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Nº 2891 du vendredi 5 avril 2013

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Alain Aoun, député de Baabda. «L’arrogance de Joumblatt est inacceptable»

Pour le député Alain Aoun, membre du Bloc du Changement et de la Réforme, il n’existe pas de neutralité au Liban. La loi électorale de 1960 convient au député Walid Joumblatt qui la soutient, ajoutant que certains cherchent à marginaliser les chrétiens. Interview.

Qu’en est-il du conflit qui oppose le président Nabih Berry au général Michel Aoun concernant une séance parlementaire consacrée au projet de loi orthodoxe?
Parler de conflit est exagéré. Il existe des divergences de vues concernant les conditions d’une convocation de l’Assemblée générale. Dans le fond, il s’agit des circonstances et de méthode. Le sujet entre dans ce cadre et c’est ce que le général a tenté de résoudre dans les discussions qui ont eu lieu.

Pour quelle raison la rencontre des personnes réunies à Rabié avec le président Nabih Berry n’a pas eu lieu?
Des contacts sont établis avec les assistants du président Berry. Certains ont eu lieu lundi et se sont poursuivis durant les deux jours suivants. Ce n’est que par la discussion que les différends peuvent être résolus.
 
Le général Aoun, selon ce qui a été rapporté, lie son accord au retour du président Najib Mikati au Sérail à celui des ministres de l’Energie et des Télécommunications. Qu’y a-t-il de vrai?
Nous n’acceptons pas les conditions préalables telles que celles que nous avons entendues portant sur des veto, ni toute autre condition avant les concertations préalables à la formation du gouvernement. Rien n’est interdit et rien n’est demandé à l’avance. Toutefois, les propos du général étaient en réponse aux intentions cachées qui touchent le Bloc du Changement et de la Réforme.

Le député Walid Joumblatt a opposé un veto clair à la remise des trésors du Liban aux aounistes…
Ces propos sont rejetés. On ne construit pas une nation avec de l’arrogance et des vexations. Je ne pense pas que cela nous rapproche des composantes qui parlent ainsi. C’est comme s’il était interdit aux chrétiens d’être aux postes de responsabilité et garants de ce pays, alors que d’autres cherchent à les marginaliser et à leur spolier leur rôle. Nous voulons équilibrer l’équation libanaise. Il est normal que ceux qui profitent de cette faiblesse des chrétiens refusent leur présence, autrement que symbolique, à n’importe quel poste.

Pensez-vous que Walid Joumblatt puisse faire pencher la balance dans la désignation du chef de l’Exécutif et dans la formation du gouvernement?
Si les alignements demeurent ce qu’ils sont, il est celui qui profite sur le plan du nombre. Mais je pense que les éventualités sont beaucoup plus ouvertes qu’il n’y paraît. Le changement peut survenir à tout instant. Je crois que les jours ou le mois prochains changeront la nature du jeu politique au Liban.

Comment avez-vous perçu le fait que les membres du bloc de Walid Joumblatt aient présenté leurs candidatures sur la base de la loi de 1960?
Ceci était prévisible de la part d’un bloc qui, depuis le début, n’a pas caché son appui à la loi de 1960 dont il tire profit. Si le bloc du député Joumblatt avait montré de l’enthousiasme à changer la loi électorale, on aurait pu dire qu’il était impossible de refuser cette option. Mais lorsque nous savons que ce bloc s’est opposé à toutes les lois et à toutes les propositions qui auraient amélioré la représentativité chrétienne, ainsi qu’à une séance parlementaire pour voter la loi orthodoxe, qui a perdu son caractère consensuel en l’absence des représentants druzes et sunnites, on ne peut pas s’étonner qu’ils aillent aux élections sur la base de la loi de 1960.

Les comptes rendus publiés par le quotidien al Jamhouria des réunions de la sous-Commission chargée de l’étude de la loi électorale sont-ils fidèles?
Je n’ai pas pris connaissance des détails, je les ai lus en diagonale. Mais ce qui a été publié est un résumé et il faudrait les comparer aux comptes rendus officiels pour savoir combien ils sont objectifs.

Etes-vous toujours convaincus du soutien du parti Kataëb et des Forces libanaises au projet de la loi orthodoxe?
Je ne réponds à la place de personne. Je pense qu’à l’heure des échéances, nous pourrons savoir combien les actes correspondent aux paroles.

Où en sont les contacts avec le président Berry concernant la convocation à une séance parlementaire et pourquoi ne le fait-il pas?
Comme je vous l’ai dit, les contacts sont permanents, mais il existe une évaluation différente des conditions de la convocation que nous étudions afin d’arriver à une conviction commune.

Comment concevez-vous, en tant que Courant patriotique libre, le futur gouvernement? Le préférez-vous neutre ou politique?
Je ne crois pas à la neutralité au Liban. Il pourrait être neutre mais nous savons qu’il sera nommé par les forces politiques. Ce qui nous intéresse c’est que ce soit un gouvernement chargé des élections, car nous ne voulons pas de prorogation mais des élections à la date prévue ou, au pire, une prorogation technique.

Que pensez-vous de la demande du Dr Samir Geagea portant sur l’engagement dans la déclaration de Baabda en préalable à tout dialogue. Etes-vous d’ailleurs favorables au dialogue?
Nous ne sommes certainement pas opposés au dialogue en tant que cadre permettant de détendre le climat et d’assurer les liens entre les Libanais. Mais aujourd’hui, je pense que ce sur quoi les Libanais sont d’accord doit rester en vigueur.

On dit que le ministre Waël Abou Faour, qui s’est rendu à Riyad, pour s’entretenir avec Saad Hariri, est revenu porteur du nom du prochain chef du gouvernement. Qu’en dites-vous?
J’en ai entendu parler, mais ceci reste tributaire d’une prise de position officielle. Il est évident que celui qui obtiendra un maximum de votes sera désigné.

Les noms de plusieurs personnalités sont suggérés: Tammam Salam, Khaled Kabbani, Adnan Kassar, duquel vous sentez-vous les plus proches?
Je ne veux pas entrer dans les noms. Il ne s’agit pas de personnes mais d’orientation. Il faut savoir s’il s’agit d’un gouvernement pour superviser les élections ou non. La personnalité du chef du gouvernement est une indication de la prochaine étape.

Il est question de divergences entre les composantes du 8 mars, est-il possible que vous demandiez le report des concertations parlementaires en attendant un accord sur votre candidat?
Les choses se précipitent et je ne peux pas dire avec certitude si nous allons vers une demande de report des élections. Il nous reste quelques heures que nous mettrons à profit pour livrer un nom. Si nous nous retrouvons au pied du mur, le report deviendra inévitable.

Si vous êtes mis devant une prolongation du mandat du Parlement ou des élections sur la base de la loi de 1960, que choisiriez-vous?
Nous sommes devant l’option d’élections sur la base d’une nouvelle loi. Si les partis chrétiens du 14 mars sont sincères en ce qui concerne un changement de la loi électorale, il est possible d’y arriver et d’organiser des élections.

Propos recueillis par Saad Elias

 


 

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