Magazine Le Mensuel

Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Des mois difficiles en perspective?
A la lumière des déclarations prévoyant des mois fort difficiles dans la région et au Liban, le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a dit: «Nous ne sommes pas en mesure de certifier que le Liban restera sécurisé lorsqu’on observe ce qui se passe autour de lui. Je ne me serais pas rendu à Washington, si les menaces n’étaient pas permanentes, pour des réunions de nature sécuritaire (avec le chef de la CIA, John Brennan, et l’envoyé du président Barack Obama pour les Affaires antiterroristes, Rob Malley). Ibrahim a révélé que la coordination entre les organes sécuritaires libanais et américains a bien progressé dans l’intérêt du Liban et de sa stabilité.

 

Khansa succède à Komati
Désignation de Mohammad Saïd Khansa (ex-président de la municipalité de Ghobayri) au poste de responsable des relations du Hezbollah avec les dignitaires, notables et partis chrétiens. Il succède ainsi au vice-président du bureau politique de la formation chiite, Mahmoud Komati, qui avait été provisoirement en charge de ce dossier après la démission de Ghaleb Abou Zaynab qui l’avait géré depuis sa création dans les années 90. C’est ce dernier qui avait parrainé le «document d’entente» de Mar Mikhaël avec le CPL en 2006.

Pourquoi Ayrault a-t-il reporté sa visite?
Report de la visite du ministre français des Affaires étrangères, initialement prévue à la fin du mois de mai, au 10 juillet. C’est-à-dire que Jean-Marc Ayrault débarquera à Beyrouth après les rencontres programmées avec le deuxième héritier du trône saoudien, Mohammad Ben Salmane, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, attendus à Paris en juin. Cet ajournement indique, d’après quelques analystes, que l’initiative française pour le Liban n’est pas encore mûre, en raison, sans doute, des divergences qui opposent la France aux Etats-Unis, sur certains points. Les Français souhaitent reconstruire le régime libanais sur les mêmes bases, alors que Washington et Téhéran aspirent à y introduire des changements. Paris voulait au départ parrainer un congrès libanais sur son sol à l’instar de celui de Doha, qui aboutirait à une entente politique pour la gestion de l’étape actuelle avec un minimum de dégâts, en attendant le règlement régional global. Mais l’idée française ne semble pas faire l’unanimité parmi les Libanais. Le président Nabih Berry, qui a proposé l’organisation des législatives d’abord, a mis en doute l’efficacité d’un congrès interlibanais à l’étranger.

Raad chez Husseini
L’empreinte du président Hussein Husseini figure sur le document présenté par le cardinal Béchara Boutros Raï au président François Hollande… plaidant pour une période transitoire au Liban via l’élection d’un chef d’Etat pour un mandat de deux ans. L’ex-président de la Chambre qui s’est réuni avec le chef de l’Eglise maronite avait, en effet, été le premier à lancer cette idée. C’est ce qui a poussé le député Mohammad Raad à se rendre auprès du président Husseini pour en savoir plus sur la nature et les objectifs de cette démarche.

Non du Moustaqbal à Berry
L’initiative du président Nabih Berry, préconisant l’organisation des élections législatives avant la présidentielle, est loin de remporter l’adhésion du Moustaqbal. Le courant haririen veut donner la priorité au scrutin présidentiel. Une source du parti pose la question suivante: «Qu’est-ce qui peut garantir que les autres camps respectent les engagements qu’ils prennent verbalement? Qui peut garantir que la présidentielle pourra se dérouler juste après? Qui peut être sûr que nous ne plongerons pas dans un plus grand vide, surtout que le gouvernement devra se contenter d’expédier les affaires courantes, dès l’élection d’un nouveau Parlement!».

Participation satisfaisante au Sud
Le président Nabih Berry estime que le taux de participation aux municipales dans la région du Liban-Sud était plus élevé que prévu. Ce qui constitue un message d’appui populaire au tandem Amal-Hezbollah.
Le chef de l’Assemblée met en lumière le cas de Maghdouché, où la liste soutenue par le député Michel Moussa a enregistré un score remarquable face à la liste opposée appuyée par certains partis. «Maghdouché mérite le titre de la deuxième capitale des Grecs-catholiques, après Zahlé», a décrété Berry.
Pour ce qui est de Jezzine, le leader chiite souligne que «le candidat Ibrahim Azar, seul, a obtenu un résultat qualitatif, que ce soit par les percées sur la liste municipale adverse, soit par le nombre de voix dont il a bénéficié à l’élection législative partielle. Cela sans mon appui, puisque j’avais décidé de ne pas intervenir à Jezzine».

Remodelage de la carte chrétienne
L’alliance CPL-FL commence à être confrontée à d’autres alliances chrétiennes qui ont émergé lors des municipales notamment au Kesrouan, le Metn-Nord et quelques régions du Nord. Sans oublier la rébellion de certaines composantes chrétiennes centristes face à l’entente de Maarab. A cet égard, des sources chrétiennes avancent plusieurs exemples: l’accord des Marada avec Michel Moawad à Zghorta, celui du ministre Boutros Harb avec des forces non partisanes, l’entente du député Michel Murr avec les Kataëb et celle des Kataëb avec des composantes centristes et indépendantes… Toutes ces données aboutiront au remodelage de la carte politique chrétienne.

