Magazine Le Mensuel

Nº 2884 du vendredi 15 février 2013

Confidences Liban

Confidences Liban

Visite raccourcie
Alors que le commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi, se trouvait à Paris en mission officielle pour finaliser les modalités de livraison de l’aide militaire française au Liban, à savoir l’équipement des Gazelle avec des bases de lancement de missiles, il a dû rentrer en catastrophe à Beyrouth pour suivre les développements après les incidents de Ersal. Le général Kahwagi avait planifié une rencontre avec l’ex-Premier ministre Saad Hariri, son départ précipité de Paris l’a contraint à modifier son programme, mais les deux hommes se sont promis de se voir prochainement au Liban. Quant à l’aide militaire, une délégation française est attendue à Beyrouth dans le but de mettre la touche finale à cette coopération. L’installation de bases de lancement sur les Gazelle de l’Armée libanaise était soumise jusque-là à un embargo.

Nuage d’été entre Hariri et Geagea
Réunion prolongée à Meerab entre Nader Hariri, le conseiller de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, et le chef des FL, le Dr Samir Geagea. Au menu, les derniers développements, en particulier le projet de la Rencontre orthodoxe approuvé par les FL et désapprouvé par le Moustaqbal. Après que chacun eut exprimé ses griefs, le Dr Geagea a considéré que rien ne peut ébranler la solidité des rapports entre les composantes du 14 mars, en particulier ceux qui le lient au chef du Moustaqbal, rappelant que le 14 février constitue une occasion nationale et concerne l’ensemble de la base du 14 mars. A l’issue de cette rencontre, le Dr Geagea a longuement parlé au téléphone avec le président Hariri pour réitérer ses constantes et réaffirmer ses choix stratégiques dans le cadre de la coalition du 14 mars.

 

Joumblatt-Gemayel: rendez-vous avorté
Le président Saad Hariri n’a pas réussi à arranger une rencontre entre le président Amine Gemayel et le député Walid Joumblatt qui se trouvaient en même temps à Paris où ils ont été reçus -séparément- par le président François Hollande. En fait, le député du Chouf a décliné l’invitation haririenne arguant que les Kataëb ont adopté la loi de la Rencontre orthodoxe sans le consulter. Joumblatt a également dénoncé des déclarations faites par certains cadres Kataëb, dont le député Sami Gemayel, les qualifiant de tendancieuses et de provocatrices.
«Je ne suis pas prêt, a dit le leader druze, à adopter ce langage politique contraire à l’esprit de Taëf». Hariri, qui se prépare à rentrer au bercail, intensifie ses contacts avec ses alliés. Ainsi a-t-il longtemps discuté avec le Dr Samir Geagea suite à la visite effectuée par une délégation du Moustaqbal à Meerab.


Qui vole les armes de Fateh?
Le vol des armes entreposées dans l’un des sièges du Fateh dans le camp de Aïn el-Héloué n’en finit pas de faire des remous depuis que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a eu vent de l’affaire. Azzam Ahmad, superviseur général de Fateh au Liban, a donné ses consignes pour la formation d’une commission d’enquête chargée de découvrir la vérité. Il pourrait même venir au Liban afin de connaître l’arrière-fond de l’histoire. Suite à ce vol, des mesures visant à mettre un terme à la débandade dans les camps, notamment à Aïn el-Héloué, ont été prises, l’idée étant de réglementer la détention d’armes en coordination avec l’Etat libanais, comme l’a communiqué Abbas aux autorités libanaises.

Georges Abdallah: libéré discrètement?
Les contacts en vue de la libération de Georges Abdallah se poursuivent en toute discrétion, comme le rapporte un ministre. L’homme a purgé sa peine et la Justice française a rendu son dossier, sauf que l’administration juridique française, pour des raisons d’ordre politique, a prolongé sa détention. Les négociations menées entre les autorités libanaises et la France via son ambassade ont fini par porter leurs fruits: les amis de Abdallah ont mis fin à leur sit-in devant les locaux du consulat, avec la promesse que Paris procèdera au rapatriement du prisonnier au courant de ce mois, sans que son retour ne soit célébré en grande pompe. Il n’est pas exclu qu’un responsable libanais s’envole pour Paris pour finaliser l’entente.

