Magazine Le Mensuel

Nº 3060 du vendredi 1er juillet 2016

general

Liban-Jordanie. Face au terrorisme un même combat

Des observateurs arabes estiment que la Jordanie et le Liban sont appelés à subir le même sort que l’Irak et la Syrie et à connaître les mêmes effondrements au niveau du gouvernement et de la population, du régime et de l’opposition, des communautés et des ethnies. Pourtant, les deux pays font face aux tempêtes, chacun selon ses moyens.
 

Grâce à un régime et à un gouvernement ayant obtenu la confiance de la population, ou du moins de la majorité de celle-ci, la Jordanie est un pays stable sur le plan politique qui a réussi à résister aux remous qui frappent la région. Les Jordaniens réalisent que leur existence est liée à la stabilité politique, surtout que leur pays possède la plus longue frontière avec Israël. D’autre part, le royaume hachémite a établi un équilibre entre sa relation avec le Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les pressions de l’environnement géographique irakien et syrien.
Cette stabilité que connaît la Jordanie fait entièrement défaut au Liban, gouverné par des dirigeants dépourvus de vision et noyés dans leurs contradictions. Généralement composée d’anciens seigneurs de la guerre civile et liée par une appartenance à des axes régionaux et internationaux, la classe politique libanaise est incapable d’élire un président de la République et contribue à la paralysie du Parlement et du gouvernement, dévoilant sans aucun scrupule tous les jours, un peu plus sa corruption et la protection qu’elle assure aux corrompus.
Alors que la Jordanie met la main sur des cellules dormantes, le Liban, quant à lui, malgré un pouvoir divisé entre opposants et supporters au régime syrien, mène un féroce combat contre le terrorisme, qui a établi ses bases sur les collines séparant la chaîne de montagne de l’est et le Qalamoun syrien.

 

Le problème des réfugiés
Le Liban et la Jordanie résistent et les déplacés syriens font à leur tour une autre forme de résistance, celle de leur utilisation pour porter préjudice aux pays d’accueil. On veut faire de la victime apeurée un outil pour terroriser l’Europe et les pays arabes. Aujourd’hui, le retour des déplacés syriens chez eux semble de plus en plus improbable et l’état de leurs camps en Jordanie et au Liban est similaire à celui des camps palestiniens de 1953, cinq ans après la proclamation de l’Etat d’Israël et cinq ans après le début de la guerre en Syrie.
Il est désormais temps de songer à une approche libano-jordanienne courageuse du déplacement syrien, visant à préserver les Syriens à l’intérieur de leur pays et à l’extérieur. Cette approche devrait être un but stratégique, primant les intérêts politiques, dans une région devenue le centre des conflits internationaux. Il existe cinq millions de déplacés syriens dont le Liban et la Jordanie assument presque la moitié. C’est pour cette raison que le déplacement représente une priorité pour ces deux pays. De plus, le temps ne joue pas en faveur du Liban et de la Jordanie ni en faveur des déplacés syriens.
Selon des observateurs à Beyrouth, on ne peut plus se baser, dans la prochaine étape, sur des garanties régionales et internationales et parler du fameux parapluie qui protégeait le Liban d’un embrasement général. Ce qui se passe actuellement dans les deux pays suscite de nombreuses craintes. La Jordanie et le Liban sont des pays d’accueil et tout dérapage sécuritaire peut avoir de très graves retombées. La question qui se pose aujourd’hui dans tous les milieux est la suivante: si le parapluie international est levé en Jordanie, pourquoi serait-il maintenu au Liban? Si les garanties accordées pour maintenir la sécurité en Jordanie, en vue d’empêcher les déplacés syriens d’émigrer en Europe, sont tombées, qu’est-ce qui les empêcherait de tomber également au Liban? Il semble que le patronage arabe et international du Liban recule et faiblit. Les Libanais ont le cœur sur la main d’un dérapage total de la situation et les multiples attentats qui ont eu lieu à Qaa ne présagent rien de bon.


Jours difficiles en perspective
Des sources militaires font état d’informations selon lesquelles les services de renseignements de l’armée ont eu vent de l’intention des groupes terroristes de commettre des attentats dans plusieurs régions libanaises au courant du mois du Ramadan. Elles ont également mis en garde que les dix derniers jours du mois du jeûne seront particulièrement dangereux. C’est la raison pour laquelle les services militaires et sécuritaires ont augmenté le niveau de leur vigilance dans plusieurs régions, en particulier dans la Békaa et dans la banlieue sud.

Joëlle Seif

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