Donald
Trump a donné un coup d’accélérateur aux démarches visant à faire
avancer son mystérieux «plan de paix» au Proche-Orient. Le président
américain dépêche ses émissaires à droite et à gauche pour essayer de
mettre sur les rails le fameux «accord du siècle», dont on ne connaît
presque rien à part qu’il évoque un «Etat» palestinien avec comme
capitale, Abou Dis, une banlieue de Jérusalem, selon les rumeurs.
Jared Kushner, l’envoyé spécial de Trump, a pris son bâton de pèlerin à
la mi-juin et a rencontré plusieurs dirigeants de la région, dans le
cadre d’une tournée effectuée en compagnie de l’émissaire spécial du
président américain pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt. Il a
organisé à Amman une rencontre entre le roi Abdallah II et le Premier
ministre israélien Benyamin Netanyahu, à laquelle aurait participé le
prince héritier saoudien Mohammad ben Salman. Le site français
Intelligenceonline a rapporté que des chefs d’agence de renseignements
d’Israël, d’Arabie saoudite, d’Egypte, de Jordanie et de l’Autorité
palestinienne se seraient rencontrés, après ce sommet, toujours à Amman,
pour discuter des moyens pratiques de «faire avancer le processus de
paix». C’est aussi dans ce cadre que certains observateurs placent
la rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et le
conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, venu préparer
le sommet du 16 juillet à Helsinki, entre les chefs d’Etats américain et
russe. Des sources citées par la presse croient savoir que Trump a
proposé de reconnaître la primauté de l’influence russe en Syrie en
contrepartie d’une aide de Moscou pour faire avancer «l’accord du
siècle». La médiation de la Russie est souhaitée pour convaincre
l’Autorité palestinienne, qui refuse de recevoir des représentants
américains depuis que Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël,
à s’engager sérieusement dans le processus de paix. Ces sources croient
voir dans l’invitation adressée par Vladimir Poutine à Mahmoud Abbas et
Benyamin Netanyahu pour assister à la cérémonie de clôture du Mondial
2018, les prémices de ce rôle d’intermédiaire. Bien qu’il nous semble
peu vraisemblable que les ambitions de Moscou se limitent au rôle de go
between adoubé par Washington, surtout que la Russie a arraché son
influence en Syrie grâce à ses Sukhoï et aux ressources qu’elle a
investies pour réorganiser et rééquiper l’armée syrienne. Il est
possible que les Etats-Unis pensent que le moment est propice pour un
forcing au niveau du processus de paix. Les sanctions contre l’Iran
commencent à donner des résultats, avec la dépréciation du rial et les
troubles politiques et sociaux sporadiques qui ont lieu dans le pays. Si
cette analyse est vraie, alors il ne faut plus s’étonner que la
formation du gouvernement libanais ait pris tellement de temps, car la
constitution du pouvoir exécutif au Liban est aussi un champ où des
pressions pourraient être éventuellement exercées dans le but
d’affaiblir les alliés de l’Iran et de renforcer la position des amis de
Washington et de Riyad.
Paul Khalifeh