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Nº 3094 du vendredi 5 octobre 2018

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Feu! Chatterton au Music-Hall Waterfront. «Nos exigences sont notre liberté»

Dans le cadre de French Vibes, un nouveau festival de musique ouvert sur la scène francophone, lancé par Karim Ghattas, le groupe français Feu! Chatterton donnera un concert le 17 octobre au Music-Hall Waterfront. Magazine s’est entretenu avec Arthur Teboul, le chanteur du groupe.

Depuis la sortie de leur premier EP, en 2013, ils ont été propulsés au-devant de la scène de l’Hexagone. Eux, c’est Feu! Chatterton, une formation pop-rock composée de cinq membres: Clément Doumic (guitare, clavier), Raphaël de Pressigny (batterie), Arthur Teboul (chant), Antoine Wilson (basse) et Sébastien Wolf (clavier, guitare). C’est leur première visite au Liban, «ce pays qui résonne dans notre imaginaire comme quelque chose d’incroyable», explique au téléphone, depuis Paris, Arthur Teboul, le chanteur du groupe. Hasard de la vie, leur producteur, Samy Osta, est d’origine libanaise et il leur a tant parlé du pays de son père. «On ne connaît rien du Liban, poursuit Arthur Teboul, on sait juste que c’est un pays très riche culturellement. Et très complexe aussi. Ce sera une découverte». Et ils comptent déjà bien profiter du voyage!
Pour le public libanais, ceux qui ne les connaissent pas encore et ceux qui les connaissent déjà, ce sera à la fois une immense découverte et un immense plaisir de les voir sur scène, puisque la sensation du live est immanquablement différente que la simple écoute de l’album. «Il y a des versions différentes pour les concerts, explique Teboul, certaines chansons finissent en transe. On est un groupe de rock après tout!». Ils présenteront au public libanais des morceaux de leurs deux albums, L’Oiseleur et Ici le jour (a tout enseveli).

Porté par la poésie
Feu! Chatterton, le nom du groupe, est une référence au poète britannique, Thomas Chatterton. C’est percevoir d’emblée cet amour de la littérature qui les distingue. «Porté par la poésie», par le plaisir du mot et de la langue française, chacune de leur chanson tonne comme une histoire, une scène, un tableau. «Au lycée en classe de première, avec Clément et Sébastien, je leur disais mes textes à l’oreille. Il y a des gens qui viennent à l’écriture par la musique. Nous, c’est dans l’autre sens. Ce qui nous incitait au départ, c’était l’envie de raconter des histoires. Ça aurait pu prendre une autre forme, peinture ou théâtre». Mais ce fut en musique, «Sébastien et Clément ayant déjà un groupe de musique».
Formation pop-rock, les genres et les influences s’entremêlent dans leur répertoire, rendant leur musique à la fois jouissive et inclassable. «Ça va de la chanson française traditionnelle, Brel, Gainsbourg, au rock progressif des années 70, comme Pink Floyd, Led Zeppelin et aujourd’hui Radiohead, en passant par le jazz», précise Arthur Teboul.
Ce qui renforce la richesse de leur formation, c’est qu’ils sont cinq qui n’écoutent pas forcément la même musique, chacun faisant découvrir aux autres ses goûts personnels. Par exemple, «Antoine, est contrebassiste classique et fan de musique électronique. Il nous a fait découvrir toute cette culture-là. Raphaël a appris les percussions au Sénégal et au conservatoire de jazz. On prend les influences d’un peu partout, on mélange les genres, pourvu qu’il y ait une émotion sincère».
C’est en effet l’émotion qui guide leur processus créatif, un processus qui se fait à cinq, sans une «recette» fixée d’avance, en fonction de chaque chanson. Un processus aléatoire et par là même «excitant», puisqu’à chaque fois ils procèdent d’une manière différente. «Parfois, poursuit Teboul, j’arrive avec un texte fini et on fait la musique ensuite. Parfois, j’ai juste des petits morceaux de texte, et on se retrouve ensemble, généralement la nuit, dans un appartement, pour être tranquille, et on improvise. L’écriture de la chanson n’est jamais arrêtée; il y a beaucoup de va-et-vient entre la musique et les paroles, beaucoup d’échanges. Parfois, le texte doit changer pour accompagner la dynamique de la chanson. On essaie de se répondre pour faire émerger une émotion particulière».

Le plaisir de la scène
Et l’auditeur se plaît à les imaginer tous ensemble, les cinq membres du groupe, à «jouer et improviser pour trouver des accidents qui (leur) plaisent à tous, comme des enfants. Et d’un coup, paf!, les choses s’assemblent et (ils) se disent que c’est un début». C’est là que tout commence, parce qu’après il faut aller au bout. «Il y a beaucoup de travail, on discute beaucoup entre nous, on met longtemps à s’accorder mais on sait qu’à la fin ce sera encore mieux».
Quand le plaisir devient profession, travail et labeur, la musique reste-t-elle toujours un plaisir? «Si ça n’était pas un immense plaisir, on arrêterait, répond le chanteur de Feu ! Chatterton. Parce qu’une tournée, c’est laborieux, c’est une vie très intense. Mais une fois qu’on se retrouve sur scène, on est comme au début, des copains du lycée qui sont heureux de partager ensemble un moment et de le partager avec les autres». Chaque soir, lors d’une tournée, ils se disent qu’ils ont la chance de pourvoir vivre ce qu’ils vivent. Mais voilà, cette chance il faut l’entretenir, la porter. «Comme dans les plaisirs de la vie, pour arriver à des moments supérieurs, il faut passer par des moments laborieux. C’est dans ces moments aussi qu’on se met à l’épreuve et qu’on se découvre. On découvre sa singularité, on s’impose des défis, des exigences qu’on essaie de relever. C’est notre liberté».

Le 17 octobre, au Music Hall Waterfront, à 20h.
Billets en vente au Virgin :
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Nayla Rached

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