Magazine Le Mensuel

Nº 2899 du vendredi 31 mai 2013

Confidences Moyen-Orient

Confidences Moyen-Orient

Ambassade sous siège
Les relations entre le royaume hachémite et son voisin irakien connaissent des hauts et des bas incessants depuis la chute du régime baasiste en 2003. Alors que le roi Abdallah tente de rester en bons termes avec le Premier ministre irakien, Nouri el-Maliki, malgré le soutien de ce dernier au régime de Bachar el-Assad, un incident est venu compliquer une situation déjà très tendue. Ainsi, au cours d’une conférence organisée par l’ambassade d’Irak à Amman, des participants ont scandé haut et fort le nom de Saddam Hussein, provoquant la colère des diplomates qui s’en sont pris aux protestataires, les frappant violemment. En réponse, un sit-in quotidien est organisé depuis lors devant l’ambassade, exigeant le départ de l’ambassadeur.

La tentation de la sécession
Des dizaines de milliers de personnes ont occupé les places d’Aden au Yémen pour commémorer le 23e anniversaire de l’unification du pays. Mais la foule a brandi le drapeau sudiste et a scandé des slogans appelant à l’indépendance des provinces qui formaient la République démocratique du Sud Yémen, en 1986. Des analystes ont souligné que l’ancien président Ali Salem el-Beidh, en exil à Beyrouth, était la figure de proue de cette grande manifestation. Ses portraits étaient partout et les protestataires ne scandaient que son nom. Le gouvernement central de Sanaa faisait semblant de ne rien entendre, qualifiant les manifestants d’agents manipulés par l’extérieur.                     

Khayrat el-Chater le responsable très controversé du Mouvement des Frères musulmans égyptien a encore une fois fait parler de lui lors de la visite au Caire de l’ancien Premier ministre malaisien Mahatir Mohammad. La personnalité à l’origine de la montée du Tigre asiatique a passé trois jours dans sa chambre d’hôtel. Il n’en est sorti qu’accompagné de Chater, vice-président des Ikhwan, pour rencontrer le président Mohammad Morsi et son Premier ministre Hicham Kandil, sans oublier le guide de la Confrérie, Mohammad Badih. L’opposition qui espérait s’entretenir avec ce visiteur hors norme s’est vu interdire tout accès, car Chater a lui-même planifié la visite de A à Z. Par conséquent, Amr Moussa et Mohammad el-Baradei n’ont pu rencontrer l’ancien Premier ministre qui, à son tour, a perdu une occasion de connaître le Pays des Pharaons tel qu’il est vraiment.

Amina la jeune Tunisienne bête noire des salafistes, vient de défier encore une fois ses détracteurs en se déshabillant dans la ville d’al- Kairouan, considérée comme le bastion des jihadistes. La jeune femme a trouvé une occasion en or, puisque le mouvement Ansar al-Charia avait appelé le même jour à un large rassemblement dans la ville. La police et l’armée, qui avaient réussi à les empêcher de tenir leur réunion comme prévu, avaient aussi arrêté Amina Tyler pendant quelques heures pour atteinte à la pudeur et aux mœurs. Mais la jeune femme n’est nullement découragée et reste déterminée à faire face, seule et à sa façon, à ceux qui veulent plonger la Tunisie dans le Moyen Age.          

En pointillé…
Les semaines passent et les Algériens n’ont toujours pas de nouvelles officielles sur l’état de santé de leur président Abdel-Aziz Bouteflika, hospitalisé en France depuis près de deux mois. Seule certitude, le septuagénaire n’est plus traité à l’Hôpital militaire de Val-de-Grâce mais dans un autre établissement parisien, et son état reste grave. Entre-temps, les quelques journaux algériens qui ont osé aborder le sujet ont vu leurs publications confisquées et interdits de circulation. Or, l’article 88 de la Constitution stipule clairement que dans le cas où le chef de l’Etat n’est plus en mesure d’exercer ses fonctions, ses pouvoirs doivent être transmis au président du Parlement. Bizarrement, la rue algérienne, elle, reste complètement indifférente à l’absence de Bouteflika. Est-ce le désespoir ou la résignation?          
    
Les dernières heures de Moubarak
Le dernier Premier ministre de l’ancien président égyptien, Hosni Moubarak, le général Ahmad Chafik, a révélé dans une entrevue accordée à un journal saoudien les secrets des dernières heures du règne du raïs. Selon lui, l’ancien président voulait nommer le ministre de la Défense, Hussein Tantawi, au poste de vice-président, et non Omar Sleiman. Mais à la surprise générale, le Muchir a catégoriquement refusé cette promotion, en insistant à ce que l’armée reste neutre dans la révolution qui prenait de plus en plus d’ampleur. Face à cet affront, Moubarak aurait lancé: «Hussein, où sont-ils donc passés tes hommes forts qui devaient me protéger?» Chafik a aussi révélé que c’est sous la pression du ministre de la Défense que le raïs a demandé à Omar Sleiman d’annoncer son départ du pouvoir, exigeant juste que ses collaborateurs ne le fassent pas avant le décollage de son hélicoptère pour Charm el-Cheikh.  

