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Nº 3050 du vendredi 22 avril 2016

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Ziyad Baroud, ancien ministre. «Un soutien au Liban-message»

«L’implantation n’est pas une décision internationale, il revient aux Libanais de s’y opposer», déclare l’ancien ministre de l’Intérieur Ziyad Baroud, qui a rencontré le président François Hollande à la Résidence des Pins. Magazine a recueilli ses impressions.
 

Quelle a été la teneur de votre entretien avec le président Hollande?
Il a tourné autour du principe du vivre-ensemble sur les rives de la Méditerranée. Une rencontre autour d’une idée plutôt que d’une actualité politique. Celle des valeurs partagées entre la France et le Liban.

Quel message le président Hollande a-t-il adressé à travers cette visite, alors que le Liban n’a pas de président de la République?
C’est un message de soutien au Liban-message. Il va au-delà de la sauvegarde du Liban dans la région. C’est son attachement et celui de son pays à l’idée même du Liban. L’amertume de la visite sans la présence d’un chef d’Etat était partagée par tous les Libanais comme par le président visiteur. C’est la raison pour laquelle elle n’a pas été qualifiée de visite d’Etat. Hollande a exprimé son attachement à l’élection d’un président en refusant de donner à la visite une vocation qui n’est pas la sienne et qui est loin de l’idée d’une normalisation du vide présidentiel.

Quel était le but de cette visite?   
La visite a clairement tranché dans le sens de la non-implantation. Ce n’est ni la France, ni l’Europe, qui ont intérêt dans une implantation. Celle-ci pourrait se répercuter négativement sur l’Europe. La situation syrienne n’est pas comparable à la question palestinienne. La Syrie est un pays en guerre et le conflit armé rend difficile le retour immédiat de ses citoyens, même dans les régions où les hostilités ont cessé. D’où le rôle de la communauté internationale dans le retour des déplacés.

Parler d’aides réparties sur trois ans, ne veut-il pas dire que la situation est appelée à durer?
Même si le retour est entamé demain, il a besoin d’accompagnement qui nécessite des fonds. Il ne peut pas s’effectuer du jour au lendemain.  

Comment qualifiez-vous cette visite?
C’est une visite de soutien. Tous ceux qui ont voulu placer en elle de grands espoirs ont été déçus. A aucun moment, le Quai d’Orsay ou l’Elysée n’ont voulu lui donner un autre sens. Les effets escomptés par les Libanais ont été amplifiés, car nous sommes dans une situation de vacance politique. Le président français a voulu adresser aux Libanais un message de soutien et d’amitié. Je place cette visite sous ce titre: un soutien non équivoque au Liban en ce qui concerne la crise syrienne, notamment la question des déplacés.

A qui cette visite est-elle destinée: au Liban ou à la France au moment où la cote de popularité du président français est en baisse?
Elle s’adresse à tous, aux Libanais, aux Français, qui suivent cette visite, et à la communauté internationale. C’est une prise de conscience de la nécessité d’appuyer et de soutenir le Liban. La visite a réussi, car elle a calmé les esprits au sujet de l’implantation. Le discours de François Hollande était non équivoque à ce niveau. Il était essentiel qu’un président européen déclare une position de principe, claire et non équivoque au sujet de l’implantation.

L’implantation est-elle un danger réel?
Objectivement, le risque existe toujours. Est-il réel? Cela dépend des Libanais eux-mêmes, car l’implantation n’est pas une décision internationale. Même si les uns ou les autres au niveau de la communauté internationale en décident autrement, il revient aux Libanais de s’y opposer avec beaucoup de fermeté. Une décision du gouvernement libanais contre l’implantation serait sage et nécessaire. Elle pourrait rassembler les Libanais. Sur le plan pratique, l’implantation n’est jamais directe. Elle passe par plusieurs phases. C’est la raison pour laquelle il faut être vigilant. Le Liban, qui a accueilli le plus grand nombre de déplacés, sent que la menace pourrait devenir réelle à partir du moment où le retour devient difficile ou prolongé dans le temps. Les Syriens concernés ne sont pas ceux d’un Etat qui a disparu ou qui est occupé à vie. La situation n’est pas similaire à celle des Palestiniens. Le jour où les hostilités cesseront en Syrie, où les raisons de non-retour auront disparu, où la communauté internationale cessera de financer la résidence forcée des Syriens au Liban, le jour où l’Etat libanais au vu de ce qui précède décidera de leur imposer un permis de séjour et de travail, de leur faire payer des impôts subséquents, le retour des déplacés se fera rapidement. La reconstruction de la Syrie fera appel à 5 ou 6 millions d’ouvriers et la main-d’œuvre syrienne sera prioritaire.
 

Propos recueillis par Joëlle Seif

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