Le Bey sur la bonne voie vers Riyad
Les observateurs ont été fort intéressés par la visite que l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Ali Awad Assiri, a rendue au député Walid Joumblatt à son domicile à Clemenceau. Ils y ont vu un signe d’ouverture envers le leader druze, une sorte de renouement après la rupture. Cette visite, estiment-ils, ouvre la voie de Riyad à Joumblatt et s’inscrit dans la quête d’un règlement à la crise libanaise afin d’assurer la tenue des élections selon le calendrier prévu. D’après les informations qui circulent, le leader du Chouf ne va pas tarder à prendre l’avion pour l’Arabie où il doit rencontrer le prince héritier, l’émir Salman Ben Abdel-Aziz, et le ministre des Affaires étrangères, l’émir Saoud el- Fayçal. L’ex-président Saad Hariri aurait promis à Joumblatt, à l’issue de leur entretien à Paris, de faire son possible pour assurer la réussite de cette visite.

FL et Kataëb n’ont pas soutenu Harb
A la demande de Saad Hariri, le député Nouhad Machnouk a assisté, en signe de solidarité, à la conférence de presse que donnait le député Boutros Harb à son domicile, pour protester contre la requête pour la levée de son immunité présentée par le procureur général, Hatem Madi. Harb s’en est violemment pris à ce dernier en présence de représentants du Secrétariat général du 14 mars, du Bloc national, du mouvement de Renouveau démocratique… et en l’absence des FL et des Kataëb. C’est que la guerre menée par le député Harb contre le projet de loi orthodoxe approuvé par les deux partis chrétiens a laissé des séquelles… Il paraît que le député de Batroun aurait demandé un rendez-vous à Meerab afin d’éclaircir sa position, mais il n’a pas encore reçu de réponse.

Une Commission qui fait parler d’elle
La création de la Commission pour la supervision des élections, proposée par le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel au gouvernement, il y a deux semaines, a été contestée par nombre de ministres. Le Conseil a chargé le ministre de la Justice Chakib Kortbaoui de consulter la Commission des Affaires et de la Législation à ce sujet, parce que certains ministres opposants ont insinué que cette suggestion était initiée par le président de la République, et visait à ranimer le mode de scrutin de la loi de 1960.
Le ministre Charbel estime que la création de la Commission pour la supervision des élections est prévue par la loi et qu’il est de son devoir de l’appliquer, sinon il va falloir l’amender. Le législateur n’a pas fixé d’échéance à la mise sur pied de la Commission, c’est ce qui a porté certains ministres à s’opposer à la chose de peur de relancer la loi de 1960. D’après le ministre de l’Intérieur, les élections se dérouleront dans les délais et, en l’absence de l’adoption d’une nouvelle loi électorale, celle de 1960 restera valide.

 

Iklim: La bataille a commencé
Des sources socialistes ont été interloquées par la rencontre à Jiyyé du mufti du Mont-Liban, Cheikh Mohammad Ali Jouzou avec cheikh Ahmad el-Assir, vendredi passé. Cette réunion, pensent-elles, relève du chantage électoral que l’ex-Premier ministre Saad Hariri pratique sur le député Joumblatt dans la région de Iklim el-Kharroub et sur la côte entre Khaldé et Jiyyé. La pression augmente depuis l’entretien des «30 minutes parisiennes» qui n’a pas réussi à combler le fossé politique entre Hariri et Walid Joumblatt. L’ex-président Hariri insinue qu’il apportera son soutien à un candidat sunnite de la Jamaa Islamiya qui bénéficie de l’appui des salafistes, ou à un candidat du Moustaqbal, alors que ce siège est actuellement occupé par un député joumblattiste, Alaeddine Terro. De son côté, le leader druze tient à demeurer à la tête d’un bloc de douze députés dont celui qui occupe le siège sunnite de l’Iklim. Les sources estiment que la balle est actuellement dans le camp de Hariri qui doit régler son différend avec Joumblatt.

