Magazine Le Mensuel

Nº 3045 du vendredi 18 mars 2016

POLITIQUE

Militants du 14 mars. Après l’espoir, la déception

Onze ans après, comment le 14 mars est-il vu par les partisans de la première heure? Ceux qui ont cru dans les principes défendus par ce mouvement et qui n’ont pas hésité à s’investir à chaque instant, installant les tentes place des Martyrs et invitant les citoyens libanais à se rallier à la révolution.

«Prenez du prozac»
Pour Edmond Rabbath, «Etre du 14 mars, à l’heure actuelle, c’est être malade. Il y a eu plein de signes avant-coureurs. Saad Hariri a été à Damas. Peu avant, les politiciens avaient tous été à Doha après l’invasion de Beyrouth en mai 2008, puis il y a eu la loi orthodoxe, l’entrée dans ce gouvernement avec le Hezbollah, le dialogue, l’intervention du Hezb en Syrie. Saad Hariri a commencé à regarder ailleurs. Il a lorgné sur Michel Aoun en le voyant à Paris et en célébrant son anniversaire à Beyrouth. Les partisans de la révolution du Cèdre ont frôlé la mort cérébrale en découvrant que Saad Hariri présente la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République. 2016 pointe et son lot de complications tombe presque comme une guillotine. Samir Geagea fait sa grande réconciliation avec Michel Aoun et le présente, juste un an après Saad Hariri, à la présidence pour contrer celle de Sleiman Frangié. Les deux pôles qui constituaient le 14 mars ont chacun présenté un candidat du 8 mars. L’Arabie saoudite, pour laquelle une partie des partisans  ne cessent de louer sa fidélité et presque son allégeance parce que les autres d’en face faisaient de même avec l’Iran, annule son aide d’armement à l’Armée libanaise. Là, c’est foutu, le 14 perd l’équilibre, chavire. On attendait l’intervention de Saad Hariri avec Marcel Ghanem, surtout à l’approche du 14 mars, en espérant que… Quoi? Je ne sais pas. Sauf qu’il renouvelle sa volonté de présenter Sleiman Beik Frangié. Il fait l’éloge de Berry, celui qui…, et de Joumblat qui s’est retourné contre lui en 2011 en donnant ses faveurs à Mikati. Et, aujourd’hui, pour la première fois, le 14 mars n’est pas célébré. Je conclus en disant: Si vous êtes encore du 14 mars, prenez un comprimé de prozac pour continuer à vivre en absurdie comme le chante Michel Sardou».

«Ravivez la flamme»
Pour Shirine Abdallah «le 14 mars n’est pas uniquement un mouvement politique. C’est un esprit, une flamme restée vive en chaque activiste, chaque partisan, chaque citoyen présent le 14 mars sur la place des Martyrs. Finalement, il ne tient qu’à chacun de nous de garder cette flamme allumée. Ce qui se passe sur le plan politique dépasse l’entendement de l’activiste moyen. Il y a, certainement, des motivations cachées qu’on finira par connaître et comprendre un jour. Aujourd’hui, nous vivons un orage, un bouleversement incroyable. Mais toute tempête finit par se calmer. Les choses finiront par se décanter. Il est certain, par ailleurs, que ce à quoi nous assistons est tributaire des développements régionaux. Le panorama n’est pas tout noir ou tout blanc comme cela le paraît. Il y a mille et une nuances de gris. L’évident n’est pas nécessairement la réalité. Je suis personnellement confuse, mais je veux continuer à croire en des lendemains meilleurs du moins pour ce que l’on appelle l’esprit du 14 mars».

«Aux actes citoyens»
Pour Samir Abdel-Malak «l’assassinat des symboles de la révolution du Cèdre avait pour but de tuer les rêves et l’esprit du 14 mars. Ceux qui ont commis ces assassinats souhaitaient que les Libanais désespèrent  et rendent les armes. Les politiciens du 14 ont pris l’appui du peuple et l’ont utilisé pour simplement servir leurs intérêts et faire passer certains agendas qui leur convenaient. Ils ont mis un paravent pour se cacher derrière, le secrétariat général du 14 mars qu’ils dépoussiéraient quand bon leur semblait. Ils sont allés d’une erreur à l’autre, n’hésitant pas à s’assoir à la table du dialogue initié par Nabih Berry et qui est anticonstitutionnel. Aujourd’hui, il revient aux partisans de ce mouvement de prendre les choses en main et de poursuivre ce qu’eux-mêmes ont promu. Cela peut commencer à travers les élections municipales qui devraient avoir lieu et qui constituent un excellent moyen de récupérer ce qui a été accaparé par les politiciens».
 

Danièle Gergès

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