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Nº 3067 du vendredi 19 août 2016

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Walid Khairallah, endocrinologue. «Manger bio n’est pas suffisant»

Manger bio est-ce la garantie de bien manger? Comment se prémunir face aux crises sanitaires? La contamination bactérienne est-elle possible avec des produits bios? Le docteur et endocrinologue Walid Khairallah, directeur de Green Clinics et diplômé de l’Institut de nutrition de New York, répond aux questions de Magazine.

Manger bio est-ce la garantie de manger en toute sécurité dans un pays aux multiples crises sanitaires comme le Liban?  
Manger bio est l’une des garanties pour bien manger, c’est loin d’être suffisant. Pour les producteurs, il faudrait aussi imposer des règlements plus stricts en ce qui concerne la possible contamination de l’eau et résoudre le problème des déchets, notamment grâce au recyclage. Ensuite, au Liban, tout ce qui porte le label bio ne l’est pas forcément, car certains produits peuvent être contaminés par les champs avoisinants, même si la plupart des productions se font sur des terrains assez vastes pour réduire cette possibilité.

Faut-il nécessairement manger bio pour manger bien? Pourquoi?
Encore une fois, manger bio est nécessaire, mais pas suffisant pour être en bonne santé. Il faut surtout avoir une alimentation bien équilibrée. Tout en mangeant bio, il est important de réduire la quantité de féculents et de sucre qu’on consomme, et avoir une alimentation riche en légumes et en produits animaux d’élevage bio (provenant d’animaux élevés en liberté et nourris aux herbes et non pas aux hormones, aux antibiotiques ou aux graines).

Les produits bios sont-ils complètement exempts de pesticides? Les produits conventionnels sont-ils forcément beaucoup plus pollués? Y a-t-il vraiment des différences d’un point de vue nutritionnel? Lesquelles?
Oui, les produits conventionnels sont forcément beaucoup plus pollués surtout au Liban, car nous utilisons encore des pesticides qui sont (pour la plupart) interdits ailleurs. En plus de cela, notre façon d’utiliser les pesticides est mauvaise: on utilise des doses très importantes et on arrose les productions de pesticides juste quelques jours avant la récolte, ce qui est très dangereux. Donc, même les normes conventionnelles ne sont pas respectées au Liban. Il faut, non seulement éviter les pesticides, mais aussi les engrais chimiques. Il faut avoir recours aux engrais naturels de compostage et aux engrais issus du traitement biologique des déchets d’animaux. Il existe des études publiées qui montrent que les aliments bios sont plus riches en vitamines et en minéraux que les produits conventionnels. La seule différence c’est que les produits conventionnels sont plus riches en azote à cause de l’utilisation des engrais chimiques.
Enfin, la réglementation de l’agriculture bio permet aux producteurs d’utiliser certains pesticides non nocifs pour la santé. Ces pesticides sont, la plupart du temps, biodégradables. Néanmoins, même si nous mangeons des produits bios sans pesticides, il reste toujours une possibilité de contamination à cause des champs avoisinants comme dit précédemment.

La contamination bactérienne est-elle possible avec des produits bios?
Oui, surtout dans la situation sanitaire dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Cela dit, si le terrain est assez riche en minéraux, les plantes seront elles-mêmes plus immunes aux infections bactériennes. Il existe aussi toujours la possibilité de contamination à cause des résidus de terre sur les aliments une fois cultivés. Mais si on lave les aliments d’une façon appropriée avec des produits naturels ou avec du vinaigre suivi par du sel marin, il est possible de les décontaminer.
 
Selon l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, il n’existerait en fait que de faibles écarts entre les deux catégories de produits, confirmez-vous?
Peut-être qu’en France, l’écart n’est pas si grand, car l’utilisation des pesticides est plus réglementée qu’ailleurs. Mais pour le Liban, je ne confirme pas. Il existe plusieurs études qui montrent le contraire.
 

Propos recueillis par Soraya Hamdan

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