Magazine Le Mensuel

Nº 2900 du vendredi 7 juin 2013

general

Electricité du Liban. De revendeur à demandeur

Dans les années 70, l’Electricité du Liban (EDL) fournissait assez d’énergie pour pouvoir en revendre à la Syrie. Les années de guerre en ont fait un secteur déficitaire et défaillant, qui coûte au Trésor des milliards de livres libanaises chaque année.

Le 14 mars 1972, un accord est conclu entre le Liban et la Syrie aux termes duquel l’EDL vendra de l’électricité à la Syrie dont la fourniture se fera à travers une station-relais installée à Anjar.
En octobre 1972, les travaux sont lancés pour installer les équipements nécessaires. Le 3 novembre 1972, ils sont terminés. La station de Anjar est reliée à la frontière entre les deux pays. Le 6 novembre, Damas est éclairée, l’EDL avait commencé à fournir de l’énergie suffisante pour alimenter la capitale syrienne et sa banlieue pour trois ans. Au bout desquels la Syrie profitera de la mise en service de la centrale électrique sur le barrage de l’Euphrate.
En 1972, le Liban fournit à la Syrie 20 000 KW d’énergie, en 1973, il lui assure 30 000 KW et 40 000 KW en 1974.
En 1975, la situation change, la guerre se profile au Liban et l’EDL fait les frais exorbitants des destructions des stations de distribution, du vol de courant, de l’impossibilité de percevoir le prix de l’électricité fournie. Le déficit s’accumule d’année en année. L’absence d’un plan futur a contribué à la baisse de production tant et si bien que c’est le Liban, après les années de guerre, qui achète de l’énergie électrique à la Syrie.
L’Electricité du Liban (EDL), créée en juillet 1964, contrôlait 90% de la production, du transport et de la distribution d’électricité du pays. Elle dispose de sept centrales thermiques et de plusieurs petites unités de production hydraulique. Cependant, les problèmes techniques sont nombreux. Les centrales thermiques ne peuvent pas fournir leur totale production, supérieure à 2 000 MW. La puissance utilisable n’est de l’ordre que de 1 500 à 1 800 MW, alors que la demande de consommation ne cesse d’augmenter. C’est alors qu’arrivent les fréquentes coupures de courant dans toutes les régions plusieurs heures par jour. L’EDL se trouve impuissante à répondre aux besoins.
 

Augmenter la production
En 2010, le ministre Gebran Bassil établit un plan susceptible de rétablir le courant 24 heures sur 24 au Liban à l’horizon 2014, moyennant des investissements de 4 870 millions de dollars. La capacité de production totale est portée à 4 000 mégawatts en 2014 et 5 000 MW après 2015, contre une capacité disponible réelle de 1 685 MW en 2010.
Le plan ainsi établi par le ministre Bassil s’étale sur trois phases: à court terme (2010-2012), à moyen (2012-2014) et à long terme (2015 et au-delà). Il prévoit de réhabiliter les centrales existantes et propose la construction de nouvelles unités de production de 600-700 MW au total pour compenser le manque d’énergie disponible. Le coût de la construction de ces unités s’élevait à 750-850 millions de dollars et devait être assuré par l’Etat. Pourtant, la situation politique que connaît le Liban, les tiraillements entre opposants et loyalistes et l’absence de vote des budgets au cours des dernières années ont eu un effet négatif sur l’amélioration de l’état de l’électricité.
Le Liban a eu recours, récemment, à la centrale électrique flottante turque Fatmagül Sultan, mise en service le 4 avril 2013 pouvant fournir quelque 188 mégawatts censés améliorer la distribution du courant aux abonnés. Cependant, en raison d’un problème de carburant, le navire a été mis à l’arrêt. La responsabilité est rejetée sur le groupe Karadeniz Holding à qui appartient le navire. L’Electricité du Liban affirme qu’un échantillon du carburant a été envoyé au laboratoire international Viswa Lab, et que les résultats ont révélé que le carburant fourni par le Liban était conforme aux critères. Entre-temps, l’électricité reste défaillante dans tout le pays. 

Arlette Kassas
 

Lignes et postes
L’EDL exploite un réseau de transport de 1 600 km de lignes à 66, 150 et 220 kV et dispose de 58 postes de transformation. Elle exploite plus de 15 000 postes de distribution.

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