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Nº 3091 du vendredi 6 juillet 2018

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Matthieu Chédid à Baalbeck. «Ce n’est pas un hasard si je viens au Liban»

Dans l’excitation et l’émotion, Matthieu Chédid, alias – M –, se prépare à chanter sur la terre de ses ancêtres, la terre de ses racines. Avant son concert tant attendu, le 4 août, au Festival International de Baalbeck, il s’est confié à Magazine.

Voix sereine au téléphone, on sent le pétillement d’une excitation. Ce n’est pas la première fois qu’il vient au Liban, mais «à chaque fois, venir au Liban c’est presque un symbole, un passage initiatique, un retour aux sources, une manière de comprendre d’où je viens. C’est un événement dans ma vie de venir au Liban. C’est presque une consécration», affirme Matthieu Chédid, après 20 ans de carrière. Depuis le moment où son passage à Baalbeck a été confirmé, il a enchaîné les recherches sur ses origines qu’il ne connaît pas, comme la culture ou la langue. D’ailleurs, il ne se rappelle même jamais avoir entendu sa grand-mère, l’écrivaine Andrée Chédid, parler l’arabe. Il découvre que le frère de celle-ci était un des initiateurs du Festival de Baalbeck.
«Il était question de faire quelque chose d’unique pour Baalbeck», affirme Matthieu Chédid. Immédiatement s’est imposée l’idée de ramener la famille à nos origines». M partagera la scène, le 4 août, avec son père Louis, sa sœur Anna, son frère Joseph, «une manière de faire revivre une certaine vibration Chédid». Il accueillera également sur scène le trompettiste Ibrahim Maalouf: « c’est lui qui m’a convaincu de faire ce spectacle. Il fait le lien, le pont. On se renvoie l’ascenseur, c’est comme mon petit frère et mon grand frère libanais». Matthieu Chédid compte bien profiter de ce concert pour approfondir ses liens avec le Liban, et rester en famille par la suite, avec sa mère également du voyage, dans les montagnes, guidés par Ibrahim Maalouf.
«J’ai le sentiment que ce concert n’est pas anodin. Ce n’est pas un hasard si je viens au Liban». Pour le public, Matthieu Chédid a préparé bien des surprises: il jouera en exclusivité, à Baalbeck, deux ou trois chansons de son prochain album, ainsi qu’un morceau hommage à sa grand-mère, où on entendra la voix d’André Chédid sur la trompette d’Ibrahim Maalouf. Et pourquoi pas, faire un documentaire sur ce projet et le ramener en France, pour «ramener le beau, et essayer d’être un passeur entres ces mondes-là».

Origines
«Je suis très ému d’aller au Liban, et pour mon père c’est encore plus fort», depuis le temps qu’il n’y a pas été. Tout dans sa voix, dans la précipitation de ses mots, de ses images, dans la fébrilité de l’émotion qu’il s’apprête à vivre en famille, dans les préparatifs qui s’accélèrent – plus tard il racontera qu’il est en train de lire un livre intitulé Liban d’Andrée Chédid –, tout le ramène à ce «rendez-vous très important». Comme s’il sent déjà qu’il y aura un avant et un après Baalbeck.
Pour l’artiste, la musique est à la fois un laboratoire, une expérimentation, un plaisir pétri dans la souffrance de la feuille blanche. Un de ces jours où le manque d’inspiration le torturait, sa grand-mère lui dit: «Ne t’inquiète pas, la source ne se tarit jamais!». Funambule de mots et de sons, dans son studio intitulé justement Labo M, il officie plus en «alchimiste» qu’en artiste, «un expérimentateur, un inventeur de nouveaux mondes». C’est selon lui le rôle de l’artiste dans un monde qui va de plus en plus mal: «un passeur de vibrations. C’est de transmuter la haine en l’amour. Même dans la mélancolie, même dans les éclats de souffrance, on trouve de la beauté. La beauté nous sauve, elle est synonyme de bonté».
Lui qui joue depuis toujours avec son nom d’artiste M qui est son «masque», sa «part d’enfance. Tout est possible avec M, il change de forme, je m’en sers comme un outil. Avec Lamomali, je l’ai mis de côté. L’idée est de rester en accord avec soi».

Vie et poésie
Lamomali, est son dernier projet, un hommage au Mali, à la kora africaine, avec la participation de plusieurs artistes, tels Fatoumata Diawara, Youssou’n Dour…, dont il fera des évocations à Baalbeck. Envisage-t-il un jour de s’inspirer de la musique orientale pour un futur projet? «Complètement, répond-il. D’ailleurs dans mon nouvel album, il y a des petits textes, des arabesques musicales» qui évoqueraient cette musique orientale à laquelle il affirme être «très sensible». Il parle même d’un «projet secret de faire un album avec Ibrahim Maalouf».
Le concert est pour M une «communion, une manière de (se) fondre avec le public. Je viens très serein à ce niveau-là. En plus, c’est sur la terre de mes ancêtres, je sens une connivence avec l’esprit libanais. Dans ma famille orientale, on se sent plus Libanais qu’Egyptien». Peut-être aussi dans sa manière de voir le monde, de voir la vie, «moins charmé par les gens qui se prennent au sérieux. C’est peut-être cette distance orientale que j’ai hérité de mon côté libanais».  
«Fils de l’instant», attaché au présent, «(vivant) le bonheur et la bonne heure», Matthieu Chédid sait d’avance qu’à Baalbeck, «nous allons, tous, nous «oublier et vivre quelque chose d’incroyable et de magique, quelque chose qui nous dépasse. Une communion marquante dans une vie. La liesse et la fantaisie, la profondeur et l’émotion, il va y avoir de vrais moments de vie, des moments de poésie. Ça peut paraître fou, mais j’en suis convaincu!».

Nayla Rached
 

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