Magazine Le Mensuel

Nº 2890 du vendredi 29 mars 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

En pointillé…
La fille du colonel Mouammar Kadhafi, la très turbulente Aïcha, réfugiée avec sa mère et ses deux frères depuis le lynchage de leur père dans le désert algérien, craint être extradée à Tripoli pour se présenter devant la justice de son pays. En effet, les nouveaux dirigeants libyens exercent des pressions énormes sur le voisin algérien pour qu’il mette fin à la cavale des Kadhafi. Pour sa part, le président Abdel-Aziz Bouteflika, dont le mandat prend fin l’année prochaine, veut clore une fois pour toutes ce dossier épineux. Résultat, des sources affirment qu’Aïcha et ses frères ont été priés de trouver une nouvelle terre d’asile, s’ils ne veulent pas connaître le même sort que leur cousin Ahmad Kadhaf el-Dam, arrêté par la police égyptienne et remis à Tripoli. Message reçu cinq sur cinq puisque la famille a plié bagage en toute discrétion pour une destination encore inconnue.   

    

L’homme de la situation!
Le Premier ministre irakien Nouri el-Maliki est peu apprécié par la communauté internationale et par la majorité de la classe politique irakienne. Malgré cela, il vient de fêter sa septième année à la tête du gouvernement, au grand désarroi de ses détracteurs. Il ne faut pourtant pas s’étonner que le leader du parti chiite Daawa tienne toujours les rênes du pouvoir, car l’homme n’est pas seul. Il jouit de l’appui de la première puissance mondiale, les Etats-Unis, et de l’imposante force régionale, l’Iran, qui refuse d’entendre parler de changement à la tête du gouvernement irakien et lui apporte un support sans faille.

Fayza Rafsandjani fille de l’ancien président iranien Hachémi Rafsandjani, vient d’être libérée de la prison d’Evin après six mois passés derrière les barreaux. Activiste politique qui soutient les droits de l’homme, elle a osé dire non aux autorités qui n’apprécient guère les critiques. Cela lui a valu des va-et-vient interminables dans les geôles du régime. Son père, un des leaders du camp réformateur, reste cependant impuissant devant l’appareil répressif à Téhéran qui ne tolère aucune dissidence, même si elle émane d’anciens compagnons de l’imam Ruhollah Khomeiny.        

Omar Hassan el-Bachir le président du Soudan dont le mandat prend fin en 2015, a assuré qu’il ne comptait plus se représenter aux prochaines élections présidentielles. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 1989, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité. Agé de 70 ans, il a promis de jeter l’éponge quand son mandat actuel arrivera à terme. Mais cette promesse n’a nullement rassuré ses opposants qui ne lui font plus confiance depuis longtemps, car le général Bachir n’est pas connu pour être un homme de parole. Des sources à Khartoum ont affirmé que si les généraux ne s’accordaient pas sur le successeur du président malade, ils pourraient lui demander de se représenter. Dans les deux cas, les autorités ne semblent nullement prêtes à organiser de vraies élections démocratiques.   

Le franc-parler de Abdallah II
Les déclarations faites par le roi Abdallah II de Jordanie à un magazine américain ont choqué les dirigeants arabes et une grande partie de la classe politique du royaume. Même si le palais a eu du mal à expliquer, au début, les vraies raisons de cette révolte royale, Abdallah a dit, en fin de compte, ce qu’il avait à dire face aux pressions insoutenables exercées par l’organisation internationale des Frères musulmans sur son régime. Ce que les médias semblent avoir manqué est le fait que le roi ait annoncé que son fils héritier au trône ne jouira d’aucun pouvoir et agira comme la reine d’Angleterre, car il comptait réformer la monarchie en place afin d’éviter à son pays un scénario à la syrienne.       
    

 

Un mufti qui n’aime pas la politique
Le nouveau mufti d’Egypte, le cheikh Shawki Ibrahim Abdel Karim, qui a réussi à battre le candidat de la Confrérie des Frères musulmans aux dernières élections, semble n’avoir aucune intention de s’impliquer dans la politique. Pour sa première apparition médiatique, il a demandé à tous les ulémas de s’abstenir de donner leur avis sur les questions courantes, ceci n’étant pas de leur ressort. Face aux craintes grandissantes de la communauté copte, il a assuré que les chrétiens faisaient partie intégrante du tissu social du pays, ajoutant: «Ce sont nos partenaires et nos frères et les musulmans ont le devoir de coopérer avec eux». Ces propos ont mis en colère les Frères musulmans et les mouvements salafistes qui ne considèrent pas les Coptes comme des citoyens à part entière et font l’impossible pour les marginaliser et les tenir à l’écart de la vie politique.             

Abou Mazen sous écoute
Selon les médias israéliens, le président palestinien Mahmoud Abbas serait espionné à longueur de journée par les services israéliens du Mossad. Ces médias prétendent que des agents israéliens ont même réussi, en 1993, à mettre Abou Mazen sur écoute dans son propre bureau, et qu’il aurait fallu plusieurs semaines aux Palestiniens pour déjouer cette opération d’espionnage de grande envergure. Au cours de cette période, il faut le rappeler, l’OLP et l’Etat hébreu entretenaient des contacts directs pour finaliser les accords d’Oslo. Ironie du sort, c’est grâce à ces écoutes que le tout-puissant Mossad aurait appris que le Premier ministre Yitzhak Rabin était engagé dans des négociations avec Yasser Arafat. Barack Obama qui vient de rendre visite à Abou Mazen à la Moukataa a sûrement tenu compte de cet épisode dans son tête-à-tête avec le chef de l’Autorité palestinienne.    

