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Nº 3057 du vendredi 10 juin 2016

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«La vie est une belle zyara». Beyrouth à travers ses habitants

Le 14 juin, projection au Cinéma Montaigne de la première saison de la série-web Zyara. La réalisatrice et directrice de la photographie, Muriel Aboulrouss, revient pour Magazine sur sa genèse.

Quel a été le point de départ de la série, le pourquoi du comment?
En août 2015, la situation au Liban, comme d’habitude, était difficile, mais nous avons eu l’occasion, durant ces moments, avec la productrice Denise Jabbour, de réfléchir sur la vie, sur notre carrière. Denise est une passionnée des gens et des histoires et elle a eu l’idée d’aller, au hasard, à la rencontre des gens et de leur poser des questions sur eux et sur leur vie. Elle m’a proposé de l’accompagner, de filmer et réaliser une petite entrevue, juste pour voir ce qui pourrait en découler. Nous avions auparavant travaillé sur une série-web et adoré le format court; alors essayons de voir ce que nous pourrions créer. Nous en avons parlé à Mouhab Chanesaz, l’ingénieur du son qui possède aussi des équipements caméra, et Liliane Hanbali, qui a une maison de production et est elle-même une excellente monteuse. Puis se sont joints Rachelle Noja, comme mon assistante, et Khalil Abourrousse, mon frère, fondateur de Lilapost et coloriste de renom au Liban. L’équipe était formée et tout l’amour était là. Nous avons été voir Souad Razzouk, le premier «personnage» de Zyara, et avec qui le voyage a commencé. Nous avons ressenti tant d’amour, de générosité, d’authenticité durant la création de ce premier épisode que nous avons décidé de continuer. Zyara est un peu notre manière d’aimer le monde. Notre credo: la vie est une belle zyara.

Comment choisissez-vous les «personnages»?
Le paramètre principal qui guide notre choix est la volonté de la personne de partager, d’être naturelle et authentique face à la caméra. Quand notre volonté d’écouter et leur volonté de nous recevoir et de partager sont totalement mutuelles, c’est la naissance d’une «zyara». Nous avons tenu à avoir le même nombre d’hommes et de femmes dans la 1ère saison, tout comme une variété d’âges et de générations.
 

Face à la caméra, qu’est-ce que vous leur dites?
Nous discutons de la vie, de l’amour, de l’enfance… et de là ils nous emmènent dans un voyage d’histoires et d’émotions. Il n’y pas de questions fixes ou un objectif précis à atteindre, si ce n’est d’écouter et de s’assurer que nous emportons avec nous ces histoires avec amour et une attention comme au montage. Les dernières cinq minutes qu’on voit à l’écran représentent les histoires et les sentiments que cette personne a gravés en nous.

Pourquoi avoir adopté cette manière de filmer, image centrée sur des détails et ce n’est qu’à la fin qu’on voit le visage?
Quand j’ai été la première fois filmer Souad, je n’avais pas de plan en tête, juste suivre mes sentiments et filmer ce qui m’attire et éveille mes sens. Je me suis retrouvée à me concentrer sur les détails pour ne révéler la personne qu’à la fin. Cela vient de mon besoin d’écouter, sans voir, et parallèlement, à travers l’image, de toucher, de caresser, de sentir, sans porter de jugement. Je crois que nous sommes constitués de couches, de plusieurs couches, et à travers Zyara, j’essaie d’extraire ces couches de ce bref moment où j’étais en connexion avec l’autre et de lui porter tout mon amour à travers la caméra.

Pourquoi avoir choisi le format de série-web?
Cela vient du besoin de ne pas avoir de limites, ni de frontières. La Toile est un microcosme virtuel du monde. Sur le Net, on est libre, il n’y a pas de censure, pas de règles à suivre, excepté les siennes. Nous nous sommes justement sentis libres et indépendants et nous continuerons à créer pour le Web afin d’atteindre le plus possible de maisons et d’écrans.

Propos recueillis par Nayla Rached

www.homeofcine-jam.com

En images, en mots, en émotions
Lauréat de plus de 10 prix internationaux, Zyara est un documentaire sous forme de web-série composé, dans sa 1ère saison, de 12 épisodes, chacun de 5 minutes. Chaque Zyara est un portrait intime d’habitants de Beyrouth qui partagent leurs espoirs et leurs rêves, leurs histoires faites d’amour et de peur, et leurs expériences les plus importantes. Le 14 juin, Zyara sera projeté gratuitement, au Cinéma Montaigne, à 20h. L’occasion de s’immerger au cœur de la ville et de célébrer ce qui est unique en chacun de nous.  
Facebook: Projection de Zyara au Cinéma Montaigne

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