Magazine Le Mensuel

Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

Semaine politique

Première leçon des municipales. Le recul des partis politiques

La page des élections municipales est désormais bel et bien tournée. Pourtant, ses retombées continueront encore à faire couler beaucoup d’encre. Les vérités dévoilées par ces élections et les leçons qui s’imposent sont nombreuses.

Une crise de confiance aiguë entre le peuple et la classe politique. Telle serait peut-être la première conclusion à retenir de ce mois électoral. Les élections de Beyrouth, où toutes les forces politiques se sont alliées contre la société civile, en sont la preuve la plus éclatante. Le résultat? Une participation très faible, ne dépassant pas les 20%.
Le recul de tous les partis politiques est désormais un fait indéniable. Ils ont tous trouvé une grande difficulté dans la maîtrise du terrain, où ils ont été défiés par leurs propres camps. Les divergences internes entre partisans étaient également nombreuses. Dans plusieurs localités, les élections ont pris le tour d’une confrontation entre les partis et les familles. Tous les partis ont vécu la même situation, dans diverses régions. Ce que le Courant du futur a connu à Beyrouth, le Hezbollah l’a expérimenté dans la région de Baalbeck-Hermel. A son tour, le Courant patriotique libre (CPL) a vécu la même situation dans le Metn-Nord, le Parti socialiste progressiste (PSP) dans l’Iqlim el-Kharroub et Amal dans le Sud. Dans l’ensemble, ces élections ont montré le large fossé qui existe entre la base et les partis.
 

Problèmes de succession
Au conflit entre 8 et 14 mars a succédé une lutte confessionnelle entre plusieurs parties. Ce phénomène s’est accompagné de l’apparition de duos confessionnels, à l’instar du tandem Amal-Hezbollah qui s’est étendu aux autres communautés: Aoun-Geagea chez les chrétiens, Hariri-Mikati chez les sunnites, Joumblatt-Arslan-Wahhab chez les druzes.
L’un des aspects des problèmes auxquels les partis font face aujourd’hui se situe au niveau de la succession politique. En effet, la base du Courant patriotique libre ne s’est pas encore adaptée au passage du leadership du général Michel Aoun à la présidence de Gebran Bassil, qui n’a pas réussi véritablement à prendre les rênes du parti jusqu’à présent. Le général Chamel Roukoz, sans toutefois faire partie du CPL, apparaît de plus en plus comme un symbole de «la situation aouniste». Il a fait ses premiers pas en politique au Kesrouan où il essaie de se tailler une place et a déjà réussi son premier test sur le terrain avec la bataille de Jounié.
A son tour, le PSP connaît une transition en douceur de Walid Joumblatt à son fils Taymour, à qui il a confié la gestion des élections au Chouf. Pourtant, le père a dû intervenir à maintes reprises là où des embûches sont apparues.  
Même situation chez le mouvement Amal où le président Nabih Berry commence à songer à sa retraite. Si dans ses assises privées, Berry déclare qu’il n’a pas l’intention de transmettre la politique en héritage à ses enfants, il ne peut, en revanche, ignorer les ambitions de son fils aîné Abdallah, qui voit la nécessité d’injecter du sang neuf dans Amal à travers les prochaines élections législatives.
Quant au parti Kataëb, il a traversé la période transitoire entre le président Amine Gemayel et son fils Samy avec le moins de dégâts possibles. Il a réussi à s’affirmer au Metn, dans une région qui se prépare aussi à assister au transfert du leadership orthodoxe de Michel Murr à son fils Elias.

Joëlle Seif
 

Une nouvelle carte politique se dessine
Les élections municipales ont fait apparaître une nouvelle carte politique dont les contours commencent à se préciser de plus en plus avec l’approche des élections législatives. Ainsi, la période du 8 et 14 mars, basée sur deux axes et deux projets différents, est définitivement enterrée. Le jeu politique est désormais réparti entre trois partenaires: chiite (Hezbollah-Amal), sunnite (Hariri-Mikati) et chrétien (Aoun-Geagea). Les élections municipales ont été un premier test pour l’alliance entre le CPL et les FL. De son côté, Saad Hariri est à la recherche d’un nouvel allié chrétien pour remplacer la perte des FL. Celui-ci pourrait être Sleiman Frangié, les kataëb et des indépendants tels que Boutros Harb et Myriam Skaff. Quant à Walid Joumblatt, il continue à être un «centriste» après sa «séparation» avec Hariri. Dans les prochaines élections, il pourrait se diriger vers une amélioration de sa relation avec les chrétiens, en particulier avec le tandem Aoun-Geagea. Finalement, le Hezbollah accordera de nouveau son intérêt aux affaires internes. Désormais, les élections législatives ont pris le pas sur l’élection présidentielle dans l’agenda libanais. Il semble que le Hezbollah envisage un compromis politique au sein duquel figure une nouvelle loi électorale basée sur la proportionnelle et sur base de laquelle un président serait élu.

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