Les sadristes plus discrets que le Hezbollah
Depuis quelques mois, le mouvement chiite irakien présidé par Moktada el-Sadr envoie ses hommes combattre en Syrie aux côtés des forces du président Bachar el-Assad. Le nombre exact de ces combattants n’est pas connu, mais la présence des miliciens irakiens avait été remarquée au début de l’hiver autour du mausolée de Sayeda Zeinab, dans la banlieue- sud de Damas. A la suite des combats acharnés dans la région de Qoussair, les hommes de Moktada el-Sadr ont rejoint ceux du Hezbollah pour épauler l’armée régulière en difficulté. Ce qui a dévoilé cette implication demeurée secrète jusqu’à récemment, a été le grand nombre de morts dans les rangs du mouvement sadriste et des Asaïb Ahlul Hakk. Chaque semaine, des funérailles sont organisées en grande pompe à Bassora et Bagdad pour célébrer la «mort victorieuse» au cri de «Zeinab, on vous défendra».     

Dissension familiale au Qatar
Les réseaux sociaux ont été choqués d’apprendre que Hind, la fille de l’émir du Qatar, Hamad Ben Khalifa Al Thani, aurait critiqué sévèrement sur son compte Twitter la politique de son père dans le conflit syrien. Pendant que les proches du régime syrien savouraient la nouvelle, il s’est avéré que la jeune fille, également directrice du bureau de son père, n’a même pas un compte sur Twitter. Pire encore, depuis son mariage à un richissime homme d’affaires qatari, Hind a préféré s’éclipser pour respecter les traditions de sa nouvelle famille très conservatrice. En fin de compte, la nouvelle, qui a fait l’effet d’une bombe, selon les médias proches de Damas, n’était qu’une intox visant à se venger du pire ennemi de Bachar el-Assad, l’émir Hamad. Dire que quelques années auparavant, le président syrien et son épouse passaient leurs vacances à Doha.     

Une lutte oubliée
A l’occasion de sa visite à Londres, le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al Khalifa, a prononcé un discours en l’honneur de son hôte la reine d’Angleterre Elizabeth II, dans lequel il s’est lamenté sur la fin du mandat britannique sur l’île du Bahreïn. «Nous avons signé notre premier accord d’amitié en 1820. Il aura fallu attendre jusqu’en 1971 pour voir le Royaume-Uni se retirer de la région. Mais cela n’a rien changé puisque, quoi qu’il arrive, nos liens stratégiques ne seront nullement affectés». Face à ce discours pour le moins choquant, l’opposition a rappelé au monarque que le peuple bahreïni a mené une lutte pendant 50 ans pour obtenir l’indépendance du pays. A noter que le bal, organisé à l’occasion du tournoi équestre de Windsor, a été perturbé par un activiste bahreïni qui a réussi à passer entre les filets de la sécurité pour scander «A bas Hamad le dictateur, le tueur et le bourreau».

Fayyad n’en peut plus
Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qui avait présenté sa démission il y a plusieurs semaines au président Mahmoud Abbas, n’a toujours pas été remplacé à son poste. L’ancien homme fort à Ramallah avait fini par jeter l’éponge, son bras de fer avec le mouvement Fateh ayant rendu sa position insupportable. Seul problème, Abbas avait promis de former un gouvernement d’union nationale, ce qui n’est plus d’actualité car la scission avec le Hamas s’élargit de jour en jour. Mais Fayyad ne veut rien entendre. Il espère reprendre ses anciennes activités économiques aux Etats-Unis et dans les pays du Golfe. Le mouvement Hamas, quant à lui, préfère pratiquer la politique de l’autruche puisque, selon les hommes de Khaled Mechaal, il existe un seul gouvernement palestinien, celui qui est présidé par Ismaïl Haniyeh à Gaza.

9 millions de barils de pétrole par jour seront produits par l’Irak d’ici 2017. Selon le ministère en charge du dossier, le pays produit aujourd’hui près de 2,6 millions de barils/jour, ce qui reste en deçà des prévisions du gouvernement présidé par le Premier ministre Nouri el-Maliki. Face aux critiques adressées au régime actuel, accusé de ne pas venir en aide aux plus démunis, le porte-parole du ministère du Pétrole se défend en accusant les terroristes d’être la cause de cette situation. Selon lui, chaque jour, des attaques sont menées contre les gisements pétroliers par des groupes proches d’al-Qaïda. Bagdad pointe aussi du doigt la province semi-indépendante du Kurdistan puisque, selon le gouvernement fédéral, «Erbil vole» quotidiennement 250000 barils exportés vers la Turquie. Or, les Américains avaient promis en 2003 de rétablir la production de l’or noir au niveau de 2002 en un temps record.            

2,1 milliards de dollars est la valeur du contrat d’armes signé à l’occasion du passage du secrétaire d’Etat américain John Kerry à Mascate. L’homme fort du deuxième mandat du président Barack Obama a choisi de visiter le sultanat d’Oman en vue de convaincre le sultan Qaboos Ben Saïd qui est non seulement monarque du pays mais aussi ministre de la Défense et chef de la diplomatie, de donner son feu vert pour la signature de l’accord tant convoité. C’est chose faite, le sultanat devra recevoir 12 nouveaux avions F16 modifiés, en plus d’un système de défense antimissile ultra-sophistiqué. Pour les Omanais, cette visite était l’occasion de s’assurer que leur sultan était toujours en bonne santé, ses apparitions publiques se faisant de plus en plus rares. Qaboos, qui a toujours été très mystérieux, ne participe plus depuis de nombreuses années aux sommets arabes, ni même à ceux du Conseil de Coopération du Golfe. Kerry en a également profité pour demander la médiation de Mascate auprès de Téhéran pour la libération de deux citoyens américains d’origine iranienne accusés d’espionnage.        

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