Les «agités» exaspèrent Berry
Messages tous azimuts du président Nabih Berry, à l’adresse de plusieurs acteurs locaux et étrangers, pour marquer son refus de reporter les législatives et sa volonté d’amener tous les camps à assouplir leurs positions afin de parvenir à un consensus sur la loi électorale, brisant l’inflexibilité ambiante. D’après une source parlementaire, les agités qui tiennent des propos houleux et nuisent à l’ordre général dans le pays, exaspèrent le chef de l’Assemblée. C’est pourquoi il a rappelé que nous étions tous dans la même barque et qu’il était impératif de préserver l’union nationale en calmant les esprits. Berry, suivant cette source, a une «vision bien claire» qu’il n’annoncera qu’à la fin des travaux sur la nouvelle loi électorale entrepris par la sous-Commission et les Commissions mixtes.
La même source exprime son pessimisme quant aux informations qui confèrent à la position du Moustaqbal une dimension régionale et internationale, et qui affirment que le camp sunnite le plus en vue refuse la suggestion de Berry qui consiste à dissocier l’échéance électorale de la crise syrienne. Cela à la demande de l’Arabie saoudite qui appuie le déroulement des législatives dans les délais prévus par la loi, mais selon le mode de scrutin majoritaire et non proportionnel. L’insistance du chef du Parlement à parvenir à une entente interne vient de son appréhension du vide constitutionnel qui pourrait résulter de l’ajournement des législatives 2013, suivi du report de la présidentielle en 2014.


L’«avenir pétrolier» du Liban
Un expert arabe des affaires américaines assurait que «les nouvelles nominations de l’Administration Obama auront un impact positif sur l’avenir pétrolier du Liban». Les découvertes pétrolières et gazières dans les eaux territoriales et la zone économique du Liban, de Syrie et d’Egypte s’ajoutent aux réserves découvertes dans les régions du Golfe et de la péninsule arabique, révèle cet expert qualifié. Ce changement géo-énergétique, poursuit-il, réduit l’importance de ces régions, surtout que l’Arabie saoudite ne conservera plus sa place de premier exportateur de pétrole en 2020, selon des études américaines, ou après 2035, selon les données saoudiennes. Les chances d’accession du Liban et de Syrie à la carte des pays producteurs et exportateurs d’énergie vont les libérer de leur dépendance relative des marchés occidentaux et influer sur leurs structures économiques respectives, surtout en ce qui concerne le Liban. «La qualité des personnalités auxquelles le président Obama a confié les portefeuilles des Affaires étrangères, de la Défense et des Renseignements vient confirmer la nouvelle tendance américaine qui consiste à renoncer à la politique de la confrontation et à mettre fin à l’étape militaire inaugurée par le président Georges Bush en faveur d’une politique de négociations qui facilitera l’exploitation des ressources énergétiques dans un climat de stabilité favorable aux investissements au Liban.
Le ministre Gebran Bassil avait annoncé lors du lancement du projet de réservoir de stockage des produits pétroliers à Tripoli: «Nous nous dirigeons vers un Liban, pays énergétique de premier plan…».

Implantation d’al-Nosra
L’attentat qui a détruit le siège des renseignements militaires syriens et fait plusieurs morts dans le village de Sahsah dans le Golan, a été exécuté par deux kamikazes palestiniens, membres du Front al-Nosra, branche syrienne de l’organisation al-Qaïda, révèle-t-on de source palestinienne. Ces sources ignorent cependant si les deux suicidaires étaient venus au Liban avant l’attentat ou s’ils y ont bénéficié d’une aide logistique. Mais elles savent bien que le centre de renseignements ciblé, il y a environ deux semaines, est doté d’issues très proches de l’axe Beit Jinn/Chebaa. Les activités des fondamentalistes palestiniens du Front al-Nosra s’étendent et deviennent problématiques. Les mêmes sources citant des responsables du camp de Yarmouk à Damas, affirment que l’aboutissement à un règlement politique entre les forces et les cadres palestiniens d’un côté et l’ASL et les combattants d’al-Nosra de l’autre, qui ont refusé de neutraliser le camp, considéré acquis stratégique, est impossible. Ce qui a poussé les réfugiés palestiniens au désespoir et à la fuite vers d’autres quartiers de Damas, ou vers les camps du Liban. Yediot Aharonot avait révélé dans son édition du 10 février, qu’Israël craint «la présence de milliers de Moudjahidines qui se sont infiltrés d’Arabie, du Yémen et de l’Irak qui œuvrent sous le patronage d’al-Qaïda ou de la mouvance jihadiste internationale dans la bande séparant Deraa d’Israël.

 

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