Magazine Le Mensuel

Nº 3076 du vendredi 7 avril 2017

Combien ça coûte

Le permis de conduire

En théorie, le permis de conduire coûte 268 000 L.L., soit 179 dollars. En passant par les bons soins d'une auto-école, ce coût peut grimper jusqu'à 450 000 L.L.. «C’est le prix à payer pour faciliter les démarches administratives, explique Camille Georges Chalhoub, propriétaire du bureau du même nom. Il est pratiquement impossible pour un individu de passer son permis seul et, si c’est le cas, il lui faudra conduire lui-même sa voiture le jour de l’examen et subir la lenteur de la procédure administrative». Aux frais de l’auto-école pour la paperasse, il faut ajouter entre 20 et 25$ par heure de conduite (même si ces dernières ne sont pas obligatoires).
L’épreuve du permis de conduire se déroule toujours en circuit fermé, c’est-à-dire sur un parking d’environ quinze mètres de long où il est demandé au candidat d’avancer et de reculer à l’intérieur des lignes blanches puis de réaliser un créneau, avec une voiture en conduite manuelle. Aucune épreuve particulière n’est prévue pour le code de la route. Un polycopié avec une vingtaine de panneaux est donné au candidat par l’auto école. «Le jour du permis, on vous montre du doigt trois panneaux, c’est tout», raconte Sandra, 30 ans, qui vient de passer le sien.
Un jeu d’enfant qui amuse beaucoup les étrangers, comme Philippine, une Française de 30 ans. Elle a passé son permis au Liban en 2012. «Je voyais mes amis français galérer pour réviser leurs épreuves du permis, sans compter qu’ils doivent débourser au moins 1 000 euros pour le passer! Pour 400 dollars et quelques heures de conduite, j’avais mon permis libanais en poche. En réalité, la seule difficulté que j’ai rencontrée était l’attente, le jour de l’examen.»

Réforme du permis
Dans ce contexte, les professionnels du secteur se battent pour qu’un nouveau permis soit mis en place et pour qu’un minimum d’heures de conduite soit rendu obligatoire.
«Nous demandons à ce que les Libanais soient obligés de s'entraîner pendant quelques heures en circuit ouvert, c’est-à-dire en pleine circulation», insiste Camille Chalhoub. Il existerait au Liban près de 700 auto-écoles, dont moins de 5% proposent des heures de conduite hors circuit. «La plupart d'entre elles proposent quelques heures au candidat, pour qu’il s’entraîne sur le parking, avant de passer l’examen» relève Chalhoub.
Selon les sources interrogées par Magazine, il serait également toujours possible d’acheter un permis de conduire «au noir» pour environ 600 000 L.L.. «Il s’agit de faux permis de conduire», mettent en garde les professionnels, qui conseillent de rester très vigilants face à ce genre de pratiques.
La «wasta» est une pratique courante le jour de l'examen. «Par exemple, un apprenti qui commet "une petite faute" lors du test de conduite, si sa voiture a calé ou qu’il a dépassé un peu les lignes blanches, déboursera entre 50 et 100$ supplémentaires, pour que son erreur soit ignorée», témoigne une source qui a préféré garder l’anonymat.
L’application de Sakker el-dekkene, qui permet aux Libanais de signaler les cas de corruption qu’ils rencontrent au quotidien, a répertorié 105 situations de ce type pour un montant de 14 millions de L.L., en ce qui concerne l’administration du trafic. «Ce montant ne représente que les cas déclarés, qui ne sont pas nécessairement tous reliés au permis», précise Rabih Nassar, le président de l’ONG. Il est ainsi très difficile de rater son permis au Liban, tant l’épreuve est symbolique et rattrapable.

Soraya Hamdan

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