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Nº 3065 du vendredi 5 août 2016

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Les primaires du CPL. Des incontournables et des jetables

Le Courant patriotique libre (CPL) a organisé, le dimanche 31 juillet, des élections primaires, une première au Liban. Le but de cette consultation était de déterminer la popularité et le poids de chacun en vue d’être potentiellement candidat aux élections législatives, prévues au printemps 2017. Ce scrutin s’est caractérisé par une forte participation, estimée à 71% selon le président du parti, Gebran Bassil.

«One man, one vote». Tel est le principe adopté dans ces élections, qui se veulent un modèle de démocratie et représentent une forme de proportionnelle assurant une véritable équité sociale. Le président du Courant patriotique libre (CPL) et ministre des Affaires étrangères a sillonné les quatorze bureaux de vote répartis sur tout le territoire libanais, du nord au sud, de Ras Baalbeck à Kobeyate, Koura, Jbeil, Jounié, Chiah, Damour, Zahlé, Jezzine, Aley et Sin el-fil. Au final, 58 candidats se sont qualifiés pour la prochaine étape et 73 ont perdu.
 

Nabil Nicolas en 7e position
Cette longue journée électorale a été couronnée par la consécration définitive des quatre députés du CPL, Simon Abi Ramia (Jbeil), Ibrahim Kanaan (Metn), Alain Aoun (Baabda) et Ziad Assouad (Jezzine), les  rendant ainsi incontournables. Désormais, il sera très difficile de les dépasser et les quatre noms des candidats désignés ont réservé, d’ores et déjà, leurs sièges pour les prochaines législatives. Si leur victoire ne représente pas une véritable surprise, en revanche, les résultats de la première circonscription de Beyrouth (Achrafié) ont été un réel choc. Radié la veille des élections du CPL, le fantôme de Ziad Abs était bien présent. Alors qu’il n’était pas candidat, il a obtenu 174 voix – annulées –, la moitié de la base aouniste d’Achrafié ayant voté pour lui. Le vice-président du parti, Nicolas Sehnaoui, a obtenu 184 voix. Cette situation a fait dire à Abs: «Nous avons été radiés par le pouvoir du règlement et nous avons été élus par le pouvoir du peuple».    
A Jezzine, où 64% des inscrits se sont rendus aux urnes, le député Ziad Assouad l’a emporté haut la main avec 203 voix. Le député fraîchement élu, Amal Abou Zeid, a été classé second avec 124 voix.
Dans le Metn-Nord, la participation était également très forte; elle a atteint 75%. Le député Ibrahim Kanaan, président de la Commission parlementaire du Budget et des Finances, a montré qu’il était incontestablement l’homme fort du Metn, obtenant le double du deuxième après lui, avec un score de 484 voix. Elias Bou Saab, ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, est arrivé en troisième position, alors que le député Nabil Nicolas s’est trouvé en septième position. A Baabda, où le taux de participation a atteint 82%, le député Alain Aoun s’est classé premier avec une très large différence de voix entre lui et le candidat suivant.
Cette étape représente la première manche du processus. Dans une seconde étape, toutes les personnes «sélectionnées» seront soumises à un sondage de l’opinion publique. Elles seront mises en présence de personnes proches du CPL, telles que des députés faisant partie du Bloc du Changement et de la Réforme, mais qui n’appartiennent pas au CPL, ou avec des alliés. C’est en fonction du résultat du sondage que seront choisis les candidats aux élections législatives.
Une source informée a confié à Magazine qu’un sondage, effectué dans le Kesrouan par l’expert en statistiques Rabih Habr, sur une liste non formée, a été soumis aux personnes interrogées. Il a abouti aux résultats suivants: premier au Kesrouan, l’ancien ministre de l’Intérieur et des Municipalités, Ziyad Baroud, suivi du général Michel Aoun, l’ancien député Mansour el-Bone, l’ancien député Farid Haykal el-Khazen et Neemat Frem. En revanche, lorsque des listes formées ont été soumises au sondage, celle qui a été élue était formée des noms suivants: Michel Aoun, Farid Elias el-Khazen, Georges Cordahi, Juan Hobeiche et Roger Azar. Selon la source interrogée, cette situation s’expliquerait par l’absence de liste et de décision politique dans le premier cas. En revanche, en présence d’une décision politique, toutes les données changent. Le deuxième exemple montre clairement que le général Aoun est seul capable de faire élire qui il veut sur sa liste et qu’il est capable de transférer des voix, une faculté que Ziyad Baroud ne possède pas.  
Pour les observateurs, les élections du CPL sont considérées une lutte entre les opposants et les partisans du président du parti, Gebran Bassil. Elles ont eu pour résultat de donner une légitimité à une présidence fortement contestée. Pour les tenants de cette opinion, le but de ces élections était de confirmer la présidence de Bassil et de mettre en avant les personnes qu’il soutient. Pour d’autres observateurs, ces élections sont un échec pour Bassil, puisqu’elles n’ont pas réussi à porter les candidats qu’il appuyait. Les élections de Jbeil, du Metn, de Baabda et d’Achrafié ont eu lieu entre les pro et les anti-Bassil. Malgré des tentatives de réduire leur rôle et leur importance, les députés Simon Abi Ramia, Ibrahim Kanaan, Alain Aoun et Ziad Assouad ont réalisé des scores importants. A Achrafié, le vice-président Nicolas Sehnaoui, proche de Bassil, a réussi de justesse.
C’est finalement dans les urnes que les aounistes ont répondu. Ils ont clairement montré, par leurs votes, que leur préférence va aux compagnons de route, à ceux avec qui ils ont mené le combat pour la liberté, l’indépendance et la souveraineté. Ils n’ont pas voté pour des hommes d’affaires ou parachutés dans le CPL sans avoir de parcours à l’intérieur du parti. Ils ont voté pour ceux auxquels ils s’identifient et ceux qui leur ressemblent. Ce qu’il faut retenir du scrutin de dimanche, c’est que les aounistes ont dit leur mot dans les urnes, sans fanfare ni trompette. Une belle leçon de démocratie, dans les règles. A l’instar des élections municipales, les primaires ont montré l’éloignement produit entre la base et les hautes sphères du parti.

 

Conclusions de Bassil
Dans sa conférence de presse, le président du CPL a déclaré que les élections ont démontré que les contestataires sont minimes et à 1% du parti, c’est-à-dire à quelque 200 voix. Bassil a appelé tous ceux qui avaient des velléités de renversement à l’intérieur du parti à démissionner. «Celui qui s’engage dans un parti politique doit connaître, a-t-il dit, son règlement interne et agir en fonction de cela. Il y a des différends entre les membres dans tous les partis, mais la différence est que nous sommes transparents». Gebran Bassil a également affirmé qu’il existe 58 candidats potentiels aux législatives, assurant que les gagnants et les perdants travailleront ensemble pour la victoire du CPL.

Joëlle Seif

Mauvais timing
Les proches du général Michel Aoun et ceux qui constituent le noyau de son équipe (qui ne font pas partie officiellement du parti) ne cachent pas la gêne que ressent le fondateur du CPL du fait des troubles que traverse le parti, apparus au grand jour à cause des différends opposant Gebran Bassil aux anciens militants du CPL. Ce spectacle, offert par les aounistes, ne sert pas les intérêts du général Aoun. Ces secousses internes apportent du vent au moulin de ceux qui cherchent à exploiter cette situation, alors que Michel Aoun mène la bataille de la présidentielle et de la loi électorale. 

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