L’héritier au trône gagne du terrain
La décision du roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al Khalifa, de désigner son fils Salman vice-Premier ministre, n’est pas passée inaperçue. L’héritier du trône, considéré par l’opposition chiite comme le chef de file du camp modéré à l’intérieur de la famille royale, pourrait ainsi mettre un terme à l’immense influence du Premier ministre. Salman est, après tout, l’initiateur du dialogue national et il jouit du soutien des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, alors que le chef du gouvernement est considéré plus proche de Riyad. Les manifestants de la Place de la Perle avaient demandé le changement du Premier ministre, oncle du roi. Au cas où Hamad réussit à imposer son fils à la tête du gouvernement, il sera probable de voir la crise bahreïnie résolue par le dialogue.                

Rabat tourne la page
Les relations entre le royaume chérifien et la Mauritanie sont au plus bas depuis plus de cinquante ans. Les raisons de la discorde: le sentiment du Maroc que son voisin désertique n’est pas une entité indépendante, mais constitue plutôt une partie du territoire marocain. Or, cette discorde n’est plus d’actualité puisque Rabat a décidé de tendre la main à Nouakchott, ce qui expliquerait la visite faite par le ministre des Affaires étrangères, Saadeddine el-Othmani au Pays d’un million de poètes. Un passage historique puisque Othmani a inauguré le nouveau bâtiment qui devra accueillir la mission diplomatique marocaine. Avant l’avènement du gouvernement islamique à Rabat, il était hors de question d’imaginer que les deux voisins pourraient établir des relations diplomatiques normales. Mais vu les tensions grandissantes avec Alger et la crise au Mali, le royaume a écouté les conseils français sur la nécessité de normaliser les relations entre Rabat et les pays du Maghreb arabe. Verra-t-on bientôt un scénario pareil avec l’Algérie? Telle est la question.          

Ça commence mal
Le processus de dialogue national au Yémen, qui vient d’être lancé en grande pompe, ne semble pas sur la bonne voie. Au cours de la séance inaugurale, le président par intérim, Abed Rabbo Mansour Hadi, a menacé les participants de les chasser de la salle s’ils continuaient à protester contre l’agenda imposé par la présidence. De plus, Hadi n’a pas réagi quand les représentants des provinces sud se sont retirés, assurant que leur présence ou leur absence n’avait aucune importance. Pire encore, le Premier ministre Mohammad Salem Basindwa avait lui aussi boudé la réunion, alors que le mouvement houthiste n’était même pas représenté. Seul, le président semble obéir aux exigences des pays du Golfe plutôt qu’aux aspirations de son peuple. Dans ces conditions, est-il vraiment possible de parler de dialogue et de réconciliation nationale?        

70000 mille soldats égyptiens auraient été «froidement assassinés par Abdel Nasser». C’est du moins ce qu’assure le docteur Issam el-Aryan, vice-président du parti Liberté et Justice, considéré comme le chef de file des faucons au sein de la confrérie. Sur son compte Facebook, il a accusé l’ancien raïs d’être un meurtrier du fait des guerres qu’il a menées au Yémen et au Sinaï. Drôle d’analyse, l’écrasante majorité de ces soldats ayant été tués pendant les deux guerres de 1956 et 1967 contre l’Etat hébreu, qui avait pris la décision d’attaquer l’Egypte. 43 ans après sa mort, Abdel Nasser est toujours la bête noire de l’organisation des Frères musulmans, dont les leaders lui en veulent pour les avoir privés du pouvoir après sa révolution de 1952. Mais vu la façon avec laquelle le président Mohammad Morsi et son Premier ministre gouvernent le Pays des Pharaons, il aurait été peu probable de voir l’organisation de Hassan el-Banna se maintenir au pouvoir pendant plus de soixante ans.    

233 milliards de dollars est le montant de l’aide financière apportée par Washington à Tel-Aviv au cours des soixante dernières années. L’Etat hébreu a ainsi reçu, dès le début des années 50, une aide financière et militaire dont le montant a doublé après les accords de paix signés en 1979 à Camp David. Mais depuis le début du XXIe siècle, Tel-Aviv semblait plus intéressé par l’aspect militaire de cette assistance, ce qui expliquerait la demande présentée à l’ancien président George Bush d’augmenter le soutien américain en armes. Requête exaucée sur-le-champ et maintenue sous l’Administration Obama. Alors que les amis d’Israël à Washington accusent le président actuel d’être en froid avec son allié stratégique, le vice-président, Joe Biden, a révélé qu’une demande a été adressée au Congrès pour transférer en urgence plus de trois milliards de dollars à l’Etat hébreu. L’Oncle Joe n’a pas manqué de préciser que ceci représentait un chiffre record dans l’histoire des deux pays.             

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