, eux, que si ce que les sources sécuritaires avancent est vrai, elles ne devraient quand même pas perdre de vue que l’ancien député est le fils du cheikh Mohammad Yaacoub, enlevé avec l’imam Sadr. Cet homme, qui a vécu sans son père, a voulu à sa manière, quoique maladroite, faire le nécessaire pour connaître les dessous de cet enlèvement… Il faut rappeler à ce sujet que depuis la disparition de l’imam Moussa Sadr, toute la famille de Kadhafi était interdite de séjour au pays du Cèdre.

Danièle Gergès
 

Qui est Hannibal Kadhafi?  
Résidant en Syrie, Hannibal Kadhafi avait été enlevé en décembre dans la Békaa par un groupe armé inconnu, avant d’être libéré par la police quelques heures plus tard. Il avait été aussitôt arrêté et mis en examen pour avoir dissimulé des informations sur la disparition, en 1978, de l’ancien président du Conseil supérieur chiite, l’imam Moussa Sadr, disparu au cours d’une visite officielle en Libye.

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