Magazine Le Mensuel

Nº 2856 du vendredi 3 août 2012

general

Tarek Yamani. Le pianiste de jazz qui monte

Tarek Yamani est bien connu au Liban, son pays d’origine. Indéniablement, il a fait ses preuves en tant que pianiste de jazz, compositeur, programmateur musical. Son parcours bien riche l’a déjà conduit à jouer dans divers autres pays. Mais c’est à New York qu’il a décidé de résider depuis 2011.

Pauline Mouhanna, Etats-Unis
Silence, ça bouge à l’Iridium Jazz Club à New York. C’est ici que Tarek Yamani vient de se produire récemment avec John Davis et Dan Peck. En face d’un public cosmopolite, le pianiste de jazz a une fois de plus su séduire. De quoi rendre la communauté libano-américaine encore plus fière de lui.

D’une variété de style au jazz
Ces derniers temps, l’agenda de Tarek Yamani est bien rempli. Que ce soit par la sortie de son premier album Ashur téléchargeable en ligne depuis avril dernier et qui est déjà disponible au Liban (voir encadré) ou par ses prochains concerts prévus dans divers Etats américains, en Europe et au Moyen-Orient. En bref, la carrière de Tarek Yamani décolle. Pourtant, au départ, rien n’était gagné pour lui. Titulaire d'un diplôme en Sciences Informatiques de l 'Université américaine de Beyrouth, il a poursuivi des études de piano au Conservatoire Prinz Claus en Hollande. Tarek a en fait opté pour plusieurs chemins avant de trouver sa voie. A Beyrouth, il a joué avec le groupe de hip-hop Aksser. Il a aussi été un des fondateurs du groupe «funjan shai». Il a composé aussi de la musique pour des réalisateurs tels qu’Omar Rajeh ou encore Eva Bergman. Au fil de cette longue carrière, il a expérimenté différents genres musicaux.  Musique afro-cubaine, brésilienne, flamenco. Quant à son histoire avec le jazz, elle débute à 19 ans. Comme si dès cet âge, il avait déjà compris que ce genre va lui aller comme un gant. Ne trouvant pas de réel mentor au Liban, il est encore plus convaincu que c’est à lui seul de l’explorer. Il devient alors pianiste de jazz en autodidacte et dès 2004, il se concentre principalement sur cette voie. Il joue dans des clubs locaux et fait le tour du monde : L’Europe, l’Afrique du Nord, le Golfe. Il partage la scène avec des grands artistes tels que Jimmy Greene, René Mclean et Khaled Yassine. C’est d’ailleurs ce dernier qui l’a le plus influencé comme il nous l’explique. «C’est un ami proche mais c’est aussi un grand musicien qui possède une incroyable vision artistique». Mais Tarek admet que d’autres artistes l’ont également forgé. «Chaque contact sur scène avec les autres membres permet de vous apprendre plus sur vous». Ceux qui l’ont formé aussi, ce sont ces maîtres qu’il a dû écouter un nombre incalculable de fois comme Herbie Hancock et John Coltrane. Ce sont eux sans doute qui l’ont inspiré et qui lui ont permis de se façonner et de faire évoluer sa carrière. En effet, depuis 2 ans, tout sourit à Tarek Yamine. D’abord, la consécration a été de remporter le prix «Thelonious Monk International Composer’s Competition» pour sa composition «Sama'i Yamani». A titre indicatif, ce prix est le plus prestigieux. C’est grâce à lui que plusieurs maîtres de jazz ont été découverts. Cette année, il a eu aussi le privilège de jouer avec Wayne Shorter, Richard Bona, Zakir Hussein et Vinnie Colaiuta lors de la «Journée International de Jazz» qui s’est tenue au siège de l'ONU à New York. Lors de cet événement, le Jazz a été proclamé comme une langue internationale. A chaque fois qu’il se remémore ce souvenir, Tarek est ému. «Pour moi, ça a été la plus grande opportunité. Être invité à se produire aux Nations unies lors de cette journée est quelque chose d’exceptionnel». Alors est-ce la consécration qui l’a poussé à quitter son pays pour s’installer aux Etats-Unis? « Pas vraiment non», assure-t-il. Les vraies raisons de son départ demeurent incertaines. Mais une chose est sûre : quel que soit le lieu où il décidera de poser ses valises, le public ne se lassera pas de l’accompagner. Pour découvrir l’album «Ashur», se rendre sur le site suivant : http://www.tarekyamani.com/Music.aspx.

N.R.

Ashur
Du nom de l’ancienne cité de l’Empire d’Akkad, Ashurse révèle et s’effeuille, couche après couche, au fil des écoutes qui se succèdent. Si Tarek Yamani a attendu plus de 10 ans pour sortir son premier album, c’est qu’il attendait son entière maturation, c’est qu’il attendait de pouvoir décortiquer les codes du Jazz, cette musique qui lui est tellement familière et tellement étrangère à la fois. Et Tarek Yamani semble l’avoir complètement assimilée, absorbée, incorporée à ses origines libanaises. Et au-delà. Accompagné de Goran Krmac au tuba et de Kristijan Krajnčan à la batterie, Tarek Yamani offre aux auditeurs Ashur,sorti sur le label Edict Records: dix titres, 5 compositions originales, 4 standards et un arrangement du prélude du «Clavier bien tempéré» de Bach.Parmi les titres de l’album, la composition «Samai’ Yamani» qui lui a valu le prestigieux prix Thelonious Monk International Composers Competition. Un début au piano tout en complexité doucereuse, taquine, avant que le tuba n’entre en jeu; quelques souffles, et voilà que le piano de Tarek s’amuse à varier les sensations, contradictoires, antinomiques, résolues dans la perception de l’instant musical. Entêtant. Obsessionnel. Enivrant. Un instant qu’on voudrait rallonger encore et encore. Et qui retrouve son écho dans les titres qui se succèdent et se bousculent dans votre corps et votre esprit. Giant Trane, Everybody’s got to learn sometime de James Warren, Dexterity de Charlie Parker, Dabké in Eb Nakriz, Passeggiata… Compositions originales ou reprises, Tarek Yamani semble se fondre au cœur de son piano, cet instrument de prédilection qu’il a appris, au fil des ans, à apprivoiser, à dompter, à caresser… jusqu’à en extraire un son particulier et se différencier par une manière de jouer qui ne ressemble à nulle autre. Le son de Tarek Yamani se distingue par son impact épuré et retentissant auprès de l’auditeur. Avec Ashur, il offre au public un cadeau enrobé de délices: une seule écoute suffit à vous le rendre presque indispensable. Et l’album repasse en boucle. Chaque nouvelle écoute engendre une nouvelle découverte, un émerveillement autre.
L’album est disponible dans toutes les branches du Virgin Megastore et en ligne.

 

 

 

 

 

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