Le Hezbollah à l’offensive en Syrie
Quelques jours après l’assassinat de Moustafa Badreddine et à la suite des déclarations du Hezbollah faisant assumer la responsabilité de l’attentat aux groupes tafkiristes, le parti chiite, avec l’aide de l’armée syrienne, a réussi à récupérer 13 villages dans la Ghouta est s’étendant sur une superficie de 40 km2. Le timing de cet exploit et l’importance des organisations visées sont significatifs, comme le rapportent les sources proches du Hezbollah. Celui-ci a voulu démontrer que la disparition de son chef militaire n’a pas affaibli sa structure militaire. L’exécution du plan mis au point par Badreddine lui-même a commencé, passant outre les réserves politiques dues aux ententes américano-russes. Les groupes qui ont été ciblés sont parrainés par l’Arabie saoudite, notamment Jaïch el-Islam dont l’élimination signifie l’expulsion définitive de Riyad de l’équation sur le terrain syrien.

Le cheikh Husseini s’intéresse à l’Irak
Après s’être activé à attaquer la résistance libanaise dans les journaux saoudiens, le cheikh chiite, Mohammad Ali Husseini, a étendu son champ d’action vers la France. Il est apparu dans le cadre d’un congrès politique organisé récemment par l’opposition irakienne à Paris, parrainé par une organisation internationale, Ambassadeurs de l’Irak pour la paix. Le cheikh Husseini, qui avait été par le passé arrêté par les autorités libanaises pour collaboration avec Israël, était assis à côté de l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, et des sénateurs américains David Walden et Gerald Waller, ainsi que de Bradley Blackman qui fut conseiller dans l’Administration de George Bush fils. Les participants au congrès ont été surpris par l’allocution de Husseini qui, abordant le cas des minorités, a mis l’accent sur «les droits des juifs déplacés d’Irak qui sont de vrais Irakiens». Il a ajouté: «L’Irak vit sous l’occupation du régime de Wilayat al-Fakih». Pour De Villepin: «La solution en Irak doit être fondée sur un consensus populaire et sur des ententes avec l’Iran et les pays voisins».

Alerte aux attentats
Elargissement du champ d’action des forces de l’ordre, à titre préventif, après les rapports parvenus aux autorités comportant des informations sur d’éventuelles opérations terroristes que l’EI-Daech se prépare à exécuter dans des régions libanaises.
Ces informations focalisent sur les cellules daechistes dormantes qui planifient l’exécution d’attentats à l’explosif, surtout dans la banlieue sud, avec le début du mois du Ramadan. A ce chapitre, les forces de sécurité ont récemment arrêté un ressortissant syrien appartenant à un réseau de kamikazes de l’EI, réseau qui s’apprêtait à exécuter des attentats suicide dans la capitale, dans un quartier touristique connu pour son animation nocturne. Le kamikaze détenu a avoué que les explosions devaient aussi cibler les fidèles présents dans une église voisine dans le même quartier. Les autorités concernées, qui n’ont pas voulu ébruiter ces infos, ont sollicité des organes arabes et étrangers de les aider à approfondir l’enquête. Le ministre Nouhad Machnouk avait confirmé, le 30 mai, avoir fait échec à des projets terroristes de ce genre.

Israël et les rebelles syriens
Mise en garde contre l’ampleur de l’infiltration des groupes d’opposition syrienne par Israël. Les milieux d’une haute instance politique estiment que la mise sur pied par Tel-Aviv d’une «unité de liaison avec la Syrie afin de consolider les relations avec les habitants du côté syrien du Golan» est une décision dangereuse qui constitue une menace pour la sécurité du Liban-Sud.
L’enchevêtrement démographique et l’étendue géographique sur les cimes ouest du Jabal el-Cheikh, plus précisément entre le Arkoub libanais et le Golan syrien, constituent l’un des plus grands facteurs géopolitiques que tentent d’exploiter les Renseignements israéliens. Le front nord d’Israël, ajoutent ces milieux, inclut les fronts du Liban-Sud et du Golan, c’est pourquoi la création d’une unité de liaison avec les combattants de l’opposition syrienne ressemble à la formule ratée de ce qui fut «l’armée du Liban-Sud». L’Etat hébreu invoque des «motifs humanitaires» pour attirer les éléments armés, mais n’hésite pas à proclamer son pari stratégique sur ses groupes pour influencer l’équilibre des forces à sa frontière nord.

Sombres projets pour le Liban
A la suite de l’arrivée de Christos Stylianides, commissaire européen pour les aides humanitaires et la gestion des crises, à Beyrouth, un diplomate de l’un des pays des Brics fait le commentaire suivant: «Le Liban est sous la menace d’une stratégie de décomposition-recomposition de la démographie politique, dans les pays de la région, menée par Washington». La proposition de Ban Ki-Moon d’implanter les déplacés syriens n’était pas irréfléchie, a-t-il ajouté, affirmant que les éclaircissements donnés par des sources américaines et européennes à l’opinion publique libanaise n’éliminent pas les projets de Ban Ki-Moon. D’après ce diplomate, Washington, Ankara et Riyad appuient le projet d’installation d’un bloc sunnite fort au Liban. Le remodelage politico-démographique entre le Liban et la Syrie vise à créer une dynamique qui redéfinirait l’avenir du régime libanais, l’équation de la résistance contre Israël incluse.

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