Magazine Le Mensuel

Nº 2900 du vendredi 7 juin 2013

Spectacle

Georges Schéhadé, hors texte. L’Alba crée ses Etincelles

Le rendez-vous se renouvelle entre le public et les étudiants de 2e année de l’Alba de l’atelier Espace et Communication. Etincelles, Georges Schéhadé, hors texte est le titre du spectacle qu’ils ont présenté le samedi 1er juin au palais de Beiteddine.

Enfin, les étudiants en deuxième année de l’Alba, des sections Arts graphiques et publicité, Architecture intérieure et Design, ceux de l’atelier Espace et Communication vont pouvoir donner à voir au public le fruit de leur travail. Un spectacle qu’ils ont concocté, qu’ils ont imaginé, qu’ils ont réalisé, encadrés par certains de leurs professeurs, Pierre Hage-Boutros et Danielle Kattar en tête. Cela fait des mois qu’ils se penchent sur le spectacle de fin d’année, le spectacle de l’année d’une certaine manière, qui était généralement présenté dans les ruines de Baalbeck, mais qui cette année l’a été au palais de Beiteddine.
Etincelles, Georges Schéhadé, hors texte. «Nous avons pris comme point de départ de notre travail le titre du premier recueil de poèmes de Georges Schéhadé, Etincelles (1924). Puis au fur et à mesure que son œuvre nous est devenue plus familière, nous nous en sommes servis d’extraits que nous avons traités hors contexte comme lui-même l’avait fait dans son Anthologie du vers unique: mettre les uns après les autres des fragments appartenant à différents poètes qui ne seront pas cités. La question à laquelle s’est attelé l’atelier Espace et Communication a donc été: comment, à partir de ces fragments collectés, organiser des rencontres de manière à ce que se produise l’étincelle dont parle André Breton dans son Manifeste du surréalisme? «C’est de ce rapprochement en quelque sorte fortuit de deux termes qu’a jailli une lumière particulière, lumière de l’image, à laquelle nous nous montrons infiniment sensibles. La valeur de l’image dépend de la beauté de l’étincelle obtenue; elle est fonction en quelque sorte de la différence de potentiel entre les deux conducteurs».
Dans la cour intérieure du palais de Beiteddine, une centaine d’étudiants environ, tous habillés de noir, défilent sur scène pour un premier salut impressionnant. On dirait une armée imposante qui se prépare. Les étudiants portent comme un chapeau des sortes de miroirs réfléchissants qui attirent et rejettent tour à tour la lumière. La lumière tantôt embrasée et chaude, comme venue des enfers, tantôt écarlate et luisante, comme descendue du ciel.

Le spectacle commence. La cour est plongée dans le noir, pour mieux exacerber chaque jeu de lumière. Les tableaux se succèdent, certains ne nécessitant qu’une seule personne, qu’un seul «acteur», d’autres plusieurs ou même tous. Le spectateur lambda est submergé par l’impression d’assister à de l’art expérimental. Mais qu’importe les classifications, un hommage est rendu à Georges Schéhadé, par la force des formes, des couleurs, des mouvements, des matériaux, des éclairages, des sons, de la musique, des concepts rendus vivants, des idées matérialisées. Certains tableaux détonnent tellement, se démarquent des autres, à l’instar de La Stèle pour Nadia T…; tableau au cours duquel le visage ou des traits du visage de la poétesse apparaissent face au regard du public, subtilement, l’espace d’un instant, avant de disparaître pour réapparaître encore… A travers Etincelles, Georges Schéhadé, hors texte, les étudiants de l’Alba semblent s’être donnés à cœur joie, à imaginer, à créer, à innover, à mettre en pratique, à mettre en art leurs acquis pédagogiques. Et le public a le regard rivé sur la scène.

Nayla Rached
 

Histoire d’une tradition
Ce travail collectif des étudiants perpétue une tradition commencée par Jackie Dardaud-Achkar en 1987, vaillamment maintenue par le doyen Georges Haddad et poursuivie par le doyen André Bekhazi. Le spectacle, qui fait partie du cursus de l’année, a été conçu de manière à faire prendre conscience à l’étudiant du parcours et des acquis réalisés durant ces deux années, que ce soit au niveau de l’espace, de la lumière, de la couleur, du volume ou de leur interaction.

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